Le 22 mars 2006, l’organisation terroriste basque ETA a annoncé un cessez-le-feu permanent, à l’image du nord de l’Irlande. Cet événement invite à revenir sur l’histoire d’ETA.
1959 : c’est la date de la création de l’ETA, soit en basque Euskadi ta Askatasuna (pays basque et liberté). A l’époque, l’Espagne est sous la dictature de Franco et ce groupe composé de nationalistes radicaux s’est créé en rompant avec le PNV, parti nationaliste basque créé dès 1895. Les dissidents de ce parti, donc, s’en sont séparés car ils estimaient la lutte armée comme un élément indispensable à leurs revendications. Ainsi une fois ce groupe formé, toujours sous Franco, ETA apparaît comme révolutionnaire, antifranquiste. Selon ses principes, donc, commence la lutte armée, d’abord en 1961 par des actions violentes qui ne font pas de victimes puis, en 1968, par le premier assassinat commis au nom de l’organisation (celui d’un policier). A cette époque, comme en 1970 avec le procès de Burgos où certains etarras (combattants de ETA) sont condamnés à mort, l’opinion publique se range en majorité du côté d’ETA et contre la répression franquiste.
En 1973, l’organisation fait parler d’elle à travers le monde avec l’assassinat en plein Madrid de l’amiral Luis Carrero Blanco, membre du gouvernement de Franco ; qui meurt lui-même deux ans plus tard.
1979 pourrait être considéré comme un tournant dans l’action d’ETA et pourtant, l’organisation ne se satisfait pas de l’autonomie obtenue à cette date et approuvée par référendum à 90%. ETA et sa vitrine politique, Herri Batasuna (unité populaire), avaient en effet appelé à l’abstention. Ils ne renoncent pas à l’indépendance, d’autant plus qu’avec la fin de la dictature, les victimes de la répression de celle-ci profitent d’une loi d’amnistie.
A partir de là, la lutte armée est plus active que jamais et entend parvenir à la constitution d’un Etat basque indépendant, réunifié c’est-à-dire comprenant la partie française (morceau du département des Pyrénées-Atlantiques) et la communauté de Navarre (non comprise dans la communauté autonome basque) et bascophone. Les victimes des attentats de l’organisation sont de plus en plus nombreuses et finissent par susciter la colère de la population, qui crée Basta Ya, "initiative citoyenne" opposée à la violence d’ETA.
En 1998, l’organisation déclare une trêve qui, à l’image de celle de 1989 qui n’avait duré que quatre mois, cesse l’année suivante. Elle reprend ainsi la lutte armée en 2000. Son dernier attentat meurtrier est celui de deux policiers, en 2003, à la suite de l’interdiction de son organisation politique Batasuna. (Presque neuf cents personnes ont été victimes de l’organisation.)
Les attentats du 11 mars 2004, bien que n’ayant pas été faits par l’organisation, rentrent tout de même dans son histoire dans la mesure où c’est d’abord ETA qui a été accusé par le gouvernement d’Aznar.
Certains pensent aujourd’hui que c’est face à l’horreur de ces attentats (ils ont fait 190 morts et 2000 blessés) qui lui ont d’abord été attribués, que l’organisation a décidé de déposer les armes pour se consacrer à la création du dialogue avec le gouvernement de José Luis Rodrìguez Zapatero, comprenant que désormais, la population espagnole ne justifiait plus ce recours au terrorisme.
: : Et toi, qu’en penses-tu ? Estimes-tu qu’il est possible, après tant d’années de terrorisme et un tel nombre de victimes, de déposer définitivement les armes et de se contenter du dialogue avec le gouvernement, voire de retrouver une certaine crédibilité auprès du peuple espagnol ? Selon toi, est-ce autre chose que son affaiblissement qui a poussé l’organisation à prendre la décision de ce cessez-le-feu permanent ? Est-ce que tu penses que cela va durer et être efficace ?
Plus encore, est-ce que tu penses que le recours au terrorisme peut être justifié d’une façon ou d’une autre, par exemple lorsqu’il ne fait aucune victime ? Penses-tu que le recours à la violence et à la lutte armée puisse s’avérer nécessaire pour une organisation qui entend arriver à ses fins ? Le débat est lancé sur le forum.
Sources : "De l’antifranquisme aux attentats, histoire d’une cause dévoyée", écrit par Michel Bole-Richard en 1996
Courrier International n°804 (30/3 – 5/4 2006), dossier "Sortir du terrorisme"
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