“ Le père d’Audrey Pulvar, candidate aux régionales en Île-de-France, accusé de pédophilie ”. Voici le titre d’un article de France Bleu publié ce samedi 6 février accompagné d’une photo de l’ex-journaliste.
Malheureusement, ce n’est pas le seul média à avoir opté pour cette approche, alors que les accusations concernent Marc Pulvar, le père de la journaliste. Titrailles, illustrations… Le traitement médiatique des accusations d’agressions sexuelles ou des crimes commis par les hommes interroge.
Un crime commis par un homme ? Vite, cherchons une femme à pointer du doigt !
Suite aux révélations sur Marc Pulvar, fondateur de la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais, décédé en 2008 et accusé d’être un « prédateur sexuel » par ses trois nièces, Audrey Pulvar a été prise pour cible. Certains médias ont préféré traiter l’information à travers le prisme de la fille. Une erreur certes, mais loin d’être anodine ou inédite.
Lorsque des faits répréhensibles sont commis par des hommes, le tribunal médiatique et parfois même la société pointent du doigt l’entourage et plus particulièrement les femmes.
Ce fut le cas de la chanteuse Angèle quand son frère, le rappeur Roméo Elvis, a été accusé d’agression sexuelle.Très vite sur les réseaux sociaux, les internautes ont préféré attaquer la soeur en pointant du doigt “son militantisme féministe à double vitesse”.
Récemment, un article du magazine Elle intitulé « Inceste, ces mères qui laissent faire » a préféré se concentrer – du moins dans le titre – sur les mères des enfants victimes d’inceste plutôt que de dénoncer d’abord les agresseurs.
Et on peut continuer ainsi encore longtemps en citant par exemple Rachida Dati qui, alors ministre de la Justice, avait été sous le feu des critiques lors de la condamnation de son frère à un an de prison ferme pour trafic de stupéfiants.
Comment faire pour que les hommes cessent de violer ?
Peu importe la gravité des actes ou si ces femmes ont apporté leurs soutiens aux victimes, elles se retrouvent à leur corps défendant sur le banc des accusés. Leur seul crime est d’avoir une filiation avec l’agresseur ou le délinquant.
Peut-on être à la fois mère, femme politique, chanteuse féministe et avoir dans son entourage des hommes aux comportements misogynes ou criminels ? Spoiler : Oui.
On n’hérite pas pour autant de la responsabilité de leurs actions ! Celle-ci incombe exclusivement aux hommes. La question n’est pas “comment les femmes peuvent-elles empêcher les attitudes toxiques des hommes de leur entourage ?” mais “comment la gente masculine doit-elle se prendre en main ?!”.
Récemment, une question posée par @Melusine_2, militante féministe a émergé sur Twitter
: « Comment faire pour que les hommes cessent de violer ? « . Une interrogation légitime et nécessaire qui repose sur les épaules des hommes et se traite à l’échelle d’une société toute entière.
Audrey Pulvar soutenue par plusieurs personnalités
Face au traitement subi par Audrey Pulvar, des personnalités ont pris la parole pour la défendre. Interrogée sur le sujet, la ministre Marlène Schiappa a affirmé sur le plateau de BFM :
“J’étais très choquée de découvrir des invectives sur les réseaux sociaux à l’égard d’Audrey Pulvar. […] Ce n’est pas féministe, et ce n’est pas en lançant un cyberharcèlement à son encontre qu’on obtient justice contre les agissements de son père.”
Une position partagée par Valérie Rey-Robert, militante féministe et autrice, qui met en lumière la célérité avec laquelle les médias font du « name dropping » quand c’est pour accuser une femme.
https://twitter.com/valerieCG/status/1358412525688258561
De son côté, la sénatrice Laurence Rossignol a fait part de son mépris sur Twitter :
» Tout mon soutien à Audrey Pulvar dont les propos sont sans ambiguïtés. Et toute mon affection car un père criminel reste un père, et il faut une sacrée force pour vivre avec un tel fardeau ».
Peu importe, si les femmes ignoraient les actes commis par leur proche ou si elles prennent leurs distances avec le responsable, elles restent dans la conscience collective comme étant responsable des maux causés par les hommes de leur entourage.
Pour finir, voici un passage du livre Mille soleils splendides de Khaled Hosseini (éd. Belfond) auquel j’ai pensé instantanément à la lecture des tweets et des articles ce week-end :
» Ouvre tes oreilles en grand et retiens bien la leçon : de même que l’aiguille d’une boussole indique le nord, un homme qui cherche un coupable montrera toujours une femme du doigt. Toujours ».
Crédit photo : Jeanne Menjoulet / Flicr
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