Sofie Peeters, qui termine actuellement sa formation de réalisatrice, se fait quotidiennement insulter dans les rues de Bruxelles. Elle a emménagé dans le quartier Anneessens, l’un des plus défavorisés de la capitale belge, il y a deux ans et s’est étonnée de la quantité de réflexions machistes dont elle était victime « 5 à 10 fois par jour » comme on peut l’entendre dans le reportage ci-dessous. Des réflexions qui, accumulées à de nombreuses insultes, virent au harcèlement verbal quotidien. Sofie Peeters raconte qu’au début, elle s’est demandé si ce n’était pas de sa faute, si ça ne venait pas de son attitude ou de ses vêtements avant de réaliser qu’elle était loin d’être un cas isolé et que ce n’était pas à elle de se remettre en question.
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Pour faire prendre conscience à l’opinion publique du machisme qui gangrène son quartier (et beaucoup d’autres, dans beaucoup d’autres villes dans le monde), elle a décidé de filmer en caméra cachée ses trajets et d’en faire un documentaire intitulé Femme de la rue dans le cadre de son travail de fin d’études. Le constat est édifiant : « petites fesses« , « salope« , « chienne
« , remarques déplacées et bruitages en tous genres. Le plus inquiétant, c’est que toutes ces réflexions que nous pouvons entendre dans le reportage de la RTBF qui est consacré au travail de Sofie Peeters ne sont qu’un extrait de son documentaire qu’elle avoue, dans une interview à la chaîne flamande VRT (des extraits en français sont disponibles sur L’Avenir), n’avoir tourné qu’en l’espace d’un après-midi.
La médiatisation du reportage de Sofie Peeters a eu deux impacts différents : premièrement, elle a lancé une polémique : pointait-elle du doigt que le sexisme était une question d’origine ? À ce propos, elle a déclaré :
« Oui, c’était une l’une de mes grandes craintes : comment traiter de cette thématique sans tourner un film raciste. Car c’est une réalité : quand on se promène à Bruxelles, 9 fois sur 10, ces insultes sont proférées par un allochtone [un étranger].«
Ajoutant cependant pour prouver que son but n’était pas de stigmatiser une partie de la population belge :
« […] personne ne m’a jamais taxée de raciste. Car mon constat porte plus sur la condition sociale des individus que sur leur origine ethnique: s’il y a une forte proportion d’étrangers parmi les garçons qui me font des remarques, c’est parce qu’il y a aussi une forte proportion d’étrangers parmi les populations fragilisées. »
Le deuxième impact de ce reportage, c’est que sa médiatisation a fait réagir les politiques : en ce sens, l’échevin (plus ou moins l’équivalent d’un élu adjoint) à la commune de Bruxelles Philippe Close a annoncé qu’une loi entrerait en vigueur dès septembre 2012 pour punir ce harcèlement en faisant payer une amende administrative de 250€ comme on l’apprend sur Le Vif. La porte-parole de la police Ilse Van der Keeren a annoncé au quotidien 20 minutes que les femmes qui sont victimes de harcèlement devront porter plainte pour qu’une enquête soit ouverte afin de prouver qu’elles sont bien victimes d’agression, précisant par la même que toutes les plaintes seraient prises en considération.
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