Et si la lecture faisait de nous des gens meilleurs ?
Il existe des études scientifiques qui tâchent de trouver une réponse à cette interrogation, et l’une d’elle a pris un exemple un poil connu, à savoir celui d’Harry Potter.
Harry Potter, une œuvre fantasy… et sociétale
Une étude menée en 2014 et publiée dans le Journal of Applied Social Psychology a été ressortie récemment par le site Mental Floss. Celle-ci interroge l’impact que la lecture de la série Harry Potter peut avoir sur la construction des valeurs des enfants lorsqu’ils ont grandi.
Il faut dire que sous couvert de divertissement palpitant, l’œuvre de J.K. Rowling est d’une profondeur impressionnante en termes de thématiques politiques et sociétales, que ça soit avec ses enjeux de pouvoir ou avec ses idéologies parfois extrêmes défendues par des personnages (par exemple le rejet des individus nés de parents Moldus, dits les Sang-de-Bourbe).
En créant un monde magique et imaginaire, l’auteure propose une réflexion subtile sur notre propre société.
D’ailleurs, Mircea Austen avait abordé sur le site les questions philosophiques posées par la série, et j’avais mis en lumière le thème du harcèlement scolaire très présent également dans l’œuvre.
Si l’existence des enjeux sociétaux dans la série n’est plus à défendre, il faut maintenant savoir si les enfants sont en mesure de les saisir !
Harry Potter, des livres qui rendent meilleurs ?
Des chercheurs sont donc allés plus loin dans leur questionnement autour de l’impact d’une œuvre sur les esprits, et se sont attachés à réaliser quelques expériences pour prouver dans les faits leur pensée.
Ils ont ainsi constitué des panels d’individus d’âges différents : l’un était uniquement constitué d’enfants d’une petite dizaine d’années et de nationalité italienne, un autre de lycéens, et encore un autre, cette fois-ci d’étudiants anglais.
Les enfants ont été interrogés sur leur comportement vis-à-vis des immigrés, avant d’être séparés dans des groupes d’étude de passages d’Harry Potter, ce pendant six semaines.
Une partie des enfants s’attachait à étudier des passages de l’œuvre où il était question de préjugés, et une autre partie étudiait des passages qui ne se centraient pas sur une thématique particulière.
L’expérience a montré qu’après avoir travaillé sur les passages autour des préjugés, les enfants interrogés sur les immigrés voyaient leur positionnement évoluer, et devenir plus ouverts – ce changement concernait plus particulièrement les enfants qui s’identifiaient au personnage principal.
Concernant les lycéens, il a été souligné que celles et ceux qui avaient lu le plus de livres Harry Potter (et qui se sentaient proches du personnage principal) se montraient plus ouverts d’esprit vis-à-vis de la communauté LGBT.
Enfin, les étudiants anglais ont quant à eux été interrogés par rapport aux réfugiés. Contrairement à ce qui a été montré avec les deux autres groupes, les étudiants n’ont pas montré un changement de regard particulier grâce à Harry Potter.
Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’étant plus âgés, ils ont plus de mal à s’identifier directement avec le personnage et à, du coup, en être influencés, inspirés.
Il a également été montré que si ces étudiants ne montraient pas d’affinité particulière avec Voldemort, leur jugement avait plutôt tendance à être positif !
Quelle conclusion tirer de cette étude ?
La littérature a un impact très fort sur notre construction personnelle. Elle change parfois des vies. La websérie Culte d’Arte montrait comment elle allait même jusqu’à bouleverser la manière de penser de toute une génération.
Cette étude vient en plus montrer à quel point les livres prennent part à l’éducation et l’ouverture d’esprit des plus jeunes.
Confronter les enfants à des thématiques sociétales par le prisme de l’imagination permet de construire leur esprit critique et de leur inculquer des valeurs de vivre-ensemble et de respect.
C’était d’ailleurs l’objet de mon article (plus approfondi sur le sujet) autour du roman jeunesse 5/5.
Bien que ça ne soit pas l’enjeu premier de l’écriture en littérature jeunesse, c’est une dimension à ne pas négliger, notamment dans le procédé d’écriture : c’est le moment d’éviter les lieux communs et autres clichés qui empêchent les enfants de se construire selon leur sensibilité !
Les livres, et à mon sens plus généralement la culture, est indispensable à la construction des futurs adultes qui auront à leur tour à donner de la voix pour prendre des grandes décisions.
Alors pour que celles qu’ils prennent soient les bonnes, il semblerait mieux de ne pas négliger leur bibliothèque, ni les films et autres objets culturels qu’ils consomment !
Et toi, as-tu l’impression que la série Harry Potter a participé à ta construction personnelle ?
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Edit : je viens de voir qu'en fin 2018 on fêtera les 20ans de la parution du 1er tome en France