Si je témoigne aujourd’hui, c’est parce que je me trouve face au plus grand dilemme de mon existence, qui n’a rien d’anodin pour de nombreu•x•ses étudiant•es… À savoir, que vais-je faire de ma vie ? Et si je m’étais plantée depuis le début concernant mes études ?
Allez, avouez… Je suis certaine qu’au fond de vous, vous vous êtes déjà posé la question (ceci est une requête pour ne pas me sentir seule dans mon désespoir. Pitié, avouez !). Avant j’étais comme vous l’êtes peut-être, je m’interrogeais sans vraiment le faire.
Je savais où j’allais et ce que je voulais concernant mon parcours universitaire, à tel point que je prenais en pitié ceux et celles qui étaient totalement perdus quant à leur avenir, qui tentaient les filières universitaires comme on cherche un bon resto.
Ils doivent bien rire aujourd’hui, eux qui ont généralement trouvé leur voie depuis, en me regardant complètement désorientée à l’aube de ma vie active.
J’ai 22 ans (vous voyez, cette tranche d’âge où vous ne savez pas si vous devez encore vous considérer comme une grande enfant qui s’extasie toujours devant Le Roi lion, ou une jeune femme adulte et, disons-le, ennuyante), et j’entame actuellement ma cinquième année de droit.
Plus précisément, je fais un master 2 droit des assurances (je sais, à l’entendre vous vous dites qu’il y a plus sexy comme matière, mais croyez-moi, certains dossiers sont plus attractifs qu’un bon épisode d’Esprits Criminels même si mes collègues sont loin de ressembler à Shemar Moore) — master pour lequel je suis venue dans cette immense ville qu’est Paris, moi, du haut de mes 157 centimètres.
L’idée de changer de vocation
Jusqu’à il y a un an, je savais pertinemment ce que je voulais faire : être une brillante avocate en droit des affaires (« business is business » guys) ! Mais je crois qu’il y avait quelque part, enfoui au plus profond de mon être, un rêve ultime : écrire, écrire comme je l’ai toujours fait durant mon adolescence, une passion dévorante.
J’avais d’ailleurs toujours eu pour projet, à un moment dans ma carrière, d’arrêter la profession d’avocate pour écrire ce qui me passait par la tête, mon histoire, leur histoire. L’histoire de ces nombreuses personnes que j’ai rencontré au cours de ma vie et qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui, comme une sorte d’hommage.
J’ai toujours aimé le contact social, un des rares traits de ma personnalité sur lequel je n’avais aucun doute. C’est en partie pour cela que je voulais faire du droit : pour pouvoir écouter, conseiller, chercher une solution pour ces personnes en détresse…
Mais ce n’était que foutaise ! La réalité de ma future profession tenait dans cette simple phrase : « money, money, money » (traduction : du fric, du fric, du fric ! On ne sait jamais, vous pourriez ne pas le savoir) ! Voilà à quoi me menaient mes études.
C’est il y a peu que j’en ai pris conscience, en arrivant en région parisienne pour dire vrai, peut-être parce que la capitale m’apparaissait comme le lieu où tout était possible, ou tout simplement parce que je déprimais de quitter ma province natale.
Je regardais mes camarades de promo, ceux que je considérais comme mes semblables, et je les écoutais désirer gagner beaucoup, réussir à tout prix en écrasant les autres, devenir ce « requin » que je ne voulais surtout pas être : tout simplement aspirer à rentrer « dans le moule » cliché des étudiants et professionnels du droit. Cela n’a fait que conforter mon envie de me lancer dans tout autre chose.
Pourquoi avoir hésité avant de me lancer ?
Il y avait un petit « hic » à tout cela… J’avais peur ! Et en réalité, je crains toujours le changement. Comment s’y prend-on pour changer de cap sans se prendre une bonne claque dans la figure, sans être sûr•e qu’on ne fait pas d’erreurs ?
Il est là, le véritable dilemme. Mon rêve d’adolescente était d’écrire des petits articles « mode » ou très portés sur la condition féminine pour un grand magazine féminin ; mais de l’autre côté, face à ce choix d’avenir, je vivais très mal le fait de devoir abandonner mes études de droit. Après des années de travail, c’était comme si j’avais fait tout cela pour rien. Pour moi, c’était un véritable gâchis…
Mais non, je ne voulais pas. Pire encore, je ne « pouvais » pas me résigner à devoir, comme le système nous l’impose, faire une seule chose à la fois ! Moi, ce qui me branchait, c’était de pouvoir tout faire à la fois ! Toucher à tout et découvrir de nouvelles choses.
Et maintenant, je fais quoi ?
Ainsi, c’est aujourd’hui que j’ai pris ma décision : je continuerai le parcours universitaire que j’ai entamé (surtout pour éviter la pression sociale de la part de mes ami•es et de ma famille, je l’admets), et en même temps je vais m’investir dans autre chose.
Pourquoi ne pas trouver un job de pigiste à exercer de temps à autres, écrire des nouvelles (même si mon principal public restera Tiger, le chat roux de mon coloc), ou tout simplement adhérer à une association qui partage mes valeurs ?
L’idée de voir les choses sous un nouvel angle me plaît ; contrairement à ce que je pensais, ce n’est pas moi qui ferai tout pour exercer un métier quelconque, c’est la profession qui me correspond qui viendra à moi. Et c’est à ce moment-là que je ferai le choix de qui je veux être vraiment.
Il ne s’agit pas d’être forcément avocat, médecin ou psychologue, de s’enfermer dans les voies toutes tracées qu’on nous donne : il s’agit de prendre une petite partie de toutes nos passions, et d’en faire une vocation.
Je pense ainsi qu’il ne faut pas avoir peur d’utiliser toutes nos connaissances, nos attirances pour divers domaines professionnels, et de créer avec cette palette de compétences son propre métier, un métier unique qui nous reflète.
Et vous les mad’, avez-vous déjà vécu ce terrible doute concernant votre avenir, au point de tout remettre en cause ?
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