C’est l’heure des élections de mi-mandat aux États-Unis. Les fameuses midterms auront lieu ce mardi 8 novembre et les résultats seront plus scrutés que jamais. Comme leur nom l’indique, les élections de mi-mandat interviennent deux ans après l’élection du Président des États-Unis. Elles permettent de renouveler l’ensemble de la Chambre des Représentants, un tiers du Sénat et deux tiers des gouverneurs.
Autrement dit, elles sont capitales, car leur résultat sera décisif pour la seconde moitié du mandat présidentiel. Les dernières élections de mi-mandat durant la présidence de Donald Trump avaient notamment permis une résistance bienvenue du parti démocrate à travers l’émergence de plusieurs élues engagées et progressistes devenues incontournables, telles qu’Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar ou encore Cori Bush.
Le droit à l’IVG, argument phare du programme démocrate
Dans un pays déjà quasi coupé en deux, polarisé, et alors que Donald Trump laisse déjà entendre qu’il prépare son grand retour pour l’élection de 2024, le camp démocrate de Joe Biden a notamment misé sur la question de l’avortement. Le 24 juin 2022, la Cour suprême a abrogé l’arrêt Roe v. Wade remettant ainsi en cause le droit à l’IVG sur l’ensemble du territoire. Depuis, plus d’une dizaine États l’ont restreint de façon drastique.
Le camp démocrate a donc mis les bouchées doubles sur cet enjeu pendant la campagne des élections de mi-mandat dans l’espoir de toucher un électorat sensible à la défense des droits sexuels et reproductifs. Faire de l’avortement un sujet-clef de ces mid-terms, bonne ou mauvaise stratégie ?
Selon un sondage de ABC News et du Washington Post mené fin septembre, 64% des personnes interrogées désapprouvent la décision d’abroger Roe v. Wade par la Cour suprême en juin dernier.
Plus récemment, un autre sondage de la Kaiser Family Foundation a montré que la défense de l’accès à l’IVG est effectivement un motif déterminant pour les électeurs et les électrices : « Plus de quatre électrices sur dix (44%), entre 18 et 49 ans, affirment qu’elles sont plus motivées à voter cette année en comparaison aux élections précédentes, et la plupart d’entre elles (59%) affirment que la décision de la Cour suprême d’abroger Roe v. Wade les a rendues plus enclines à aller voter ».
L’avortement, un sujet (suffisamment) important ?
Néanmoins, d’autres thèmes passent largement devant la défense du droit à l’IVG : l’économie (cité par 84% des personnes interrogées), l’éducation (77%) ou encore l’inflation (76%) sont davantage cités par les futures électrices et électeurs quant à leurs priorités, selon le sondage de ABC News et Washington Post.
Cité par 62% des personnes interrogées, l’avortement peut donc être identifié comme un symbole fort de cette élection, un rappel que la liberté de choix est un enjeu emblématique auquel la population est particulièrement attachée et qu’elle souhaite défendre.
Certaines candidates démocrates en ont justement fait un enjeu fort de leur campagne, à l’instar de Jeannine Lee Lake dans une circonscription dominée par les Républicains dans l’Indiana, comme le montre ce reportage du journaliste Oliver Laughland :
La voix de cette candidate est d’autant plus forte qu’elle-même a recouru à l’avortement quand elle était jeune, contre l’avis de ses parents, après avoir subi un viol.
« Où vous vivez n’aura pas d’importance » : la mise en garde de Joe Biden
« Je vous demande de vous souvenir de ce que vous avez ressenti quand la décision a été rendue et que Roe a été abrogée au bout de 50 ans. La colère, l’inquiétude, la stupéfaction. Si vous tenez au droit de pouvoir choisir, alors vous devez voter »
Lors d’un discours prononcé mi-octobre, Joe Biden ne pouvait pas être plus clair en appelant les électeurs et électrices démocrates à aller aux urnes en pensant à l’impact de leur choix. Devant une bannière où étaient inscrits les mots « Restore Roe » (« Rétablissons Roe »), le président des États-Unis a rappelé qu’une victoire du camp républicain signifierait une interdiction nationale du droit à l’IVG. « Où vous vivez n’aura pas d’importance », a-t-il mis en garde.
À l’heure actuelle, certains États font figure de refuge pour les personnes qui vivent dans un État ayant interdit l’avortement et ayant besoin de se rendre dans une clinique qui le pratique. Mais pour combien de temps encore ?
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Crédit photo : Mark Dixon via Flickr
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