Ah, l’Eurovision ! Ce temps joyeux et festif qui réunit les pays européens autour d’une vaste scène pour célébrer ensemble l’amour du bon goût ! Slips à paillettes, mamies russes et danses approximatives s’enchaînent pour entonner des chants en anglais en l’honneur de la culture de leurs pays ! Ah, la fraternité ! La musique ! La… le… euh…
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Bref. Depuis 1956, il a été établi d’un commun accord entre plusieurs pays que chaque année, au lieu de se taper directement sur la gueule, nous nous lancerions dans un concours effréné de la chanson, avec dans nos coeurs palpitants la volonté de représenter la belle diversité qui peuple notre Europe. Et avec moult effets spéciaux.
Nous avions la guerre Nous avions des problèmes Et nous ne sommes pas toujours d’accord Mais Une fois l’an Nous nous rassemblons Pour écouter des chansons bizarres que nous ne comprenons pas Nous rions Nous pleurons Et doucement nous murmurons « Je suis fier•e d’être Européen•ne•s »
Non, vraiment. Vous riez en vous débarrassant des dernières paillettes de la finale de samedi dernier, mais le but en 1956 était réellement de recréer et renforcer les liens entre les pays européens. Alors quand un internaute inspiré résume l’Eurovision en ces termes, il a raison :
En vrai l’Eurovision c’est super important parce qu’après avoir passé 1000 ans à nous entretuer nous avons décidé de mettre nos armes de côté et de nous éblouir mutuellement avec des spectacles de chant ridicules, des gentilles mamies russes et des draculas roumains gays.
Un concept qui semble hélas plonger chaque année les États-Unis dans une perplexité profonde. Un peu parce que, le temps d’une émission TV, l’Internet est envahi d’images et de gifs animés pouvant passer pour un appel à la drogue au non-initié. Et surtout parce qu’ils n’ont pas été invités. Ce qui ne les empêche pas de s’accrocher.
L’Eurovision, un concept très… européen
En même temps, le tout est un peu difficile à appréhender. Et je ne parle pas seulement de la soudaine abondance de drapeaux, de fausses notes et de costumes d’une autre dimension : soudain, une partie du monde semble s’en payer une bonne tranche dans un concours mi-amical mi-géopolitique, et les États-Unis n’ont pas été invités à venir jouer. Pire ! Personne ne parle des États-Unis pendant ce temps-là. Avouez qu’il y a de quoi être déconcerté, quand on a l’habitude d’être au coeur de toutes les réjouissances. D’un autre côté, les Américains apprécieraient-ils vraiment la fête ? Je sais bien qu’on leur vend du rêve…
– Est-ce que ça ressemble à ça de vivre en Europe – oui – oui – oui – vous ne savez pas ce que vous ratez
Mais il ne faut pas oublier que ce concours aux allures champêtres est un substitut pour toutes les guerres pendant lesquelles nous, Européens, nous sommes entre-déchirés des siècles durant. Substitut à paillettes, mais substitut quand même. Et quand vient l’heure des votes pays par pays, toutes les rivalités, toutes les amertumes entre voisins ressurgissent. Traître infâme que le pays qui ne témoignera pas de son inconditionnel soutien à son voisin en lui refusant des points !
Vous vous souvenez quand la Belgique n’a pas donné de points à la France ?
Certaines rancoeurs ne s’oublient pas aisément…
Je me souviens quand la France a donné un point au Royaume-Uni l’an dernier Et puis Graham Norton a dit : Nous avons construit un tunnel vers votre pays
Insouciance de leur part, ou pure naïveté, je l’ignore – mais toujours est-il que les États-Unis, se sentant oubliés, ont toujours paru ronger leur frein lorsque venait l’Eurovision. Sans trop oser rien dire, parce que, bon, on peut comprendre que ce soit un truc entre Européens, un genre de secte gentille quoiqu’un peu flashy. Et un beau jour, en 2015, l’Australie a été invitée à participer à l’Eurovision. Soudain, cette affaire prenait des allures de mépris affiché.
Amérique : *appelle* Europe : allô. Amérique : comment osez-vous autoriser l’Australie à participer à l’Eurovision je fais de la meilleure musique que l’Australie et je suis plus gros que l’Australie, j’exige d’être à l’Eurovision aussi Europe : nouveau téléphone, céki ?
Eurovision 2016, l’année du retour de la revanche en marche
Eh oui, en 2016, l’Eurovision a pris un tournant décisif, en acceptant enfin de rendre possible sa diffusion aux États-Unis ! Mieux, il s’agit apparemment d’un projet de longue date, destiné à assouvir la curiosité des
Les Commentaires
(Sinon @ ( ^_^ ) / Trust me, I'm a (al)chemist, je l'aime bien aussi moi, surtout avec la petite choré je trouve qu'on méritait plus de points :lalala