Bonjour à toi, lectrice du dimanche !
Sache qu’aujourd’hui, j’ai la capacité de décision d’un bulot en maison de retraite.
Après avoir fait rôtir mon cerveau toute la nuit pour savoir sur quel film porterait cet article, j’ai fini par en choisir un, et j’espère qu’il te fera plaisir.
Car dimanche, c’est un jour suffisamment merdique pour que tu n’aies pas en plus à te coltiner huit pages sur une œuvre chiantissime.
Je te jure, je me suis creusée le cerveau. J’ai d’abord pensé, sur les conseils avisés de Léa Castor, à prendre une des merveilles d’Iñarritu de type Biutiful, puis je me suis dirigée vers un Lars von Trier, et j’ai pensé à un Scorsese pour finir sur un… Disney.
Eh oui, ma bonne amie, j’ai parfois besoin d’un peu de douceur. Une soif que ne peut décemment pas étancher ce bon vieux Lars von Trier, qui traine plutôt du côté obscur des bacs à sable.
Je raconte N’IMPORTE QUOI.
Bref, j’ai décidé que ce dimanche serait placé sous le signe de la nostalgie.
Mais bon, toi et moi on connait Le Roi Lion par coeur, ainsi que Mulan, La petite Sirène, Pocahontas (mon avatar, dans mes rêves), alors que choisir ?
Un dessin animé qui ne serait pas un Disney ? Oui pourquoi pas ! Poucelina ? Cette meuf est cool, ouais.
Et là, j’ai eu une épiphanie.
Et si toi et moi, on replongeait dans Fantasia ?
Fantasia, qu’est-ce que c’est ?
L’OVNI de Disney, tout simplement. Une oeuvre qui ne ressemble à aucune autre.
Scindé en sept segments animés, ce long-métrage de 2h05 (un record pour la maison) est une expérimentation musicale d’un nouveau genre.
Chacune des sept parties du film illustre un morceau de musique classique (sauf la dernière qui en compte deux).
Des morceaux orchestrés par ce bon vieux Leopold Stokowski que tout le monde connaît (NON). Stokowski est en fait l’immense chef de l’Orchestre de Philadelphie.
C’est pas Joe le Clodo quoi !
Par exemple, la première partie de Fantasia illustre la Toccata et Fugue en ré mineur de Jean-Sébastien Bach (lui non plus c’est pas Joe le Clodo d’ailleurs).
La seconde met en images un morceau du grand Piotr Ilitch Tchaïkovski.
La troisième partie est selon moi la plus emblématique du film.
Souviens-toi, c’est celle qui présente Mickey avec un chapeau bleu à étoiles (j’avais le même et je le portais mille fois mieux que lui), qui essaye de filer des ordres à des balais.
Scène hautement angoissante, si tu veux mon avis !
D’ailleurs l’intégralité du produit est d’une telle étrangeté qu’elle pourrait faire flipper les mioches. Tu ne trouves pas ?
Les segments s’enchaînent et ne se ressemblent pas.
En illustrant des morceaux d’incroyables et légendaires musiciens, Disney se fait très bon pédagogue.
Jamais, si ma mère n’avait pas loué la VHS à la vidéothèque du coin, je n’aurais eu l’occasion d’écouter Igor Stravinsky, par exemple.
J’ai beau réfléchir, je ne trouve pas. Pas moyen de me rappeler d’une autre situation lors de laquelle j’aurais pu écouter ça sans râler.
Car dans ma tête d’enfant, musique classique = ennui mortel
. Et dans ma tête d’« adulte », musique classique = musique de rupture, à écouter en buvant trop de vin !
Pourtant j’adorerais aimer ça pour de vrai. Tout comme j’aimerais aimer le jazz et le scotch.
J’ai toujours voulu aimer le jazz et le scotch, juste pour pouvoir parler de jazz en buvant du scotch, et en riant le nez en l’air en face d’une cheminée.
Bref, je me perds. Tout ça pour dire que Fantasia a un aspect vraiment didactique. Ce qui est primordial pour un film destiné en grande partie aux enfants.
Mickey vole la vedette à Simplet dans Fantasia
Inutile que je t’explique qui est Simplet. Tu l’as déjà vu souper à la table de Blanche-Neige un bon millier de fois, si comme moi tu regardais tes VHS en boucle quand tu avais 5 ans.
Voir un film 23 105 fois, un bonheur ultime pour un enfant, un supplice inégalable pour les parents.
Eh bien figure-toi que c’est ce bon vieux Simplet qui devait tenir le rôle de l’Apprenti Sorcier dans Fantasia !
Dans ma tête, tout est désormais confus. J’imagine Simplet se battre contre des balais. Et je trouve ça HILARANT. Car Simplet, c’est un peu le meilleur mec sur Terre.
Finalement, Disney a décidé de confier le rôle à la star de la maison : Mickey.
Plutôt logique !
Stravinsky voulait composer pour Fantasia
Je te parlais tout à l’heure de Stravinski. Eh bien sache qu’il était le seul musicien ayant une de ses musiques dans le film à être toujours vivant au moment de l’élaboration du projet.
Au moment où Disney était venu négocier les droits d’adaptation de son morceau, l’érudit musicien lui a proposé de composer pour Fantasia une toute nouvelle œuvre musicale…
Une proposition qui n’a pas vu le jour. C’est qu’ils sont difficiles, chez Disney !
Les scènes coupées de Fantasia
Si tu es fan de Fantasia, tu sais probablement qu’il a eu une suite intitulée Fantasia 2000, qui est sortie en 1999.
Eh bien certaines des scènes composant ce second volet avaient en fait été créées ou imaginées pour le Fantasia de 1940 ! Mais elles n’avaient finalement pas été retenues pour la version définitive.
Un peu du film de 1940 s’est donc retrouvé dans la suite, et même dans d’autres dessins animés comme La Boîte à musique, sorti en 1946.
Je dis oui au recyclage des idées !
Salvador Dali s’est fait tej de Fantasia comme un malpropre
Tu vois Salvador Dali ? Ce type à peine connu qui a gribouillé 2 ou 3 toiles vite fait ?
Oui, celui là même. Sache que ledit artiste avait réalisé plusieurs illustrations pour le dessin animé… Et tu sais quoi ? Disney n’a pas retenu ses ébauches !
J’ai les yeux comme deux ronds de flan, à l’heure actuelle.
Car Dali a toujours joui d’une belle notoriété. Notoriété qui, dans mon imaginaire, permet d’ouvrir toutes les portes.
EH BEN QUE NENNI !
Zéro illustration du grand Dali dans Fantasia !
Fantasia a connu un beau succès critique
Si Fantasia n’a pas conquis autant d’enfants que Bambi ou Le Roi Lion, il a su séduire le coeur pourtant parfois bien sec des critiques.
Il a été couronné de quelques 2 Oscars d’honneur, d’un Prix spécial aux New York Film Critics Circle Awards, et a gagné son entrée dans le National Film Registry.
Bref, Fantasia s’est vite imposé comme la pièce magistrale de l’industrie Disney.
Voilà, c’est tout ce que j’avais à te dire sur cet OVNI. Petite je le regardais pour ces belles images et pour la puissance de sa musique. Mais je n’y comprenais rien, autant tout t’avouer.
Adulte je le regarde avec nostalgie, un air ébaubi greffé sur ma tronche… Car j’ai l’impression d’enfin comprendre l’intention des illustrateurs.
Il n’est jamais trop tard, me diras-tu !
Je te souhaite, en attendant, un bon dimanche. Plein de thé, de jus de fruits, et de bouillons de poule. Bref, tout ce qui est censé guérir les gueules de bois !
Quant à moi, je file t’écrire de nouvelles chose. Non je déconne, on est dimanche, même Dieu s’est reposé le septième jour (la meuf se compare à Dieu).
Allez, salut !
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Les Commentaires
C'est des heures de dessin pour essayer de dessiner Mickey et le balai qui transporte ses seaux (ah! cette musique de Paul Dukas!)
Une fascination morbide pour le Mont Chauve (pareil, ma mère avait le disque, hop, en boucle aussi ce passage)..
Fantasia, c'est du rêve!