J’ai grandi en banlieue parisienne, dans une ville du 95 assez calme où il fait bon vivre. Plus jeune, je me rendais rarement à Paris et côtoyais peu de gens en dehors de ma ville. Quand j’ai commencé à travailler dans la « grande ville » je me suis rendue compte de deux choses :
- Que je devais renoncer à trouver un restaurant asiatique avec un buffet à volonté pour neuf euros.
- Que les gens me regardaient parfois d’une manière étrange quand je parlais.
Je n’ai pas attendu très longtemps avant que certaines personnes ne me stoppent dans une conversation afin de me dire qu’elles ne comprenaient rien à ce que je disais. Au début, je trouvais ça vraiment étrange et déconcertant, puis le temps a fait que j’ai perdu la plupart de mes anciennes habitudes de langage. Parfois, je suis nostalgique de ces mots et expressions que je trouve tellement cool…
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Toutefois, il y en a certaines que j’utilise encore parfois, parce que ma langue fourche ou simplement parce que je les aime !
« Un boug, une go », le nouveau « un gars, une fille »
Un boug désigne un homme, et une go une femme. Ces termes s’utilisent davantage dans le sens « mec/meuf ». Exemple :« Tu as vu la nouvelle go de Patrick ? Elle a de bien jolis coudes. »
J’utilise encore régulièrement ces mots, mais souvent d’une façon péjorative pour parler de quelqu’un qui n’a pas excellé dans quelque chose. Exemple :
« Géraldine n’est pas venue à notre rendez-vous, cette vieille go ! »
« Crari », pour demander à quelqu’un d’arrêter de faire pitié
Crari est l’expression dont j’ai eu le plus de mal à me débarrasser. Je ne crois pas que ce mot ait un équivalent dans le dictionnaire. On pourrait le traduire par « genre ». Il tourne en dérision un comportement qu’on juge ridicule. Exemple :
« Patricia a préparé un poulet tandoori, crari elle sait cuisiner indien ! »
Il peut aussi être utilisé pour dire qu’une personne se la raconte, ou exagère dans son comportement.
« Rachid est venu habillé avec un costume et une cravate au McDonald’s. Il fait crari. »
« Pire » : rien de mieux pour montrer qu’on est d’accord
Vous allez me dire que vous savez ce que ce superlatif veut dire. Mais savez-vous que le mot pire peut aussi être utilisé pour approuver quelque chose, montrer qu’on est vraiment d’accord avec une affirmation ?
— Le prix de ce cheddar est vraiment beaucoup trop élevé… — Pire !
En gros, vous pouvez utiliser « pire » à la place de « grave » pour montrer que vous adhérez à 100% aux propos de quelqu’un.
« Miskine » ou la fausse solidarité
Vraiment, j’étais absolument PERSUADÉE que toute la planète connaissait ce mot.
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Je fus profondément choquée et perturbée de savoir que ça n’était pas le cas. Imaginez-vous parler à une personne qui vous arrête pour vous dire :
— Excusez-moi, mais que veut dire le mot « oiseau » ?
Vous me direz que j’exagère mais je l’ai vraiment vécu de cette manière ! Vous pouvez traduire « miskine » par « le pauvre » pour parler de quelqu’un qui vous fait pitié — mais pas forcément de façon péjorative, attention.
« Il arrive même pas à monter les escaliers sans être essoufflé, miskine. »
« C’est la hass » ou avouer notre désespoir
On dit « c’est la hass » quand on veut parler d’une situation à problèmes. Au lieu de dire « c’est la misère » je préfère utiliser cette expression, lorsque je suis a découvert ou quand je me rends compte que je n’ai plus de tampons dans mon sac.
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« J’ai plus rien à manger dans mon frigo, c’est la hass ! »
Vous saurez maintenant comment me parler si vous me rencontrez. Il y a encore un tas de termes dits « de banlieue » bien méconnus de beaucoup de monde… mais que je n’oublierai jamais ! Et vous, quels sont vos expressions familières préférées ?
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Les Commentaires
"T'as meilleur temps de [faire ça]" à comprendre il est plus avantageux dans les circonstances présentes de faire telle chose plutôt que telle autre
le verbe "escagasser" pour embêter
un "tiquelet" difficile à traduire celui ci, c'est une sorte de système pour fermer qc, qu'il faut pousser/faire glisser pour l'actionner
ah, que je les aime ces expressions :3