— Article mis à jour le 5 novembre 2018
J’ai une confession à faire et j’espère que mes erreurs serviront à d’autres : je suis une mauvaise amie.
Une amie moisie. Surtout comparée à mes amis…
Je suis une mauvaise amie à distance
Main dans la main avec toi (je sais, j’ai les mains moites, mais chut, ne dis rien et fais comme si c’était de l’eau), j’ai décidé de faire l’état des choses qui font de moi l’une des amies les plus pourries de tous les temps.
Cette image est tout bonnement répugnante.
Avec les études, les opportunités professionnelles, les coups de foudre à l’étranger et les coups de coeur pour des pays qui ne sont pas le nôtre, certaines de mes amies sont loin, et je suis partie loin de certaines de mes amies.
C’est la vie d’adulte qui commence, c’est comme ça que ça se passe, c’est logique.
[rightquote]Je repousse chaque jour le moment où je leur écrirai ou les appellerai sans raison apparente[/rightquote]
Évidemment chaque fois que l’une d’entre elles est partie loin de moi, je lui ai promis avec des larmes dans les yeux et une fièvre monstre dénotant d’un certain traumatisme que je la skyperai et lui écrirai tous les jours.
Ce que je fais toujours… Le temps d’une semaine.
Je suis une amie qui procrastine
Une semaine à l’issue de laquelle je me promets de lui écrire toutes les semaines. Ce que je ne fais plus ou moins jamais, me contentant de lui parler tous les 6 mois si on arrivait à se capter par hasard en webcam.
Mais pourquoi une telle procrastination ?
Je sais même pas vraiment ; je repousse chaque jour le moment où je leur écrirai ou les appellerai sans raison apparente.
Bien sûr, j’ai souvent des choses à faire le soir en rentrant chez moi, mais très sincèrement je pense que je pourrais me passer de mon épilation à la pince à épiler devant l’Amour est dans le pré
pendant ne serait-ce que 10 minutes.
Car l’amitié n’est pas si loin de l’image que s’en font les Sims et un coup de fil suffit à regagner quelques points dans le coeur de l’autre.
L’amitié, c’est simple comme une conversation en slip.
Je me confie peu à mes amis
S’il n’y avait que la procrastination entre le statut de bonne pote et moi, ça se saurait : je suis également du genre à me sous-estimer au point de penser que mes amies se fichent pas mal de savoir ce qu’il advient de moi.
C’est ainsi que ma meilleure amie ne sait toujours pas que je suis embauchée à plein temps depuis plusieurs semaines. C’est aussi pour cette raison que je ne dis jamais quand je traverse un coup de mou, ou quand je traverse une phase de bonheur intense.
J’ai bien conscience que c’est surtout moi que je prive dans ces cas-là, que je suis la seule à véritablement pâtir de ce non-partage d’informations, que je serais mille fois plus heureuse de partager tout ça avec les filles les plus cool du monde et que les moments de lose ne seraient qu’une mauvaise passe en les sachant à mes côtés.
C’est juste que je suis plus con qu’un cornichon élevé par Mickaël Vendetta.
Je ne montre pas de soutien à mes amis
Si je me sors un peu la tête du nombril, je réalise que je suis surtout une amie en carton pour l’absence de soutien dont je sais faire preuve : quand mes amies m’annoncent une très mauvaise nouvelle pour elles, mon absence de réactions n’a d’égal que l’implosion de l’organe qui assure la circulation de mon sang à l’idée de les savoir malheureuses.
Parfois, l’alcool aidant, je fais une tentative pour les prendre dans mes bras dans ces moments-là, mais j’ai comme qui dirait un net problème de timing, choisissant de me jeter maladroitement sur elles quand elles ont la main sur la poignée des toilettes, alors qu’elles sont en plein milieu d’une phrase ou pendant qu’elles sont au téléphone avec quelqu’un d’autre.
Je suis, face à une détresse qui me touche, l’awkwardness incarnée : tel un éléphant saoulé à la téquila avec des Kickers trop grandes aux pieds, une patte en moins et un ongle incarné dans un magasin de porcelaine, plus je prends soin de mon environnement et plus je le détériore.
Alors tu pourrais me dire :
« Au fond, c’est peut-être que tu ne tiens pas tant que ça à elles, que tu n’as pas trouvé les amies avec un grand A qui te feront changer ».
Pourtant mes amis sont des perles
Rien n’est plus faux : je suis parfaitement consciente qu’elles sont des perles, toutes autant qu’elles sont. Que je ne serai pas celle que je suis aujourd’hui sans les deux qui m’ont vue grandir et ont rendu mon adolescence moins difficile à passer à coup d’humour bien gras.
Que je serai toujours en train de penser que je suis incapable de vivre avec autrui sans celles qui m’ont supporté tous les jours pendant deux ans. Que je serai mille fois plus coincée de la fesse si une autre ne m’avait pas appris à dire ce que je pensais et à rentrer dans la couenne.
Chacune d’entre elles – qu’elles aient capitulé ou qu’elles soient toujours prêtes à répondre à mes coups de téléphone – a profondément oeuvré à faire de moi une fille chaque jour un peu moins complexée, un peu plus ouverte aux autres, un peu moins moisie du trognon.
Je sais pas pourquoi, et peut-être que je me trompe, mais j’imagine que je devrais peut-être leur dire tout ça, un jour.
Mais sachant que je me sens déjà nue comme un ver sans slip, j’ai comme l’impression que ça sera pas pour demain.
En attendant, je vais retourner dans mon mutisme amical et me garderai bien de leur faire tourner cet article en bonne bloquée de la raie que je suis.
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Les Commentaires
Je vois ce que tu veux dire pour le tempérament d'ado, je suis encore en plein dedans. Une adulte récalcitrante on va dire. J'ai de la chance, mon copain et ses potes (ceux que je fréquente le plus par la force des choses) sont dans cet état d'esprit là. Quand je vois des amies du lycées ou autres qui sont casées, installées, maman etc. je me sens en décalage total. Elles me posent des questions sur moi et mon avenir et j'ai le sentiment d'être en troisième devant mon prof principal, c'est tellement nul. Du coup ce n'est plus vers moi qu'elles se tournent quand elles ont besoin de se confier, etc, parce que je les comprends moins qu'avant. Non pas que je le regrette mais c'est vrai que grandir avec des priorités différentes met à mal les amitiés "superficielles".