Dans son dernier court-métrage Olive publié sur sa chaine YouTube, Maud Bettina-Marie raconte l’histoire d’une femme qui a fait une fausse couche et a du mal à « passer à autre chose », comme la presse son entourage.
En alternant les séquences et les temporalités — chez la psy, à la piscine, dans le cabinet d’échographie—, la comédienne et autrice met avec justesse des mots et des images sur le deuil que doive accomplir de nombreuses femmes confrontées à la douloureuse épreuve de la fausse couche.
La fausse couche concerne une femme sur dix, mais on la montre peu à l’écran
Dans les séries et les films, la fausse couche est souvent utilisée comme un rebond scénaristique, mais il existe peu d’œuvres de fiction qui sont centrées sur ce sujet et le traite en profondeur. Pourtant, énormément de femmes sont concernées… Selon une étude publiée en avril dernier dans The Lancet, une femme sur dix fait une fausse couche. Au total, 23 millions de fausses couches se produisent chaque année dans le monde, soit environ 15% du total des grossesses.
Dans Olive (un titre inspiré par le surnom qu’elle donne à son bébé qui ne naîtra jamais, car il avait « la taille d’une olive »
), le personnage incarné par Maud Bettina-Marie se coupe d’abord de ses émotions.
Les petites phrases maladroites de son entourage « la nature est bien faite », « tu es jeune, vous en ferez un autre », « ce n’était pas un bébé, tu sais » l’empêchent d’accepter sa tristesse, sa colère et son sentiment d’injustice.
Comment passer à autre chose si l’on ne s’autorise pas à exprimer ce que l’on ressent ? Comme le dit l’héroïne du court-métrage, « comment faire le deuil de quelqu’un qu’on n’a pas vraiment connu ? »
https://www.youtube.com/watch?v=l-gCaKoJi08&t=585s
Mieux comprendre l’épreuve que peut représenter une fausse couche
Ce court-métrage qui fait partie du projet Family de Maud Bettina-Marie comporte plusieurs scènes vraiment très réussies, en particulier celle dans le cabinet d’échographie, au moment où on leur annonce qu’il n’y a plus de battement cardiaque. Mais aussi celle de la piscine où Maud Bettina-Marie débarque en plein milieu d’un cours d’aquagym pour femmes enceintes et se retrouve entourée de ventres ronds alors que le sien est vide.
Seul petit regret ? Le choix fait de ne pas montrer visuellement la réalité physique d’une fausse couche : l’hémorragie, la douleur abdominale, etc. Même si l’héroïne mentionne quand même que sa fausse couche n’était pas comme de « grosses règles », contrairement à ce que lui avait annoncé la gynéco : « J’ai perdu tellement de sang que j’ai perdu connaissance ».
Ce bémol mis à part, le court-métrage de douze minutes est vraiment réussi, et il devrait être regardé par tout le monde — même celles et ceux qui n’ont pas connu l’épreuve de la fausse couche — afin de mieux comprendre ce que l’on peut ressentir à ce moment-là.
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