L’occasion, entres autres, pour l’artiste suisse qui a longtemps vécu et travaillé aux Etats-Unis, de présenter « New York Chronicle », un livre qui revient sur sa carrière et les rencontres fortes qui l’ont jalonnée. madmoiZelle a rencontré l’artiste pour lui poser quelques questions.
Cette exposition est consacrée à vos peintures. Mais vous avez aussi longtemps été illustrateur…
La fin des années 80 et le début des années 90 marquaient l’âge d’or de l’illustration. On trouvait des dessins partout : sur les couvertures des magazines, dans la publicité, à travers les affiches dans la rue… C’était avant que la photographie ne vole au dessin ses lettres de noblesse.
Étant basé à New York, j’ai pu travailler avec le New York Times pendant un paquet d’années – je leur faisais 3 dessins en noir et blanc par semaine. Aujourd’hui et depuis Internet, un illustrateur habitant Tokyo peut voir son dessin publié dans un canard américain le lendemain. À mon époque, il fallait attendre que le coursier de la rédaction passe récupérer lui-même les dessins à l’atelier !
Vous vous êtes installés à Paris il y a 11 ans. J’ai lu que ce déménagement coïncidait avec une rupture souhaitée dans votre carrière.
J’étais très amoureux de New York, mais son rythme de vie frénétique me fatiguait. Le dessin éditorial est un domaine qui m’exaltait, mais après toutes ces années dans le métier, j’ai ressenti le besoin de me lancer un nouveau défi : me concentrer sur mon activité de peintre. C’est en ce sens que quitter New York et mes réseaux de contacts professionnels, pour Paris et un atelier au calme, m’a été salvateur.
Dessiner pour la presse, était-ce à ce point frustrant ?
Tout le jeu de l’illustration éditoriale, c’est de ne pas voir les contraintes comme des handicaps, mais comme un tremplin. Illustrer un papier paraît réducteur, mais tout l’art réside en la capacité que vous aurez à transcender le sujet. Autrement dit : dépasser le rôle descriptif du dessin, et le transformer en parabole. Là est votre marge de manœuvre. L’enjeu, c’est donc de réussir à illustrer un sujet d’actualité qui parlera à tout le monde, tout en utilisant ses propres codes. Et j’ai adoré faire ça ! Mais il est arrivé un moment où j’ai eu envie d’explorer davantage toutes ces choses sombres et silencieuses qu’il y a aussi en moi…
Et vous avez fait de la peinture un moyen d’exprimer votre intériorité…
Exactement. Comme pour injecter un équilibre dans ma démarche artistique, je me suis mis à faire en peinture tout ce que je ne pouvais pas faire dans un dessin éditorial : m’éloigner de la narration, jouer avec les couleurs, parler de mes rêves. Chaque toile est une introspection. La peinture a élargi mon champ des possibles. Je suis maintenant libre d’exprimer ce que je veux.
Quelles sont vos plus grandes influences ?
Les origines de ma mère m’ont fait grandir bercés par des contes scandinaves. Je suis fasciné par l’imagerie des forêts, des vastes paysages. « La Belle au bois dormant » m’a aussi beaucoup marqué – d’où cette toile que vous verrez dans l’exposition, sur laquelle j’ai peint un labyrinthe de ronces. J’aime aussi beaucoup l’art asiatique. Et l’œuvre de Sol Lewitt. Il m’a d’ailleurs inspiré ma toute dernière toile.
Philippe Lardy – « New York – Paris » / Point Éphémère Du 12 mai au 5 juin Vernissage ce soir à partir de 18h30 Exposition ouverte tous les jours de 14h à 19h / Entrée libre
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