Tu souhaites écouter cet article ?
D’autres articles à écouter en t’abonnant à notre podcast « Rockie à écouter » ! Sur Apple Podcasts (iPhone) · Sur Castbox (Android) · Sur Spotify
J’ai un sentiment qui me travaille depuis quelque temps. L’impression qu’en vieillissant, j’ai plus de mal à nouer et entretenir des amitiés. Et je me demande si je suis la seule à trouver ça plus difficile à l’âge adulte d’avoir des relations amicales qui soient profondes, sincères et épanouissantes.
Moins de temps pour développer des amitiés à l’âge adulte
Le contexte explique sûrement en grande partie cette difficulté, surtout en ce moment où je travaille beaucoup. En entrant dans la vie active, on a souvent moins de temps qu’au lycée ou pendant les études supérieures pour passer du temps avec ses potes et cultiver ses relations amicales.
Ajoute à ça les déménagements, qui voient les amitiés s’éparpiller en France, en Europe et au-delà, et on comprend bien qu’il n’est pas simple de démarrer de nouvelles amitiés à l’âge adulte et encore moins de les conserver et de les faire grandir. Mais je ne pense pas que ce soit l’unique raison…
J’ai l’impression que plus les années passent, plus j’ai du mal à être authentique et à me montrer vulnérable auprès des gens, et notamment auprès de mes ami·es. Or, pour moi, c’est un élément important d’une relation amicale : pouvoir se confier des choses et rentrer dans l’intimité d’une personne, sans jugement mais en faisant preuve de soutien et de bienveillance. Pouvoir verser son âme dans une autre âme, et vice et versa.
Continuer à se livrer dans ses relations amicales une fois devenu adulte
J’ai des ami·es de longue date, du temps où j’étais au lycée ou en études, à qui je me suis beaucoup confiée. Nous avons partagé ensemble des moments joyeux et d’autres très durs. Nous nous sommes vues malades, tristes, angoissées, jalouses, injustes, fragiles. On s’est confié des milliers de choses et pourtant, aujourd’hui, on a besoin de temps à chaque fois que l’on se retrouve pour rebriser la glace.
On passe toujours des bons moments ensemble à se marrer et à se faire des updates sur nos vies (et sur celles des autres), mais on reste parfois longtemps à évoquer des sujets superficiels ou nos souvenirs. Comme si on ne savait plus comment jouer cartes sur table et se confier avec honnêteté ce que l’on traverse et les pensées intimes que l’on ressasse.
Je dis « on », mais je suis la première concernée : j’ai énormément de mal à faire ça (même si c’est – en partie – mon taf aujourd’hui). J’ai tendance à répondre des trucs convenus aux questions que l’on me pose en mode « tout va bien, je vais bien, je ne vois pas pourquoi cela n’irait pas ». C’est si confortable de rester bien au chaud dans ma carapace, planquée derrière les barrières que j’ai construites.
Créer des conditions favorables pour avoir des discussions à cœur ouvert entre amis
C’est quand on arrive enfin à ces moments de discussion à cœur ouvert avec mes amies, que je constate à quel point ça m’avait manqué. La dernière fois, c’est lors d’une partie de Pictionnary, démarrée et jamais terminée, que les planètes se sont alignées.
J’ai remarqué que ces moments surgissent souvent quand les conditions matérielles sont réunies : du temps devant nous (et pas juste une heure pour déjeuner), un environnement calme et sans oreilles qui traînent (ce qui exclut d’office les bars bruyants et les dîners de couple).
En parlant de couple, j’ai l’impression que je suis incapable d’avoir ce genre de conversation avec mes amies quand nos mecs sont dans le coin. Pourtant, je les apprécie et je sais qu’ils seraient plutôt ouverts et à l’écoute, mais non, avec eux, on reste dans des discussions qui ne nous engagent pas trop.
En attendant de réussir à fendre l’armure aussi devant eux, je suis à chaque fois extrêmement reconnaissante pour ces moments d’échanges avec mes amies. Et je sais que j’ai aussi de la chance de vivre avec un homme auprès de qui je peux me montrer dans toute ma vulnérabilité. J’imagine que s’il n’était pas là, je me sentirai encore plus seule dans ma tour d’ivoire.
Les relations amicales à l’âge adulte et la représentation
Arrivée à ce stade de ma réflexion, je me demande si devenir adulte implique forcément d’arrêter de se montrer vulnérable. Est-ce que plus on vieillit, plus on est en représentation ? Et dans ce cas, c’est un sacré obstacle pour nouer et entretenir des relations amicales, non ? Je me pose toutes ces questions ces derniers temps et je me demande si tu traverses la même chose, ou si je suis la seule à avoir du mal à tomber le masque.
Cette impression d’être toujours en représentation, je la ressens particulièrement quand je rencontre des nouvelles personnes, en soirée ou dans d’autres contextes. J’aime bien discuter avec les gens (même si je suis un peu sauvage au premier abord), mais à un moment, l’étrangeté de la situation me frappe.
On est tous là à parler de nos métiers, de nos couples, de nos dernières vacances ou projets, mais on ne parle pas vraiment de nous. Et souvent, on met tout en œuvre, sans même en avoir conscience, pour se présenter sous notre meilleur jour. Un peu comme si Facebook et Instagram avaient commencé à déteindre sur nos relations IRL.
Se montrer vulnérable pour nouer des amitiés à l’âge adulte
Dans ce cadre, ces simples connaissances très sympathiques au demeurant, ne deviendront probablement jamais des potes et encore moins des ami·es.
En bonne introvertie, j’ai du mal à aller vers les autres en soirée et je suis toujours ravie (et soulagée) quand quelqu’un engage la conversation. Je ne parviens pas non plus à être la première à retirer le masque, pour faire autre chose que du small talk en souriant, ou échanger des commentaires sur la série du moment (enfin, sauf Game of Thrones que j’ai du mal à kiffer).
Il faut vraiment que l’autre en face de moi s’y colle, pour que je puisse aussi me montrer vulnérable et authentique, avec un vrai soulagement. Je crois que c’est ce qui s’est passé avec un couple d’amis, rencontrés récemment. Ils se sont rapidement montrés authentiques et sans fard, et c’était hyper rafraichissant et agréable de discuter avec eux. Ils m’ont rapidement donné envie de baisser le pont-levis de ma tour d’ivoire, et ça m’a rassurée de constater que je suis encore capable de le faire à bientôt 30 ans.
Pour aller plus loin :
Tu peux aller regarder la conférence TED de Brené Brown qui parle du pouvoir de la vulnérabilité.
Et toi, as-tu aussi constaté un manque d’authenticité dans tes relations amicales à l’âge adulte ? Ou au contraire, tu sais te montrer tel·le que tu es auprès de tes ami·es ? Viens en débattre dans les commentaires en bas de la page.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.