Assumer d’avoir fait une erreur stratégique et présenter platement ses excuses est une qualité rare, dont n’est visiblement pas pourvu Gabriel Attal.
Critiqué par l’ensemble de la classe politique pour avoir volé la vedette à Valérie Hayer, le chef du gouvernement a déclaré « assumer » son intervention.
Gabriel Attal « assume ses actes »
Lundi 3 juin, alors que la tête de liste Renaissance aux élections européennes était interviewée sur son programme sur la scène de l’amphithéâtre de la Maison de la Radio, s’était vue reléguée au second plan par le chef du gouvernement. Ce dernier avait fait irruption sur la scène et s’était emparé du micro, au grand dam de la journaliste Émilie Tran NGuyen, qui avait dû recadrer le débat sur la principale intéressée : « Vous nous laissez lui poser des questions ? »
Accusé de « mansplaining » et de « sexisme » par l’opposition, de Marine Le Pen (RN) à Manon Aubry (LFI) en passant par François-Xavier Bellamy (LR) et Olivier Faure (PS), Gabriel Attal est revenu ce jeudi 6 juin sur l’incident. Questionné par Thomas Sotto à l’occasion des cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement, le Premier ministre a affirmé « assumer ses actes ».
« Je me suis engagé depuis le début aux côtés de Valérie Hayer, parce que je crois en elle, c’est la députée européenne la plus influente au Parlement européen (…) Je suis intervenu à de nombreuses reprises à ses côtés, notamment dans des meetings », a affirmé Gabriel Attal.
Le chef du gouvernement a par ailleurs assuré que son intervention n’était pas planifiée à l’avance, mais qu’elle s’était déroulée à l’initiative de la direction de Radio France qui lui avait « proposé de saluer » Valérie Hayer « et surtout saluer les jeunes qui étaient dans la salle à ses côtés ».
« Leçons de sexisme »
Quant aux accusations – légitimes – de sexisme, Gabriel Attal a tout simplement décidé de ne pas en tenir compte. Omettant de préciser que des femmes – Manon Aubry, Marie Toussaint et Sandrine Rousseau, pour ne citer qu’elles – lui avaient aussi fait remarquer ses manières peu galantes, il a surtout concentré sa défense sur ses opposants masculins.
« On a entendu depuis beaucoup d’hommes expliquer à Valérie Hayer ce qu’elle aurait ressenti. Elle-même a répondu : Le sexisme, c’est peut-être de penser à la place, et j’étais ravie que le Premier ministre vienne à mes côtés. »
Gabriel Attal
Il a ensuite visé spécifiquement la tête de liste LR François-Xavier Bellamy qui, il est vrai, n’a jamais démontré une grande passion pour défendre les droits des femmes :
« Ce qui me frappe, c’est entendre des hommes donner des leçons de sexisme, alors même que François-Xavier Bellamy est contre la reconnaissance de l’interruption volontaire de grossesse dans la charte européenne des droits fondamentaux et dans la Constitution française, comme nous l’avons obtenue. »
Gabriel Attal
Avant de tacler Jordan Bardella qui, pour le coup, n’avait pas commenté l’intervention de Gabriel Attal lundi, mais dont il a rappelé qu’il « s’était battu au parlement européen contre la transparence de l’égalité salariale ».
Si les remarques de Gabriel Attal concernant l’hypocrisie de l’opposition de droite sont bien justes, peut-être que balayer devant sa porte ne ferait pas de mal à la majorité. Cette dernière a déjà été épinglée pour avoir édité des affiches de campagne pour les européennes où le nom de Valérie Hayer n’apparaissait tout simplement pas. Et le gouvernement est loin d’être irréprochable en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Car même si la parité est à peu près respectée (sept femmes ministres et huit hommes), tous les ministères régaliens sont occupés par des hommes, et seuls quatre ministères de plein exercice sur onze sont occupés par des femmes.
Cet article est co-financé par le programme Erasmus+ de l’Union européenne.
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