Après Luca, une belle histoire d’amitié, et le plus controversé Raya et le Dernier Dragon, Disney nous gratifie d’un nouveau film, Encanto, avec aux manettes Jared Bush (Zootopie) et Byron Howard (Raiponce, Zootopie).
Au cœur de la Colombie, un endroit nommé Encanto a pour cœur battant la famille Madrigall. Dans leur casita palpitante – maison amicale qui vient en aide à ses habitants – au-dessus du village, tous les membres de cette grande tribu haute en couleur ont un pouvoir, reçu à l’âge de cinq ans grâce à une chandelle magique.
Seule la jeune Mirabel, notre héroïne, n’a pas été touchée par la grâce et en est dépourvue.
Cette magie omniprésente – le miracle de la famille Madrigall ! – a débarqué lorsque la grand-mère alors toute jeune, Abuela Alma, a perdu son mari, Pedro, et s’est retrouvée seule avec ses bébés triplés (Julieta, Pepa et Bruno). Le pouvoir est apparu et cette matriarche a commencé à régner sur une famille exceptionnelle.
Tout se passe donc a priori pour le mieux dans cet Encanto enchanté, entouré de forêt luxuriante, d’habitants heureux, de musique et d’animaux. Mais quelque chose déraille ! Évidemment, sinon il n’y aurait pas d’histoire…
La magie s’évapore peu à peu, ce qui crée angoisses et tensions chez les Madrigall. Mirabel tente alors de comprendre l’origine de ce début de cataclysme.
Si, si, la famille
La magie et la famille ! Ces deux éléments intriqués dans ce nouveau Disney vont peu à peu se dissocier et mettre au jour des relations complexes, intenses, merveilleuses, destructrices entre les membres de cette famille au départ si soudée.
Dans la famille Madrigall, je demande la sœur cadette de Mirabel : Luisa ! Elle possède une force surhumaine, c’est un véritable roc. Je demande ensuite la sœur ainée de Mirabel : Isabela ! Considérée par toutes et tous comme parfaite, elle peut faire pousser fleurs et plantes où bon lui semble.
Pour ce qui est des autres pouvoirs, on vous laisse les découvrir dans le film… mais clairement mon préféré est celui du jeune neveu de Mirabel, le tout timide Antonio, qui peut communiquer avec les animaux.
La jeune Mirabel, qui n’a reçu aucun don particulier, se sent légèrement à l’écart, un peu différente. Elle veut à tout prix prouver qu’elle a sa place au sein de cette famille si incroyable. Tous les autres sont choyés par les habitants du village et par leur Abuela adorée grâce à leurs folles capacités.
Mirabel, à l’instar de tout un chacun dans certaines situations, se sent être une personne banale entourée de gens exceptionnels. On peut donc aisément s’identifier à elle. Mais bien entendu, les apparences sont trompeuses et la clé sera l’acceptation de soi.
De la musique, des couleurs et… des bons sentiments
Encanto montre très bien les dynamiques à l’œuvre entre les membres d’une grande famille — et ce n’est rien de moins que très complexe. Ils ne se dévoilent pas vraiment, font ce que l’on attend d’eux… mais un grain de sable dans cette mécanique bien huilée va peu à peu gripper la machine.
Ce que prône, en creux, ce nouveau Disney : on doit tous être sincères et s’accepter tels que nous sommes au sein de sa famille. C’est un vœu pieux formulé ici ! Comme le dit Mirabel, qui connaît bien ce sentiment d’exclusion :
« Dans les familles, ceux qui dénotent sont rejetés car ils ne rentrent pas dans le moule. »
Pour que la famille ne soit pas un lieu toxique, il faut s’en éloigner, se trouver, revenir plus forts… et donc plus soudés. Isabella, la sœur en apparence sans aspérités, pense qu’elle doit toujours être parfaite, répandre roses et paillettes autour d’elle, épouser le beau mec du coin. Eh bien ce n’est pas ce qu’elle désire tout au fond d’elle-même. Elle fait ce qu’on attend d’elle. Rosa porte tout sur ses épaules, au sens propre mais aussi figuré. C’est un peu trop de pression pour elle.
Bien sûr les choses vont changer au sein de cette famille Madrigal et la tolérance sera la clé. Toutes ces belles valeurs sont soutenues par une réalisation impeccable.
Une musique enlevée et dotée de charme
Lin-Manuel Miranda (Hamilton), qui avait déjà œuvré sur Vaiana, a écrit pour Encanto huit très belles chansons originales, que j’ai découvertes en VF, avec les voix notamment du chef d’origine colombienne Juan Arbelaez – qui prête sa voix à Agustín, le père de Mirabel – et de José Garcia alias Bruno, oncle mystérieux de Mirabel.
Les paroles sont à écouter attentivement car elles font avancer la narration, donnent des éléments d’intrigue, en cela c’est une vraie comédie musicale. J’ai eu certains refrains et autres airs en tête pendant plusieurs jours ! Ce n’est certes pas Libérée, délivrée… mais si vous y allez avec des enfants, ils risquent de les fredonner pendant un petit bout de temps.
Un visuel magnifique, porté par un rythme intense
Ce nouveau Disney est très beau ! Les textures, les couleurs, tous ces éléments travaillés avec beaucoup de soin et de technique en font une petite claque visuelle.
L’impression d’ensemble est un festival de petites explosions de couleurs — alors bien sûr ce n’est pas non plus Die Hard, mais les plantes, les animaux, les personnages éclatent un peu partout à l’écran, notamment dans les chansons.
Ce rythme, un peu effréné, est plaisant ; cette cadence soutenue émerveillera sans doute les enfants… mais elle se fait un peu au détriment des émotions. Quand on regarde un Disney, on aime quand même bien lâcher sa petite larmichette, non ? Mais rassurez-vous, pour les personnes sensibles et émotives (dont je fais partie), cela aura bien lieu et vous devrez prévoir les mouchoirs !
Diversité et nouveauté
On a besoin de nouveaux modèles dans les fictions pour nous comme pour les enfants, tant au niveau de la diversité des personnages, de schémas familiaux moins traditionnels, mais aussi d’intrigues un peu neuves et d’arcs narratives moins normés.
Cet Encanto, bourré de qualités, ne réussit que partiellement à réinventer le genre.
Ce nouvel animé ne fait clairement pas l’économie de la diversité des profils et des couleurs de peau. Disney poursuit aussi son exploration des régions du monde, plus ou moins fantasmées, après l’Italie avec Luca et l’Asie du Sud-Est dans Raya et le Dernier Dragon. On semble en avoir fini avec le schéma classique du conte du prince et de la princesse, et c’est tant mieux ! Même si le studio a sans doute des motivations plus pécuniaires que progressistes, mais passons.
En ce qui concerne le modèle familial des Madrigall, il reste malheureusement très classique et hétéronormé : on avance, on avance, mais un pas à la fois… On vous parlait d’ailleurs du manque de représentation LGBTI+ chez les Disney dernièrement.
La conclusion de ce nouveau film de Noël, c’est que la clé de tout, c’est l’amour, bien sûr. Il s’agit quand même d’un Disney ! Mais cet Encanto, empli de merveilleux, est plus subtil tout de même ; à l’approche des fêtes, on ne va tout de même pas cracher sur un peu de bons sentiments.
Encanto sera en salles en France le 24 novembre 2021.
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