Esther a 14 ans, elle est venue il y a quelques mois faire son stage de troisième chez madmoiZelle, marrainée par Louise.
Tu peux la retrouver dans son Street Style !
Je m’appelle Esther, j’ai 14 ans, je vis dans une famille monoparentale… et non, ce n’est pas grave !
Je le vis très bien mais je trouve que malgré le grand nombre de personnes qui sont dans la même situation que moi, il existe très peu de témoignages sur le sujet.
Dans la vie de tous les jours, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui vit la même chose avec qui m’exprimer sur le sujet. Et peut-être que toi non plus ?
Le jour où j’ai perdu ma mère
Contrairement à certaines personnes, je ne suis pas née dans une famille monoparentale : ma famille l’est devenue.
J’ai perdu ma mère il y a 4 ans, j’avais donc 10 ans.
Avec mes frères et sœurs, on a beaucoup d’écart d’âge. J’ai deux grands frères et deux grandes sœurs qui ont entre 6 et 11 ans de plus que moi.
On a tous et toutes vécu la chose très différemment.
Dans notre cas, le décès n’est pas venu soudainement, c’était après une longue période de coma et donc de préparation psychologique.
Mais à cet âge-là je jouais encore aux Petshops, donc je ne me posais pas trop la question… Malgré tout, j’ai donc vécu la mort de ma mère comme quelque chose de soudain.
Il est de toute façon difficile de se préparer à un décès. Et puis en réalité il n’y a pas de manière de vraiment s’y préparer, il faut l’accepter.
Chacun le vit différemment, alors si tu connais une personne dans cette situation que tu aimerais aider, s’il te plaît, laisse-la vivre la chose à son rythme.
Rester à l’écoute ça signifie aussi, parfois, ne pas parler et laisser la personne seule quand elle le veut, tout en restant présente.
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Ma vie seule avec mon père et notre deuil
Le décès de ma maman m’a fait me rendre compte d’à quel point on est chanceux. Je dis très souvent aux personnes de mon entourage que je les aime, parce que j’ai tout simplement la chance de pouvoir le faire.
D’ailleurs mes parents m’ont toujours dit qu’ils m’aimaient, et cette habitude est restée.
Maintenant qu’il y a juste mon père et moi à la maison, il y a des moments où l’on ressent un manque. C’est normal, et ça ne nous rend pas toujours triste.
On est devenus papa, fille, et maman juste à deux, en étant très à l’écoute l’un de l’autre.
Comme chacun le vit différemment, c’est important d’exprimer notre douleur, notre colère ou notre incompréhension quand nous en ressentons le besoin.
Savoir accepter qu’on est triste ou qu’on ne l’est pas, et ne jamais se rejeter la faute.
Ça peut passer par du sport, de l’écriture, des paroles. Je me rappelle être allée dans une forêt avec mon père pour juste… crier. Quand il y a des émotions à extérioriser, ça fait du bien et ça aide !
Ma vie seule avec mon père et notre communication
J’ai toujours eu une liberté de parole avec mon père, on a la chance de parler de contraception, de sexualité, de règles et de protections hygiéniques. On fait en sorte qu’il n’y ait pas de tabous à la maison.
Même quand il y a un peu de gêne, et qu’on a peur de ne pas se poser les bonnes questions, ou d’en poser trop ou trop peu… On parle beaucoup mais toujours en se laissant libres et seuls quand on en a besoin.
Quand la mort nous tombe dessus, on peut se demander pourquoi nous, et on peut mettre du temps à réaliser. Mais quand les années passent dans la vie de tous les jours, on ne se pose plus la question, c’est juste comme ça.
Sauf quand certaines situations et certaines personnes me rappellent parfois que « ah oui, t’as deux parents et pas moi, merci Michel j’avais oublié ». Mais encore une fois, ce n’est pas grave !
Vivre dans une famille monoparentale n’est pas négatif
Évidemment, n’avoir qu’un seul parent crée des situations dans lesquelles je ne suis pas toujours à l’aise. Je n’ai parfois pas envie de répondre à une personne que je connais peu sur ma famille un peu plus complexe que la sienne…
Mais ce n’est ni son problème ni le mien.
Je le vis très bien et je n’ai aucune raison de mal le vivre. C’est juste différent de la majorité des foyers mais ça n’est ni mal, ni triste. Je ne m’engueule pas plus, et pas moins avec mon seul papa.
Je réponds souvent aux personnes qui me disent que je suis très forte et courageuse que c’est très gentil, mais que je n’ai pas eu le choix. Que je ne souffre pas et que je vis heureuse même si je vis différemment d’elles.
La monoparentalité d’une famille n’est pas un problème ! Ça fait réfléchir, il faut gérer la période de changement s’il y en a une, et certes la vie après est différente… mais pas moins belle.
D’ailleurs c’est un sujet comme un autre qui ne doit pas être tabou, et c’est toujours intéressant de l’aborder. Ne soyez pas gênés, n’hésitez pas à en discuter.
Je trouve plus intéressant d’avoir une discussion, même maladroite, sur le sujet pour mieux comprendre par la suite, plutôt que quelqu’un préfère se taire en ayant peur d’une gêne et finisse frustré.
Si vous en avez l’occasion parlez-en, je pense qu’une communication intelligente amène toujours à un bilan positif, peu importe le sujet !
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Les Commentaires
Chacun le vit différemment, alors si tu connais une personne dans cette situation que tu aimerais aider, s’il te plaît, laisse-la vivre la chose à son rythme."
OUI !!
Très beau témoignage, merci d'avoir partagé ton vécu <3