Le 31 juillet 2018
Hé, j’ai un scoop !
Pour avoir moins chaud, il faut se découvrir. Porter des vêtements de type short, jupe, débardeur et t-shirt.
Si tu me connaissais personnellement, tu remarquerais rapidement que pour moi toute l’année c’est jean baskets, si possible avec bonus gros pull informe, et grosse écharpe/plaid/tente/couette.
Alors quand je me plains que j’ai chaud à Paris pendant la canicule, on me sort avec désinvolture « mais tu mets pas de short ? »
Merci captain obvious ! Mais c’est un peu plus complexe que ça dans ma tête.
Ma phobie des magasins m’empêche d’acheter un short
Deuxième scoop : non ! Je n’ai pas de short.
Véridique.
J’ai la phobie des magasins, donc depuis trois ou quatre ans j’achète mes vêtements exclusivement sur internet. De la paire de chaussettes au manteau, en passant par le sac et les chaussures.
Que ceux qui aiment s’enfermer dans des magasins remplis de gens, et se regarder devant un miroir toute la journée pour acheter de quoi s’habiller m’expliquent pourquoi… Vraiment.
J’ai mis du temps avant de me rendre compte que c’était une réelle phobie. Phobie de la foule, de mon propre regard sur mon corps, et phobie du jugement sur mes choix vestimentaires.
Et non, quand je fais mon shopping en ligne, il ne me vient pas une seconde à l’idée de chercher un short, même par 35°C.
Je ne veux pas montrer mon corps
Les raisons pour lesquelles je n’aime pas découvrir mes jambes sont multiples, classiques, assez facilement identifiables. Et elles résultent encore une fois d’un combat entre mon propre regard sur moi-même, et celui des autres.
Depuis que j’ai 10 ans je subis le regard des hommes. Je me souviens de la première fois où j’ai demandé à ma mère pourquoi un monsieur – qui avait l’âge d’être mon père – me regardait.
Pendant mon adolescence, j’ai dû gérer mon adaptation à mon corps qui changeait.
En même temps il a fallu composer avec tout ce que me renvoyait mon entourage et les gens que je croisais dans la rue, qui se sentaient légitimes de me faire leurs remarques
.
Alors petit à petit j’ai développé des techniques de camouflage et d’effacement : camouflage de mes formes, de mes seins, de mes fesses. Technique de caméléon pour m’invisibiliser le plus possible et arrêter de sentir les regards sur moi.
Adolescente, je préfèrerais être en nage, transpirer par tous mes pores et garder mon gilet dans le métro, que de l’enlever et de laisser transparaitre ma poitrine ou n’importe quelle parcelle de ma peau nue.
Alors mettre un short ? Really ?
Le cercle vicieux des complexes en été
Aujourd’hui je ne suis plus adolescente, mais découvrir mes jambes est toujours impensable pour moi. Et surtout dans Paris et sa banlieue, où la proximité forcée avec les gens m’est parfois insupportable (coucou les transports en commun).
Mettre un short ou une jupe ferait apparaître mes jambes de 10 km de long, et surtout… Je les déteste ! Trop de cellulite, peau trop blanche (à force de les couvrir, oui, je sais), jambes trop longues…
J’ai beau être fine, grande, et rentrer dans les standards de beauté, mon regard sur mon corps est loin d’être tendre.
Et non, se prendre des réflexions « positives » tous les jours en cours, au travail, ou dans la rue pendant son adolescence et sa vie de femme n’aide pas à se sentir mieux dans son corps.
Alors je m’enferme dans un charmant petit cercle vicieux : je n’aime pas la chaleur, mais je n’aime pas me découvrir, donc j’ai encore plus chaud, donc je déteste encore plus l’été. CQFD.
Mais je ne perds pas espoir, winter is coming…
Faire le point sur mes complexes en été
Malgré tout, chaque année, l’été est pour moi l’occasion de faire le point sur où j’en suis dans la façon dont je perçois mon corps.
Quels ont été mes petits progrès, ou mes non-progrès, est-ce que je gère mieux le regard des autres sur moi, est-ce que je vais finir par m’en foutre et aimer mon corps ?
Et devinez-quoi, cette année… Toujours pas de short !
Bon, j’observe quand même quelques progrès : dénuder le haut de mon corps, m’en foutre de mettre des décolletés, montrer ma peau même quand elle n’est pas épilée au millimètre près…
J’ai aussi moins de bouffées de chaleur de stress quand je suis avec plus de cinq personnes dans une même pièce, mais pour ce qui est des jambes à l’air… je suis encore loin de pouvoir l’assumer.
Alors je me fixe des petits objectifs appliqués à ma sphère privée, qui j’espère se répercuteront quand je sors de chez moi.
Sortir les poubelles les jambes à l’air, passer plus de temps toute nue quand je suis chez moi… Et cliquer sur les pages « shorts » et « jupes » des sites de ventes de fringues que je consulte !
Qui sait, peut-être que j’en aurais au moins un pour l’été prochain ?
Et toi, est-ce que tu as des petits complexes qui montrent le bout de leur nez en été ?
À lire aussi : L’été où j’ai appris à aimer mon corps
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Le climat a gagné, et au final moi aussi, parce que dès que je sens un mini courant d’air dans les cuisses ou le ventre, j’ai un soupir de soulagement (limite de bonheur) et je ne pense plus jamais à ma peau blanche quand je sors de mon appart!