— Initialement publié le 25 novembre 2010
C’est triste, mais c’est comme ça : quand vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, votre instinct animal vous fait systématiquement analyser votre interlocuteur sur la base de critères discriminants. C’est con, mais on le fait tous.
Parmi ces préjugés, il en existe une catégorie totalement disqualifiante : celle des expressions qui vous hérissent le poil et que votre interlocuteur, faute de le savoir, emploie devant vous, avec toute la bonne humeur du monde.
GAME OVER, il a échoué aux phases préliminaires de la sélection sociale : avoir utilisé cette expression vous fait partir sur de très mauvaises bases, et rares seront les chances que vous deveniez amis.
C’est un peu nazi sur les bords, injuste, irraisonné, immature, gratuit, hautain, tout ce que vous voulez. Mais voilà, on a tous un grand répertoire d’« expressions qu’on déteste ». Voici une compilation de quelques unes de ces « expressions qui puent la merde ». La liste est non-exhaustive. Et subjective. Évidemment.
1. GROSSO MERDO
C’est rare de pouvoir placer du latin médiéval dans une discussion. Alors pourquoi remplacer le chatoyant « grosso modo » par un jeu de mot aussi pourri ? Grosso merdo, ça me fait penser à un mauvais site de blagues en ligne, une insulte en argot espagnol ou une marque pourrie de t-shirts humoristiques trouvables dans les stations de ski. Soit, dans tous les cas, un truc naze.
2. UN BITONIO
Depuis que j’ai 8 ans, ce mot me fait penser à « bite ». Bitonio (ou « bitoniau », autre orthographe apparemment acceptée) est un mot dont toutes les syllabes sonnent horriblement mal : BITE-O-NI-AU. Je vomis par l’oreille.
3. JE DIS ÇA, JE DIS RIEN
Phrase officielle du mec chétif ou de la meuf relou de base (tous les deux en couple, d’ailleurs). Particulièrement horripilant lorsque précédé d’un « euhhh » et accompagné d’une moue faussement arrogante. Comment ça, tu dis ça, tu dis rien ? Dis les choses cash, merde. Va au bout de ta blague, transforme ton insinuation en vérité générale. Sois un homme, porte tes couilles.
4. IL S’APPELLE REVIENT
Tu peux pas dire « tu penseras à me le rendre », comme tout le monde ? Personnifier l’objet que tu prêtes ne va pas spécialement me donner envie de te le restituer. Tiens, d’ailleurs, pour te punir, je vais plutôt le revendre sur eBay.
5. C’EST KIFF-KIFF BOURRICOT
J’allais tailler cette expression en disant qu’elle n’a absolument aucun fondement. Mais Internet m’a calmé, et apparemment, elle est
étymologiquement justifiable. Donc, pour ma défense, je dirais juste : cette expression est comme l’expulsion des Roms par Nicolas Sarkozy => MOCHE.
6. ÇA ENVOIE DU PÂTÉ
Pitié ! Ça envoie du pâté est une formulation acceptable quand tu as 8 ans, des baskets qui s’allument quand tu cours et une trottinette. Si tu emploies cette expression passé ta puberté, c’est que tu es probablement également le genre de personnes à oublier de nettoyer ta cuvette à la brosse après avoir fait caca. Une personne dégoûtante et peu supportable dans le cadre d’une vie en communauté, donc.
7. MERKI
Non, ça suffit. Elie Semoun a fait cette blague avant toi. Si tu penses pouvoir la refaire avec le même panache, c’est OK. Mais si tu es aussi du genre à un peu trop abuser des ^^ lors de tes conversations virtuelles avec un tiers et que ta police préférée est le Comic Sans Ms rose, fais au moins l’effort de t’abstenir sur le « merki ». Par respect pour toi-même. Et pour les enfants qu’un jour tu auras peut-être.
8. ÇA VA ÊTRE ROCK’N ROLL
Autre variante : ça va swinguer.
Je suis sûre que tous les gens qui disent « ça va être rock’n roll » ont aussi un poster « No Entry, WORK IN PROGRESS! » sur la porte de leur chambre. Au secours. On devrait les prendre en otage et les déporter sur une autre planète. Ouais, les gens qui disent « ça va être rock’n roll » me donnent vraiment le blues.
9. PARLE À MON CUL, MA TÊTE EST MALADE
Un jour (j’étais en 6e), un garçon que j’aimais bien m’a dit ça en cours de maths. Je trouvais cette impétuosité hyper cool et cette vulgarité gratuite tout à fait charmante (je n’étais amoureuse que des teignes et des mecs qui crachent par terre). Aujourd’hui, pour me prouver que j’ai grandi et que je suis devenue une femme, je DÉTESTE cette expression. Mais pas que. « Parle à mon cul, ma tête est malade » est objectivement une expression de gros wack : elle est très faible en répartie. Elle possède une perche intrinsèque, un droit de réponse intégré : « ah désolé, t’as une tête de cul, donc c’était dur de différencier ».
10. C’EST FRAIS
Dans mon imaginaire, il n’y a que les mecs qui portent encore des shuttershades en soirée et se vantent de connaître par coeur les paroles du dernier Orelsan qui disent ça. L’expérience empirique me prouve que non : en fait, il y a aussi tous les mecs des BDE de toutes les écoles de commerce de France, les gens qui se disent « adulescents » et bossent dans la pub et les lycéens à Paris qui fument des clopes devant leur « bahut » en pensant avoir la classe de Serge Gainsbourg alors qu’en fait ils ont juste le swag d’un sachet de sucre en poudre.
11. AU JOUR D’AUJOURD’HUI
L’intérêt de cette expression, s’il-vous-plaît ? « Au jour d’aujourd’hui », voilà l’expression de prédilection des gens qui ont besoin de combler la vacuité de leurs propos. C’est comme « un petit nain » ou « un chat inutile » : c’est un pléonasme et ça me fatigue.
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Les Commentaires
Je rajouterais que, plus qu'un pléonasme, c'est un double pléonasme étant donné qu'"aujourd'hui" tout seul est déjà un pléonasme en lui-même. "Hui" signifiant déjà "ce jour", ce qui revient à dire "au jour de ce jour" ! Grosse merdo (désolée :rire, "au jour d'aujourd'hui" signifie donc "au jour du jour de ce jour", un peu lourd, non ?