Après la déception engendrée par Lone Ranger (j’ai cru en toi jusqu’à la dernière seconde pourtant… malgré les cabotinages de Johnny Depp et les mauvaises critiques), rien de tel que de se replonger dans son petit Far West personnel pour panser les plaies qu’engendrent les navets (le cheval était sans doute le plus charismatique des personnages dans cet étron hollywoodien).
Mesdames et messieurs, bienvenue dans mon Far West, exposition permanente et ouverte à tout venant ! Vous pouvez même me décrire votre Far West en commentaire, ce sera bien cool !
Johnny, c’est fini entre nous… Non, ne me fais pas ces yeux-là… avec ton mascara, tu as rendu mon adolescence plus humide mais là, c’est plus possible.
Mon Far West est classique
Il oscille entre Ford et Leone, Clint et Wayne, et passe de l’indien blanc aux yeux bleus au cowboy latino crado poilu, des décors en carton-pâte aux plaines européennes du western spaghetti. Il fait des blagues pas drôles sur ceux qui boivent trop, il te tend une embuscade entre deux canyons, son foulard est tout propre après une fusillade mais ses yeux clairs sont fatigués des horreurs qu’il a vues. Il sauve la veuve et l’orpheline pour les retrouver des années après en maison close, il est joyeux et stupide mais laisse poindre un tantinet d’amertume…
Et puis, il a pas l’air très heureux.
Il se décline par trois comme le train qui siffle, Bon, Brute et Truand, trilogie du dollar, trilogie de… la cavalerie (Le Massacre de Fort Appache, La Charge Héroïque — mon préféré, et je ne saurai pas expliquer pourquoi — et Rio Grande).
Si je préfère La Charge Héroïque, ça doit être pour cette scène toute mimi de John Wayne qui sort ses petites lunettes.
Il fait des retours inattendus qui ne durent pas (True Grit, Rango, Deadwood, Appaloosa, Hell on Wheels) : peut-être qu’il n’est jamais complètement parti, en fait ? Mais il est trop codifié, parodié pour être tout à fait sérieux. Quoi que… le désespoir et l’alcool lui octroient parfois un tantinet d’autodérision !
Tu vas mourir, lol !
Mon Far West est plein de femmes
De prisonnières du désert en captives aux yeux clairs, je me désespérais de trouver des personnages féminins d’ampleur dans mes western politiquement discutables (pendant longtemps, j’ai été incapable de m’identifier aux hommes), et puis j’ai trouvé Mattie Ross de True Grit (la version des frères Coen est à tomber).
Le personnage le plus badass n’est pas celui qu’on croit (et n’a pas le nom de son interprète sur l’affiche…)
Sans oublier Emma et Vienna dans Johnny Guitare :
Y avait aussi docteur Quinn et Laura Ingalls mais elles portaient pas de flingue (même si la première était nettement plus cool que la seconde). Et je garde énormément d’affections pour les nanars (assez sexistes) Bandidas ou Les Pétroleuses parce que Brigitte Bardot, Claudia Cardinale, Penelope Cruz et Salma Hayek en cowboy, c’est quand même cool ! Je jouais à être elles quand j’étais petite… sauf que dans mes aventures, je n’avais jamais besoin de mettre des dessous affriolants pour arriver à mes fins.
Y a aussi Belles de L’Ouest : les héroïnes sont des prostituées mais c’est quand même moins racoleur que les deux nanars précédemment cités. Pas le western du siècle, mais pas si mal.
Sans oublier Calamity Jane, la légendaire, qu’elle se mette à chanter comme une greluche sous les traits de Doris Day ou qu’elle ait le charme d’une héroïne rousse au visage pâle dans un dessin animé (français), sexy comme Jane Russell ou même Robin Weigert dans Deadwood, ou qu’elle soit l’hommasse qui accompagne Lucky Luke : Calamity Jane a TOUJOURS la classe.
Doris Day en Calamity Jane qui fait des claquettes : swag
https://www.youtube.com/watch?v=6Lzr3ZCi7pw
Le générique du dessin animé en sale qualité mais quand même : swag !
Calamity Jane, Jane Russell dans The Paleface et Robin Weigert dans Deadwood
Jane n’était pas la seule femme légende de l’Ouest : on a aussi Annie Oakley, Belle Starr… mais je ne me suis pas encore penchée sur ces figures là, ça va venir ! Une petite dizaine de films sont adaptés de leurs vies respectives.
Mon Far West est sexy
Car parfois, le cowboy est tendre et… homo : Doc Hollyday et Wyatt Earp, Butch Cassidy et le Kid, Heath Ledger et Jake Gyllenhaal dans Le secret de Brokeback Mountain… Et surtout Monty Clift et John Ireland dans La Rivière Rouge :
Oh oui vas-y, continue, un petit peu à gauche… yeah…
Et même s’il est crasseux, le cowboy est sexy pour sûr, et je ne parle pas des cowgirls ! Clint Eastwood, Viggo Mortensen, les Sept Mercenaires (Yul Brynneeeer)…
Et même quand l’Ouest se déplace dans la Mandchourie, y a encore à manger avec Byung-Hun Lee dans Le Bon, la Brute et le Cinglé.
Mon Far West retourne vers le futur
Nom de Zeus ! Je ne parle pas de l’épisode de Doctor Who, mais du troisième Retour vers le Futur, qui n’est pas mon préféré (enfin, c’était mon préféré quand j’étais petite mais maintenant je préfère le 2) et qui conserve quelques points inexplicables (comment se fait-il que les ancêtres de Marty ressemblent à lui et à sa mère ? Doit y avoir des trucs consanguins pas nets chez les McFly).
Doc a le rythme dans la peau
N’empêche, Retour vers le Futur, c’est ton enfance, c’est mon enfance, c’est aussi l’enfance d’Obama je suis sûre (ou son adolescence… mais on s’en fiche) et ça, c’est une preuve indéniable de qualité.
Ce jour-là, Obama a gagné 500 points de charisme.
Mon Far West est Japanime
Si Les Sept Mercenaires s’inspire des Sept Samouraïs, c’est un prêté pour un rendu car des anime qui piquent quelques petits trucs au western, il y en a une tripotée.
Je vais citer mes trois préférés pour le coup !
- Gun Frontier, où Albator se déguise en cowboy et c’est le petit moche dont personne se rappelle jamais le nom (TOSHIROOO) qui est le vrai héros.
- Trigun, ou comment être badass en essayant de ne jamais tuer personne, en s’appelant comme un bovidé (Vash the Stampede, à prononcer « VACHE ze stampide ») et en étant poursuivi par les deux agents d’assurance les plus ultimement badass qui soient, Meryl Strife et Milly Thompson.
- Cowboy Bebop ; l’espace y est un Ouest Sauvage Sauvage où les personnages les plus charismatiques de l’univers s’entrecroisent le temps d’une mission de chasseur de prime sur de la musique qui gère sa maman.
Trigun, Gun Frontier, Cowboy Bebop
Mon Far West se décline sur papier
Après les Lucky Luke, Cotton Kid et autres Yakari que je dévorais sur place à la bibliothèque pour pouvoir emprunter d’autres bouquins plus consistants, j’ai surtout été marquée par trois BD dans l’univers du Far West.
- Billy Wild, de Céka et Guillaume Griffon, pour son graphisme extraordinaire et ultra flippant. C’est trop beau pour qu’on passe à côté ; même si l’histoire très faustienne n’est pas transcendante, l’ambiance est démente.
- Lincoln par Olivier, Jérôme et Anne-Claire Jouvray, pour son humour qui dépote, sa profondeur, sa sensibilité : cette BD gère vraiment. On suit les pas du cowboy le plus déprimant de l’univers puisqu’il n’a envie de rien et que c’est un branleur-râleur de première… manque de pot, c’est précisément pour ça que Dieu a décidé de le rendre immortel et d’en faire un héros malgré lui.
- Daisy Kutter de Kazu Kibuishi, parce que j’ai eu le coup de foudre pour le trait un peu cartoon, le côté western robotique, la relation entre les héros (deux ex qui doivent coopérer) et surtout l’énergie de l’héroïne.
Billy Wild, Daisy Kutter et Lincoln
Sinon, pour ceux qui préfèrent les romans, Richard Matheson réussit tout à fait à instaurer une ambiance de western dans son Journal des années de poudre.
Mon Far West mange des chips
À force de parodies, le western devient un tantinet watzeufeuk et les extraterrestres s’invitent chez les cowboys, les caméléons serrent la pince de Clint et même Obélix chasse la mouche au coin de son oeil façon Sergio Leone avant d’être interrompu par un documentaire sur la langouste…
Mais la tendance n’est pas forcément nouvelle — en témoigne Billy the Kid vs Dracula, que je n’ai pas encore eu la chance de voir.
Citons également cette séquence mythique de La Classe Américaine où un Natif Américain très blanc invite son camarade à manger des chips et s’étonne de son manque d’enthousiasme à ce sujet :
DES FASCISTES DE MERDE !
Je ne peux que recommander très fort la meilleure parodie de western du monde, Le Shérif est en Prison, de Mel Brooks. Ultra acide, méchant mais juste… faites-vous donc une idée :
Excuse me when I whip this out
Mon Far West s’écoute en VO
Parce que les accents du Far West, qu’ils soient authentiques ou non, c’est trop classieux ! Et puis… Applejack, la cowponette de MLP FIM, elle a une voix trop sexy.
https://www.youtube.com/watch?v=fXmnWDyO44c
Et toi, il ressemble à quoi ton Far West ?
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Les Commentaires
Menfin comme dit Shield... Le Far West... c'est gros.
Sinon pour Lone Ranger... hmm, je m'étais revu tous les Pirates des Caraïbes juste avant pour écrire un article sur un autre site et... bon, Lone ranger est quand même largement en deçà : il a moins de rythme, il est moins bien construit, les personnages sont CARREMENT moins définis et moins drôles... et j'ai même l'impression que les effets spéciaux sont moins bons (tu compares le vieux Johnny Depp à Davy Jones, tu pleures ta maman) A la limite Lone Ranger m'a autant fait chier que la Fontaine de Jouvence mais la fontaine de Jouvence venait après une honnête trilogie comme un gros cheveu bien gras qui tombe dans la soupe : je le jugeais par comparaison aux premiers pirates des Caraïbes qui avaient l'avantage ultime d'avoir de bons personnages pour équilibrer à côté du Johnny Depp show (Elizabeth Swan, Barbossan Will Turner, Norrington, Gibbs, les deux teubés, tu t'en souviens bien d'eux, et dès le premier film... A côté, les Barbe Noir, Syrena et compagnie de la Fontaine de Jouvence heu... -_- ... ET pour le coup je ne blâme pas les acteurs parce que Penelope Cruz et Ian McShane, je les ai vu ailleurs et ils sont nickel mais l'écriture est mauvaise : manque de caractérisation, les enjeux sont pas assez mis en valeur... et puis on s'appuie bien sur les clichés liés aux latina pour Penelope : une hystéro vénère à l'accent sexy... laissez moi vomir)
Bref Même la Fontaine de Jouvence était moins mal fichu que Lone ranger qui a vraiment une tronche de créature bricolée à l'arrache. Johnny le pirate est fatigant à la longue, Johnny l'indien est gerbant après trois secondes... Ya deux ou trois idées et scènes mémorables (la grosse baston avec train/mine et chevauchée d'indiens était sympa... le cheval était le personnage le mieux écrit) mais tout est sous exploité : Helena Bonham Carter en gros sur l'affiche fait moins qu'un caméo, le Lone Ranger a le charisme d'une moule pas fraîche (je blâme pas l'acteur encore une fois, je l'ai vu ailleurs, il peut faire mieux)... En fait, je crois que ce blockbuster, comme pas mal de trucs récents, souffre justement de ce manque de sérieux : trop de blagues potaches mal équilibrées avec les moments d'émotion (TIENS je rezieute Avatar The Last Airbender en ce moment et cette série, en vingt minutes, te fait passer du rire aux larmes comme ça... EN deux grosses heures, Lone Ranger m'a à peine fait esquisser un rictus) comment veux tu impliquer le spectateur si tu ne donnes pas l'impression que tes personnages ont de réels enjeux, de réels désirs. On dirait une horde de pantins malmenés au gré de l'histoire.
Bref... heu... c'était mon humble avis sur la question... (pour pas donner l'impression que je crache gratuitement sur un film... o_o j'aime bien les honnêtes blockbusters...)