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Déclic

Euphémie, 28 ans : « Pour moi, on ne peut pas être féministe et de droite » 

Dans Déclic, des personnes nous racontent leur prise de conscience féministe et ce que cela a changé pour elles. Aujourd’hui, Euphémie explique comment le féminisme infuse chaque aspect de sa vie, que ce soit son activité professionnelle comme la culture et le divertissement qu’elle consomme, en accord avec ses valeurs.
  • Prénom : Euphémie
  • Âge : 28 ans
  • Occupation : auxiliaire de vie à domicile auprès des personnes âgées
  • Lieu de vie : un village dans la Somme (80)

Comment décririez-vous votre rapport au féminisme ?

Le féminisme est essentiel dans tous les aspects de la vie. Il se manifeste partout : dans l’éducation, en politique, au travail, dans le couple, la sexualité, etc. Il faut se remettre en question continuellement, se documenter. Il évolue, ou plutôt nous évoluons en permanence.

Avez-vous grandi dans un milieu féministe ?

Non, je n’ai pas du tout grandi dans une famille féministe, c’était plutôt le contraire. Mes parents se sont séparés peu de temps après ma naissance. Je suis la dernière d’une fratrie de quatre. Je n’étais pas désirée. Mon père n’était pas très présent. Aujourd’hui, on a peu de contact. Je crois, presque sûre, que mon père était violent avec ma mère. C’était un macho. Ma mère a fait ce qu’elle a pu pour nous élever. Elle n’était pas aidée.

Mais, du coup, mes proches ont très bien pris mon éveil féministe, ça leur a permis d’avoir des prises de conscience et une certaine éducation sur le sujet. Ça ouvre les discussions. Ils connaissent mes positions et m’acceptent. 

À quand remonte votre déclic féministe ?

J’ai découvert le féminisme il y a quelques années, en suivant notamment Charline Vermont du compte @orgasme_et_moi sur Instagram puis Noémie de Lattre, Camille et Justine, etc. Elles m’ont fait prendre conscience de tellement de choses. J’ai réalisé que j’avais eu des relations abusives et subi des agressions sexuelles très jeune. Ça a réveillé des traumatismes enfouis depuis longtemps. Ce qui m’a aussi permis de travailler dessus et de me libérer. 

Mais, bien avant de découvrir ces comptes, j’avais déjà pris conscience du grand écart entre les hommes et les femmes. Rien qu’à l’école, avec la règle de grammaire qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin… Je trouvais ça tellement injuste et illogique. C’était comme ça et pas autrement, il fallait l’accepter, comme si c’était normal.

J’étais – et je suis encore – en colère quand j’entends les enfants dire que telle chose est faite pour les filles, que les filles sont nulles. On m’a toujours faite me sentir inférieure.

Cela fait un an environ que j’ose assumer que je suis féministe. Avant, je voyais ça comme un gros mot. J’avais peur de passer pour la relou de service, parce que je suis écolo en plus.  Maintenant ça n’a plus d’importance, je suis comme je suis.

Comment le féminisme infuse-t-il votre vie aujourd’hui ?

J’ai développé une sorte de radar à connards. Tout ce qui relève du sexisme ordinaire me saute aux yeux. Je n’arrive plus à faire semblant. Soit mon visage trahit mes pensées, soit je les exprime. Je ne sais plus rester muette quand je suis témoin de comportements que je juge inacceptables. Dans mon métier, je me rends compte aussi, que les femmes que je soigne ont toutes, ou presque, subi des violences ou des agressions sexuelles. Et quand ce ne sont pas des agressions, c’est le contrôle de leur mari qu’elles subissent. Par exemple, une de mes patientes s’est fait courser par un inconnu, son père a tenté de l’attoucher, une autre est interdite de passer le permis par son conjoint… 

À mon sens, on ne peut pas être féministe sans lutter contre les autres discriminations. Sans être contre le racisme, l’homophobie, la transphobie, les violences faites aux femmes et aux enfants. Je pense que tout est lié. Pour moi, on ne peut pas être féministe et de droite. 

La boîte à outils féministe d’Euphémie

Les femmes qui m’inspirent :

  • Noémie de Lattre, avec ses spectacles Féministe pour hommes et L’harmonie des genres, mais aussi son livre Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul, dans lequel je me reconnais beaucoup. Et son contenu quotidien sur Instagram.
  • Sabrina Erin Gin du compte Instagram @olympereve, experte en droit. Je recommande ses livres Les hommes ont tué l’amour et Précis de culture féministe pour briller en société patriarcale.
  •  Charline Vermont, spécialisée en éducation sexuelle et consentement. C’est vraiment une pépite. Elle a écrit Corps, amour, sexualité : les 120 questions que vos enfants vont vous poser, adapté à tous les âges. Elle tient le compte @orgasme_et_moi.
  • Léa du compte Instagram @mercibeaucul_ pour une sexualité safe, sans jugement ni tabou. Et son podcast Discultons. Elle a aussi sorti un jeu du même nom.
  • Swan Périssé, feministe écolo engagée, à suivre sur Instagram et Youtube. Elle fait aussi du stand up.
  • Julia Pietri de @gangduclito sur l’éducation sexuelle/féminisme.
  • Camille du compte @jemenbatsleclito sur l’éducation sexuelle.

Madmoizelle, L’importante et Simone Media pour toutes les infos liées au féminisme dans le monde.

Avez-vous laissé de côté certaines habitudes, déconstruit certaines croyances, ou posé de nouvelles limites ? 

Oui, j’ai commencé par quitter mon ex. Je n’accepte plus les comportements inadaptés. Je m’affirme davantage, sans crainte d’être vue comme quelqu’un de désagréable ou d’extrême en raison de mes idées. Je n’écoute plus ni ne regarde plus les artistes qui sont accusés de viol ou d’agressions sexuelles. Pareil pour ceux qui les soutiennent. Avec toutes les affaires qui éclatent, je vais finir par ne plus avoir rien à regarder ! Je privilégie les œuvres / livres / films créés par les femmes. 

Dans le domaine de la santé, je me fais soigner principalement par des femmes : médecin, gynéco, kinesio, psy, magnétiseuse, infirmière… sauf si vraiment je ne peux pas choisir.

Évoluez-vous aujourd’hui dans des cercles féministes ?

Mes amies très proches sont féministes. C’est très cool de ne pas être seule. Même si on ne fait pas toujours l’unanimité (majoritairement auprès des hommes), on est soudées. C’est un sujet sensible, selon qui j’ai en face de moi, soit je démarre au quart de tour, soit je me tais parce que je sais que je vais me fatiguer pour rien.

J’aimerais rencontrer de nouvelles personnes qui partagent les mêmes idées. À la campagne, c’est quand même plus difficile, tout le monde se connait déjà. Il faudrait que je me renseigne dans les villes près de chez moi s’il y a des manifestations féministes.  

Avez-vous l’impression d’être arrivée au bout de votre éveil féministe ?

Non ! Comme je le dis plus haut, c’est un apprentissage perpétuel et ça couvre tellement de sujets. J’aimerais en apprendre plus au sujet de la politique, par exemple, parce que je sens que j’ai des lacunes. 

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