Comme lorsque l’on part en vacances, quand on accouche, on s’absente de chez soi pour quelques jours. Sauf qu’au contraire des vacances, on ne connaît généralement pas la date de départ à l’avance ! Dans l’idéal, tout doit donc être prêt pour partir dans l’urgence, et pour éviter d’avoir à retrouver un logement dans un état lamentable, les bras chargés d’un nouveau-né, la tête et le corps en vrac.
Accouchement : se tenir prêt à partir
Quand le coparent reste à la maternité jour et nuit, ce qui est de plus en plus courant, il arrive que personne ne passe au domicile des parents pendant plusieurs jours. Les protocoles Covid ont même parfois interdit aux coparents de quitter la maternité pendant la durée du séjour en suites de couches.
Dans les dernières semaines de grossesse, certaines futures mères décident alors d’anticiper un départ précipité. Cela passe par le fait d’arrêter de passer des commandes, de garder le logement propre, d’avoir toujours un œil sur les aliments sur le point de périmer, ou encore de préparer une to-do list pour penser en dernière minute à arroser les plantes, fermer les volets, couper l’eau ou jeter les poubelles, avant de partir à la maternité.
Toute cette anticipation peut être génératrice d’angoisses, et cette préparation logistique est encore souvent supportée par les femmes uniquement.
« Je faisais régulièrement le ménage pour que la maison soit propre avant mon départ » raconte Léna. « Je pensais aux lessives pour ne pas avoir du linge dans la machine au moment de partir, j’ai aussi arrêté de commander des trucs 3 semaines avant mon terme parce que j’avais peur d’avoir un colis en attente quand je serai à la maternité.
Au final, lorsque le travail s’est lancé, évidemment il y avait du linge à étendre. Mon mec s’en est occupé alors qu’il devait appeler sa mère, à 45 minutes de route de chez nous, pour venir s’occuper de notre fils, vérifier la valise, et m’aider à gérer les contractions. Il a fait une liste à l’attention de sa mère pour qu’elle pense à nourrir le chat, lui expliquer le rythme du grand, etc. »
« Dès le début de ma première grossesse, j’ai fait un rétroplanning des tâches à effectuer, des listes, tableaux Excel. » explique Clémence. « Mois après mois, je savais où j’en étais des achats de vêtements, des lavages, séchages, du stockage de matériel pour la valise, des plats pour le post-partum…
Pour la deuxième grossesse, je m’y suis mise à la fin, car on n’avait quasiment pas d’achat à faire. J’ai fait une matrice d’Eisenhower pour organiser tout le maelstrom dans ma tête et le répartir sur les dernières semaines, du plus au moins urgent : plats préparés à l’avance, nettoyage de l’appartement, la valise, fiches récap pour l’accouchement, entraînement en hypnonaissance, etc. Je savais qu’il y aurait du monde chez nous en notre absence donc je faisais juste en sorte qu’il y ait toujours à manger, qu’on soit à jour niveau linge, et que l’appartement soit le plus propre possible, pour qu’à tout moment on puisse partir sans inquiétude. »
Alexia, quant à elle, a été prise de court :
« À 37 semaines d’aménorrhée, j’ai passé un drive, en me disant que je serai tranquille pour les dernières semaines et que j’allais pouvoir me reposer. Dans la nuit, je me suis réveillé en ayant fissuré la poche des eaux, je suis allée à la maternité sans la valise en me disant que ce n’était pas ça. Ils m’ont gardé, donc j’ai donné les dernières indications à mon copain pour finir la valise. Le lendemain, je n’avais toujours pas accouché, je pensais à mon drive qui devait être livré dans l’après-midi ! Mon copain ne « savait pas comment faire » donc j’ai dû moi-même appeler le service client, à la maternité, pour leur dire d’annuler la livraison. »
Au contraire, pour d’autres, cette angoisse logistique n’existe pas.
« On laissait trois chats sur place, le frigo rempli, des commandes en cours, les poubelles pleines, les litières dans je ne sais quel état. Mon mec a pensé à mettre de l’eau et des croquettes aux chats et on est partis. Ça ne m’a pas préoccupé, même dans les jours précédents l’accouchement. Le deuxième jour, mon mec a quand même été voir vite fait comment allaient les chats, et il a fait un brin de ménage. » se souvient Manon.
Faire sa valise de maternité
Il y a encore peu de temps, des articles de magazines parentalité, ou autres ouvrages de grossesse, recommandaient aux mères de préparer un petit sac pour leur conjoint, histoire qu’il ait un slip de rechange et de la monnaie pour aller se chercher un café. Cette infantilisation et charge mentale supplémentaire est désormais plutôt décriée, mais dans les faits, qui prépare encore le plus souvent la valise de maternité et les affaires du bébé ?
« J’ai préparé la liste de valise de maternité, et je l’ai partagé en Google Drive à mon copain pour qu’il puisse la checker au moment de partir. » explique Léna.
De son côté, Clémence a préparé la valise à l’avance, « mais mon mari savait globalement ce qu’il y avait dedans, et il y avait une petite liste dessus avec les choses à rajouter ou faire au dernier moment ».
D’autres témoignages récoltés vont dans le même sens : la future mère se charge généralement d’anticiper la valise, parfois très en avance, parfois pas, et d’y ajouter une liste d’affaires (papier ou virtuelle) pour que le coparent puisse la terminer au moment de partir.
Séjour à la maternité : prévoir la garde de l’aîné
Quand on est déjà parent, à la logistique du départ à la maternité s’ajoute celle de la garde de l’aîné. Si pour certaines familles, un grand-parent ou une nounou se tient prêt à recevoir l’enfant au pied levé quelle que soit la temporalité de l’accouchement, pour d’autres c’est un vrai casse-tête à organiser. Les parents sollicitent leurs connaissances et mettent au point un planning d’astreinte digne d’une multinationale, qui couvre plusieurs semaines.
Les parents de Laetitia, et ceux de son conjoint vivent à 4-5 heures de route d’eux :
« On avait donc fait un Google Doc en fonction des jours et des heures (découpé en journée / soirée / nuit), avec qui était notre plan A, et pour la plupart des jours un plan B au cas où.
La crèche était d’accord pour garder notre aîné les jours où il n’y allait normalement pas, sinon on comptait sur des amis, ou parfois sur de la famille de passage. On a galéré à trouver des gens pour boucher les quelques trous ! » se souvient-elle. « On avait même cherché s’il existait un service payant pour ça, par exemple chez des agences de baby-sitting, mais non. Pourtant on n’est pas les seuls à galérer pour la garde de l’aîné à l’accouchement ! »
Clémence et son mari ont déménagé à l’autre bout de la France en début de deuxième grossesse, ce qui a compliqué la garde de leur fille aînée.
« On a pensé à une baby-sitter ou à une garde d’enfant via agence, mais c’était complexe à prévoir, car on ne savait pas combien de temps ça allait durer. Au final, ma meilleure amie nous a proposé de venir chez nous, elle est venue s’installer quand j’étais à 37 semaines d’aménorrhée et a dormi sur notre canapé-lit pendant 1 mois, car j’ai accouché post-terme. Une amie en or ! La garde de l’aînée a été ma plus grande inquiétude pendant la grossesse, et un soulagement immense quand ça s’est réglé. »
En plus de la garde, il faut également penser à faire le sac de l’enfant, s’il doit dormir ailleurs qu’à son domicile. Un bagage qui s’ajoute à la valise de maternité, et au sac pour l’accouchement, un vrai faux départ en vacances !
Avez-vous également ressenti le besoin d’anticiper au maximum la logistique, pour partir à la maternité le plus sereinement possible ? Le coparent a-t-il pris part à cette organisation ?
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Les Commentaires
Le gars qui ne sait pas s'occuper de la lessive quand sa femme est à la maternité, il ne sait pas non plus le faire le reste du temps.
Les personnes qui gèrent leur quotidien avec des tableaux et des applis vont gérer leur accouchement aussi avec des tableaux et des applis.
Clairement il y a un aspect qui n'est pas évoqué : la désertification médicale.
J'ai accouché à 1/4 d'heure de route de chez moi, et mon mari a fait des allers-retours pendant mes 4 jours à la maternité. Quand la seule solution c'est d'accoucher à près d'une heure de son logement, les choses à gérer/prévoir sont plus importantes et les sources de stress plus nombreuses. S'il y avait des structures qui permettaient à une majorité d'accoucher à moins d'1/2 de route de chez soi, ces questions seraient certainement moins sources de stress.
Pour l'anecdote, j'ai accouché le jour même où on recevait une livraison de bois pour l'hiver. En salle de travail, j'ai demandé à la SF si, à son avis, ce serait terminé pour 18h, parce qu'il fallait que mon mari soit à la maison pour récupérer la livraison. Elle a eu l'air moitié choquée, moitié amusée que je pense à ce genre de chose en plein travail.