Cinq morts et 25 personnes blessées. C’est le bilan de la tuerie qui s’est déroulée samedi 19 novembre, peu avant minuit dans un club LGBTQI+ de Colorado Springs, dans le Colorado, le club Q.
Avant l’intervention de la police, plusieurs témoins affirment que ce sont des personnes présentes dans le club qui sont intervenues pour tenter de maîtriser l’assaillant.
« Nous ne sommes plus en sécurité et notre communauté est brisée », résume Joshua Thurman, témoin de l’attaque encore sous le choc, qui a répondu à de nombreux médias au petit matin. Lui était venu fêter son anniversaire dans ce lieu unique de Colorado Springs.
La date de cet attentat n’a rien d’anodin : l’attaque de ce lieu LGBTQI+ a eu lieu à la veille du TDoR, journée du souvenir trans, alors même que le Club Q allait accueillir plusieurs événements à cette occasion, un brunch et un spectacle de drag queens.
Le tueur présumé, Anderson Lee Aldrich, 22 ans, a été arrêté. Le gouverneur du Colorado a annoncé que les drapeaux seraient en berne jusqu’au 26 novembre, en hommage aux cinq personnes tuées. Parmi elles, deux barmans du Club Q, Daniel Aston et Derrick Rump :
Des réactions politiques n’ont pas tardé à apparaître, dans ce pays tristement habitué des tueries de masse, y compris venant de personnalités homophobes. C’est notamment la représentante Alexandria Ocasio-Cortez qui a répondu à l’une d’elles :
« Vous avez joué un rôle majeur dans la montée de la rhétorique anti-LGBT+ et des mensonges anti-trans alors que vous passiez votre temps au Congrès à bloquer les lois les plus sensées sur le contrôle des armes à feu. Vous ne vous en tirerez pas avec des “pensées et prières”. Faites votre examen de conscience et évoluez. »
Les conséquences d’une parole homophobe et transphobe décomplexée ?
Le signe alarmant d’un climat délétère, mais surtout d’un retour en arrière ? Viser des lieux de fête LGBTQI+ n’a rien d’insignifiant : ces attaques sèment la violence et la mort dans des endroits bâtis pour être des endroits où toute personne LGBTQI+ peut trouver un refuge et être elle-même, être protégée et faire communauté avec les siens. Ces endroits d’où sont justement partis des élans de résistance dans les années 60 contre la répression policière, à San Francisco à la Compton’s Cafeteria en 1966, puis à New York avec les émeutes de Stonewall en 1969.
La tuerie fait évidemment écho à celle du Pulp à Orlando le 12 juin 2016, l’une des attaques les plus meurtrières depuis le 11 septembre 2001 aux États-Unis, qui avait fait près d’une cinquantaine de morts et ébranlé le monde entier, mais aussi celle d’Oslo le 25 juin dernier ou de Bratislava le 13 octobre dernier.
Si les motivations du tueur présumé ne sont pas encore connues, de nombreux activistes états-uniens pointent la responsabilité de celles et ceux qui attisent et entretiennent la haine à l’égard des personnes LGBTQI+, qu’ils soient éditorialistes ou élus. Sans oublier que ces discours de haine interviennent dans un contexte de recul législatif : plusieurs États des États-Unis ont effectué des retours en arrière particulièrement inquiétants, notamment avec la loi Don’t Say Gay en Floride, mais aussi de nombreuses lois empêchant l’accès aux soins pour les personnes trans ou les restreignent dans leur pratique sportive.
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Crédit photo : 9NEWS (capture)
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