Grosse sensation qu’ont provoqué les quatre garçons de la petite ville de Castle Donington près de Nottingham. Célèbre pour son circuit de moto, la ville peut maintenant s’enorgueillir d’avoir vu grandir en son sein les enfants spirituels de Frank Zappa qui, car je doute que ce soient les vroum-vroum et autres crash qui les aient influencées (quoique…), ont prêté une oreille attentive au plus grand dingos musical des années 1970 et 1980. Souvent comparés aux Klaxons, les Late Of The Pier sont tout simplement trois classes au-dessus.
Ils se sont formés en 2001 et ont été repérés et produits seulement depuis un an par Erol Alkan, célèbre DJ londonien. Après une série de singles, ils ont sorti en août, chez Parlophone Records, leur premier album : Fantasy Black Channel. Et là, les interrogations commencent : mais quelles drogues prennent-ils ? Un titre comme The Bears Are Coming – rien que le titre me fait rire comme une idiote – ne peut avoir été composé que lors d’un gigantesque trip à jenesaisquoi, c’est pas possible autrement. Eludons tout de suite la question des influences : infinies. Prog, les Sparks, Frank Zappa, funk, Gary Numan, Prince, les jeux vidéos Atari, Devo, MGMT peut-être, à moins que ce ne soit que le côté “groupe tendance du 21ème siècle dingues des 70s et des synthétiseurs des 80s”.
Même si certains moments souffrent d’une instrumentation trop expensive – ça part dans tous les sens, trop fort, comme si c’était une démo, c’est un peu lourd, quoi – les Late Of The Pier produisent une électropop (il n’y a que « krach » et « obamanesque » comme termes autant à la mode en ce moment) qui rafraîchit magistralement la scène nu-rave qui en avait besoin. Les fluo-kids sautillants vont avoir de quoi se nettoyer les cages à miel avec les 12 morceaux que composent l’album, une des plus grosses sensations venue d’Angleterre depuis les Libertines, véritable collection de potentiels tubes dance-floor (Heartbeat est tout simplement im-pa-ra-ble), sans que, pour une fois, ce soit péjoratif.
Expérimental, abstrait, spatial, glam, marrant, définitivement punk, les Late Of The Pier réécrivent les règles du genre – ou en créent un nouveau, on ne sait plus trop – avec une frénésie qui confine l’auditrice à un ébahissement de circonstance. La construction de l’album est irréprochable et dès l’introduction complètement instrumentale Hot Tent Blues on se sent emporté dans une espèce de vortex, un crescendo électropunk ininterrompu de 40 minutes.
Ces mecs sortis d’un bled paumé d’Angleterre témoignent d’une imagination et d’une créativité qui semble sans bornes, tant qu’ils ne se prennent pas la tête avec le succès qu’ils commencent à connaître (ils ont déjà une Une du magazine NME à leur compteur). Un peu comme avec le dernier Cut Copy, c’est entre l’indie-rock à la Franz Ferdinand ou The Darkness et l’électropop bien noisy qu’oscillent les fab four de Late Of The Pier, réussissant avec Fantasy Black Channel un album vraiment à part et extrêmement enthousiasmant.
J’te propose d’écouter Heartbeat qui devrait te convaincre assez rapidement :
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Les Commentaires
Il dure 1 minute et des poussières mais putain !
Late of the Pier,le groupe de 2009 !