Les fangirls et les groupes qui les réunissent, les fandoms, sont très variés (même si, globalement, la fangirl n’échappe pas à la misogynie ordinaire). Petit décryptage.
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La groupie
Mabel Pines face à ses idoles les Sev’ral Timez
Depuis Elvis ou la Beatlemania, les jeunes filles en fleur vivent souvent leurs premiers émois à travers l’adulation d’une ou plusieurs célébrités, souvent des chanteurs. Des NSYNC aux One Direction en passant par les idoles japonaises ou coréennes, le filon s’est révélé très juteux et a permis l’émergence d’artistes dont la musique s’avère de qualité… variable.
Notons que bouder son plaisir n’est pas toujours constructif : si toi aussi tu as pleuré sur du Tokio Hotel ou que tu dodelines du crâne au son des One Direction, il n’y aucune honte à ça. Le snobisme musical ne passera pas !
Après, si vraiment, il n’y a pas moyen et que la musique des derniers minets à la mode te rend grognonne, blâme le jeu et non le joueur. Les groupies sont assez critiquées comme ça. Pourtant, la réification est encore loin d’être égalitaire : même dans le monde du spectacle, les beaux garçons érotisés demeurent minoritaires si on compare leurs abdos à l’omniprésence de fesses féminines enrobées dans de tout petits petits tiny bikinis…
La Janeite
Au XIXème siècle, avec le phénomène des romans feuilletons populaires comme Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, on a vu des « fandoms » se créer et on s’est même mis à la fanfiction. De l’autre côté de la Manche, on a dû aussi voir ce genre de phénomène avec par exemple les Holmésiens fans de ce bon vieux Sherlock.
Un phénomène de « fandom » a trouvé sa source au XIXème. Même si Jane Austen ne connut pas un succès éclatant de son vivant, elle eut de nombreux admirateurs par la suite : les Janeites qui étaient au départ exclusivement des hommes ! Parmi ceux qui ont évoqué ce phénomène, on trouve Rudyard Kipling, un auteur plutôt viril qui parle dans son récit Janeites de soldats trouvant du réconfort dans l’oeuvre de Jane Austen.
Aujourd’hui, les Janeites sont des femmes. Grandes lectrices de Jane, elles se retrouvent parfois pour des bals façon début XIXème et rêvent de Monsieur Darcy. On retrouve ce phénomène décrypté dans des films comme Le Journal de Bridget Jones, Lettre à Austen, Orgueil et Quiproquo ou Coup de foudre à Austenland. Et elles sont évidemment fans des nombreuses adaptations des romans de Jane Austen !
La Fujoshi
On le sait : la situation des femmes au Japon n’est pas forcément idéale. Entre injonction au mariage et pression sociale très lourde autour du physique, c’est pas le paradis… mais un phénomène s’y développe depuis quelques années ; les Fujoshi.
Ce surnom sympathique qui signifie « fille pourrie » qualifiait au départ les passionnées obsessionnelles de yaoi, puis s’est étendu à toutes les fangirls passionnées au point de se « négliger », préférant leur univers aux joies du mariage et des produits de beauté. La Fujoshi se balade souvent en jogging, ne soigne pas son teint, sa dernière visite chez le coiffeur remonte à 1997 et parfois, elle donne le change en passant pour une jeune fille adorable et bien sous tous rapports… tout en ne trouvant de joie véritable que dans les jeux de drague entre bishônen.
On croise des Fujoshi dans les mangas Genshiken, Journal d’une fangirl, Otakugirls, My Girlfriend is a Geek ou encore mon préféré, l’excellent Princess Jellyfish !
L’émancipation par le fandom ?
Je pense qu’on peut rapprocher les Janeites des Fujoshi, voire des groupies, car elles sont souvent présentées de la même façon, malgré l’écart culturel : comme des femmes qui préfèrent leur fandom à une union maritale.
Dans Orgueil et Quiproquos comme dans Coup de foudre à Austenland, on présente les deux héroïnes comme insatisfaites de leurs « vraies relations » (quand elles comparent leurs conjoints à Mr Darcy) et la plupart des intrigues mettant les Fujoshi en avant montrent des jeunes filles incapables de sortir avec des hommes car trop obsédées par leurs yaoi ou autres passions.
Néanmoins, si certaines histoires se concluent effectivement de façon assez agaçante (l’héroïne se rend compte que sa passion ne vaut pas les lèvres d’un garçon), on a aussi beaucoup de fins plus réjouissantes où vie de couple et passion s’harmonisent, ou encore certaines Fujoshi qui finissent heureuses dans leurs univers respectifs. Elles échappent ainsi à la norme du couple et du mariage en vivant comblées par leurs passions, et ça, c’est assez rare pour être souligné !
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La fan créatrice : cosplayeuse, auteure de fanfictions, dessinatrice de fanarts…
Oui, être fan c’est souvent consommer de façon inconsidérée, mais ça ne se limite pas à ça. On a aussi des créatifs intenses qui exploitent et étirent l’univers de base jusqu’à en faire un gigantesque support d’inventivité.
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Les fangirls en particulier se distinguent par leur intense production à tous les niveaux : le cosplay qui est souvent le fruit d’heures et d’heures de travail, les fanfictions qui, certes, n’ont pas toutes le même niveau mais permettent à beaucoup de jeunes apprentis auteurs de pratiquer et se former, et enfin les fanarts. Yaoi ou pas, bons ou moins bons, ils sont souvent descendus en flamme et moqués, se tapant une image assez pathétique auprès des créateurs eux-mêmes, comme le charmant (non) Steven Moffat, jamais le dernier pour se moquer des fangirls.
La Fake Geek Girl
La Fake Geek Girl a fait (et fera probablement à nouveau) couler beaucoup d’encre. Elle semble poser plus de problèmes que les autres fangirls, dans le sens où elle s’approprie un domaine considéré comme masculin (souvent par le biais de créations, d’ailleurs). Certains garçons n’aiment pas qu’on « envahisse » leur territoire et remettent donc en doute l’authenticité et la sincérité de ces fans.
Qu’est-ce qui pourrait donc motiver des jeunes femmes à piquer ainsi les joujous du sexe opposé en se passionnant pour les comics, les jeux vidéo ou l’informatique, au lieu de rester sagement dans leur bac à sable rempli de Twilight et autres comédies romantiques ? Eh bien, encore une fois, l’obsession numéro 1 de la jeune fille en fleur : la drague !
La Fake Geek Girl n’aurait qu’une obsession : exciter sexuellement des fanboys pour booster son ego. Oui, aux dires de certains, les femelles ne peuvent pas être passionnées par des loisirs considérés comme « pour les mecs »… sauf si elles ont derrière la tête l’idée fixe de s’accoupler avec un mâââââle.
En somme, les fangirls auraient deux choix :
- Rester dans leurs domaines et être méprisées pour ça puisque les œuvres « destinées au public féminin » sont considérées comme inférieures (et pourtant je conseillerai certains yaoi et Jane Austen à n’importe quel garçon).
- S’aventurer dans les domaines plus « masculins » et devoir sans cesse montrer leur badge « certifiée vraie geek » aux misogynes de tous poils qui les accusent de jouer un rôle.
Bon… je généralise, parce qu’il est parfois un peu blasant de se justifier sans cesse. Mais dans les moments de déprime, il suffit de se rappeler que nous sommes loin d’être seules et que, mine de rien, un tas de gens veulent aussi que les choses avancent dans le bon sens !
Traduction ici.
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Les Commentaires
Toutes mes amies m'ont dis de ne surtout pas le lâcher
Je suis une fangirl, c'est un fanboy huhu