Inspiré du roman du même nom et d’autres nouvelles de Charles Bukowski, surtout connu pour ses Contes de la folie ordinaire, ce film est vraiment un des petits bijoux de cette année. Tout comme le roman, il présente le personnage de Henri Chinaski, sorte de double de l’auteur, qui vit un peu sa vie de loin, sans vraiment accorder d’importance à d’autre chose qu’à l’alcool et surtout, surtout, à l’écriture. Parce que Chinaski, s’il enchaîne des petits boulots qui deviennent de plus en plus grotesques les uns que les autres et dont il se fait parfois virer au bout d’une seule journée d’exercice, passe son temps à écrire et à envoyer ses nouvelles à des journaux divers dans l’espoir de les voir publiées.
Alors il y a toujours ces mêmes scènes : Chinaski – et Matt Dillon, merveilleux choix pour l’interpréter – qui boit, à la recherche d’un boulot, avec quelques femmes ; et toujours le leitmotiv, qui revient comme si le geste était tout à fait naturel et par dessus tout nécessaire, sans même qu’il ne soit commenté mais comme si, finalement, il constituait un passage obligé : Chinaski qui poste ses nouvelles, Chinaski qui écrit.
C’est que Matt Dillon, preuve qu’il est un bon choix pour ce rôle, arrive parfaitement à se glisser dans la peau de cet écrivain que rien ne semble véritablement toucher, qui a cette attitude digne et froide en même temps et qui semble, comme le dit une de ses compagnes, entrer dans les pièces comme s’il traversait les murs. C’est en ce sens que l’acteur est parfait pour ce rôle, parce qu’il arrive à mettre cette distance qui est de mise.
Et c’est surtout dans les dialogues et dans les répliques, parfois à mourir de rire, qu’on retrouve tout le côté décalé de Bukowski, Matt Dillon prononçant des choses tout à fait grotesque d’un ton tout à fait neutre. Les mots de l’auteur parfois reviennent même en voix-off, accompagnant généralement les plans qui deviennent habituels tant ils reviennent régulièrement : Chinaski écrivant, postant ses enveloppes ; et offrent de délicieuses réflexions sur l’écriture.
Factotum : un vrai plaisir, donc, et pas seulement grâce à Bukowski, mais aussi grâce à Matt Dillon, aux autres acteurs, et à la mise en scène de Bent Hamer, norvégien qui recrée d’une façon très réussie l’univers des romans de Bukowski. Avec le côté noir en moins, peut-être, mais sans oublier ce qui paraît si particulier chez les personnages de l’écrivain, ce côté distant voire neutre qu’il transpose à merveille sur l’écran.
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