Vue de l’extérieur, la rédaction de madmoiZelle a l’air d’un lieu idyllique. D’après moi, elle l’est la plupart du temps, d’ailleurs.
Le forum de madmoiZelle, un lieu idéal pour communiquer
Ici, on peut créer à notre guise et sur le modèle que l’on souhaite, on a l’opportunité d’être nous-mêmes et une liberté éditoriale plutôt édifiante à l’heure d’un journalisme normé, presque aseptisé.
Tu vois, là par exemple je m’adresse directement à toi, en écrivant à la première personne du singulier et en te tutoyant. Très peu de rédactrices ont ce loisir.
Toutefois, tout pic de plaisir inclut une baisse à un moment donné. Appelons ça une descente, comme pour l’alcool et la drogue.
Les moments d’euphorie sont parfois contrebalancés par des phases de doute intense.
Parce qu’ici, je bosse pour Internet, le lieu où tout le monde donne son avis, le plus grand tribunal populaire. Et il faut pouvoir y supporter le procès !
Le forum par exemple, est une invention géniale et cruelle à la fois. Celui de madmoiZelle est toutefois bienveillant, prompt à communiquer et très peu sinon jamais enclin à insulter.
C’est une plateforme de discussion non seulement entre les lectrices, mais aussi entre les lectrices et les rédactrices.
Un lieu sacré que je consulte personnellement plusieurs fois par jour, de manière à voir si mes articles t’ont plu, si tu as des recommandations, ou si tu penses que j’ai dit une connerie.
J’ai toujours un œil sur le forum, même si je n’y interviens que très rarement. Justement, la semaine dernière j’ai lu quelque chose qui m’a interpellée…
Est-ce mal d’avoir « beaucoup » confiance en soi ?
C’était un commentaire laissé sous un article détaillant le contenu du podcast Laisse-moi kiffer, auquel je participe. Une lectrice me reprochait d’y prendre (beaucoup) trop de place.
Jusque-là, rien d’insultant, puisque je suis en effet une personne bruyante et volubile. Je parle fort, je donne mon avis sans qu’on me le demande, bref, je m’impose pour exister.
Et je comprends que ça puisse énerver les autres. Là-dessus, rien à dire.
C’est la suite du commentaire qui m’a fait éructer.
Celui-ci spéculait. Déjà, il faut savoir que la spéculation est une manie qui m’exaspère.
La lectrice décriait le fait que j’ai « beaucoup confiance en moi », et que d’après elle ça causait du tort aux autres, notamment aux participants du podcast.
Là, j’ai un problème.
Qu’est-ce qui laissait supposer à cette jeune femme (absolument pas mal intentionnée pourtant, j’en suis certaine), que j’ai « trop confiance en moi » ?
Pourquoi considérait-elle cet excès de confiance comme une menace pour mes comparses ?
Y a-t-il un juge suprême qui siège à la Cour de la Bienséance et s’assure que personne ne soit trop bien dans sa peau ? Et quels sont les risques d’un surplus de confiance en soi ?
J’étais perplexe. J’ai vécu une descente.
Je ne suis pas bien dans ma peau, je suis extravertie
Déjà remettons les points sur les i : avoir confiance en soi
ne peut pas faire de mal, c’est même excellent pour la santé mentale. Se kiffer, c’est important, et sache que l’on ne se kiffe jamais assez.
De plus, il est courant de constater que dans beaucoup de têtes : être extravertie = avoir confiance en soi.
Je dois donc intervenir, et te donner mon point de vue.
Pour commencer, cessons de spéculer à tout va. Personne ne peut savoir à ma place si je suis bien dans ma peau, et je ne peux pas savoir si tu es bien dans la tienne !
Ensuite, ça n’est pas parce que je parle fort, que je gesticule et que j’aime raconter ma vie dans un micro que je suis bien dans mes baskets…
Ça signifie tout simplement que je suis une personne extravertie. Et encore, même pas vraiment. Je fais SEMBLANT d’être à l’aise en toute circonstance.
Au fond de moi, je suis un machin riquiqui, un cloporte en boule que le vent fait rouler.
Un cloporte qui, s’il demeure en boule, roulerait tant qu’il passerait sous une voiture, sous les pieds des passants.
Un cloporte qui, s’il restait dans cette position, subirait l’humeur des vents, et finirait noyé, écrasé, ou ratatiné sous le poids des autres.
Et ça, ce n’est pas la vie que je veux.
Comment j’ai décidé d’oser davantage
Je ne peux pas montrer au monde ma véritable condition. Je ne peux pas lui laisser me rouler dessus, et demeurer spectatrice d’une vie où tout le monde a un rôle sauf moi.
Alors un jour j’ai décidé d’agir et de devenir un peu plus comme toutes les meufs que j’admirais, celles qui rient bruyamment, qu’on voit en soirées, qui draguent les plus beaux mecs, qui se fichent de ce que pensent les autres.
J’ai coupé le sifflet à la petite fille effrayée qui vit dans mon estomac, j’ai bouffé une tonne de Maalox et obligé mon cloporte à se tenir droit.
C’est comme ça que j’avance dans la vie désormais.
Comme ça que j’ose aller à des entretiens d’embauche sans être à 100% qualifiée, que j’ose parler plus fort qu’un mec, que j’ose donner mon opinion, que j’ose palabrer en public, que j’OSE tout court.
Tout ça n’est que du théâtre. Une comédie finalement très efficace qui a agi comme une thérapie. À force de faire semblant d’être bien dans mes pompes, je suis à deux doigts d’y faire rentrer mes grands pieds.
Et ça fait du bien.
Désormais je me sens simplement extravertie. Parler aux autres n’est pas un problème, draguer, affirmer mes opinions, tenir tête à quelqu’un non plus.
Toutefois, la confiance est encore loin d’être acquise.
Faire le distinguo être bien dans sa peau et être extraverti
Je ne suis toujours pas satisfaite quand je me regarde dans le miroir, je ne suis jamais sûre de faire du bon travail, je ne SAIS pas être satisfaite de ce que je porte, ce que je suis, ce que je deviens.
Tu vois, elle est là, la différence.
Je gueule que je suis bonnasse, mais je pense que je ne le suis pas assez voire pas du tout. Je crie plus fort que les autres mais pense que je vaux moins qu’eux.
Et ce trait de ma personnalité, tu n’as pas les cartes en mains pour le déceler.
Voilà pourquoi je ne spécule jamais sur ce que sont les autres. Il est impossible de savoir quel ego éraflé cache en réalité ta voisine derrière ses grands gestes.
Il existe une infinité de personnalités, qui évoluent toutes à leur rythme et qui font surtout comme elles peuvent.
Je crois qu’il faut laisser les gens essayer d’être qui ils veulent devenir, sans les juger et sans les accuser de trop ou de ne pas assez en faire.
Et surtout, SURTOUT, ne jamais supposer qu’avoir « beaucoup » confiance en soi est une tare. Encourageons-nous plutôt les unes les autres à être toujours mieux dans nos baskets.
Et peut-être qu’un jour on fera toutes et tous des conférences TED !
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