Samedi dernier, j’ai failli laisser ma couenne dans un accident de carrosse. En plein triple Lutz sur l’autoroute, je me disais que si je mourais, je pourrais même pas vous raconter comment c’est de l’autre côté. Je mets donc à profit le fait d’être stand alive pour nous transporter dans l’au de pluie dans l’eau delà haut (saxophone).
Et si j’étais morte, comment ça se serait passé ? (Ma mère va pleurer, mais Claudette, calme-toi ce n’est qu’un docu fiction !) Est ce que j’aurais filé à l’Élysée, aux enfers, ou bien aurais-je eu droit de réparer mes bitcheries en passant par le purgatoire ?
La grande faucheuse n'est pas celle que vous croyez
Quand on leur parle du paradis, souvent les gens décrivent un lieu ensoleillé et utilisent le mot « cocotier ». Mais je suis désolée, nul besoin de canner pour trouver un tel cadre, faut juste poser des jours de congés, bleuter ou se faire virer pour faute grave. Non moi, le paradis je le vois plutôt comme un endroit où les hamburgers sont fat free et où les vendeuses te font – 70 % à la caisse alors qu’il n’y avait qu’une pastille bleue sur l’étiquette (Rappel sémantique : pastille bleue = -30 %). Et puis comme j’aime bien mettre à profit mon temps libre, je parlerais à Idi Imin Dada qui aurait acheté sa place au paradis pour lui dire « mais mec, t’as pas un tout petit peu l’impression d’avoir déconné ? »
Au paradis, j’aurais pas besoin de m’épiler et j’aurais à dispo 6,8 milliards de chaînes de télé, puisqu’on aurait fenêtre sur le monde vivant. J’entendrais mes exs parler de moi depuis le sous-sol, ils diraient « c’était vraiment la fille la plus chouette que j’ai rencontré, une grande âme ouais » + larmiche sincère.
Voilà pour ce qui est de la version ensoleillée de ma reconversion finale. Mais j’ai appris qu’il fallait toujours avoir un plan B et du Labello dans son sac, voilà donc mon trépas version middle class, soit le purgatoire où je serais face à mes erreurs.
Bonjour je viens pour le purgatoire
Oui, très bien, installez-vous, monsieur Pierre va vous recevoir
Talons qui s’en vont
réflexion interne : putain même au ciel y’a des meufs qui portent des chaussures en plastique c’est chaud ça.
Je vous ai entendu mademoiselle.
Ah ouais c’est vrai, faut que je fasse gaffe à ça. Pardon madame.
Qu’est ce que je vais bien pouvoir purger moi, j’ai rien de méchant sur mon CV, ou alors je l’occulte avec brio parce que j’en ai aucun souvenir. Quoi que. Oui, bon y’a peut-être quelques bitcheries hors taxes par ci par là, mais si on compte les centimes après la virgule on n’en finit jamais.
…
Et puis peut-être ce garçon, qui m’a avoué être vierge et que j’ai dépucelé avec la même curiosité qu’on goûte un yaourt au lait entier. Mais bon, il avait pas l’air trop mal après… Jusqu’à ce que je lui dise que tout était fini le lendemain… Bref.
…
Ah merde, j’avais oublié les nombreux mensonges à mes parents, les trous de shit dans la moquette, les fêtes à 12 000, l’argenterie, les virées sans permis, les fois où j’ai regardé ma mère comme Piper Halliwell aurait regardé la Source du mal. Bon, maman, sorry seems to be quoi.
…
Le reste, j’peux pas en parler, y’a pas prescription. A dans 5 ans !
Putain j’espère que Pierrot a un petit début d’Alzheimer sans quoi je suis bonne pour faire la vaisselle pendant un bon moment. Et s’il me tamponnait pas, et si j’étais pas réformée ? Tu te rends compte, il ne me resterait plus qu’à prendre un billet brûlant pour les enfers ! Mon Dieu ! Les Hadès ! Le Cerbère ! J’aime pas les gros chiens ! Qu’est ce que je vais devenir ?
(Teaser adjugé)
(Voix de quand le conseiller Orange décroche enfin) « Bonjour, je souhaiterais s’il vous plaît un billet 2nde classe pour les Enfers, départ dès que possible depuis cette gare merci ».
Ah merde, ils t’ont pas laissé passer. T’as fait quoi ? Homicide ? Viol ? Attentat ?
Non, j’étais une bitch sale.
Ah ouais ch’connais ouais. Bon bah écoute, t’en fais pas, tu vas retrouver des consœurs en bas, des putes ici c’est pas ce qui manque. Tiens, départ à 16h66 quai 7.
Mais mec, 16h66 c’est pas une heure du catalogue ça…
Ha Ha, ouais ch’sais, c’est 17h06 en fait, mais c’est pour détendre un peu les arrivants, sont aussi stressés que quand ils étaient en vie, en mode Métro les mecs quoi, comme s’ils étaient pressés de descendre. C’est bon 5 minutes hé !
… Bonne journée monsieur.
Ouais salut, hé, hé… Bonne éternité !
Super.
(Désolé c’est un peu long, il m’a tenu la jambe)
Sisyphe en mode Galère
DONC : en Enfer, je pense que je trouverais que des gens comme le mec ci-dessus. Des gens comme à la SNCF, comme chez SFR, comme au SAV Boulanger : qui disent en 19 phrases ce qu’on peut dire en une. Dieu est pas con, il sait que c’est ce qui me chagrine le plus sur terre. Et puis je crois aussi qu’en Enfer, il n’y a que des magasins tout pourris où on trouve jamais rien, ou que des associations de couleur pas homologuées, du style marron/noir, ou vert/rouge, ou encore rayures + motifs savane. En Enfer les pizzas sont servies tièdes avec des poivrons trop gras en garniture et les filles ont les ongles de pied trop longs. Je le sens, en bas on dort pas bien, on se réveille en sursaut et il est que 3h12. Bref, c’est pas un enfer genre Sisyphe où tu sais que tu sais que tu vas galérer pour des siècles et des siècles, mais une série de petites merdes quotidiennes qui te refilent le cafard à peine tu venais de te débarrasser de ton dernier spleen.
Comme je n’ai jamais eu l’occasion de discuter avec quelqu’un qui avait vu le tunnel (sauf une dame dans un reportage de mystère, l’émission de Jacques Pradel, mais c’est tout), je ne peux que supputer que la réincarnation est une sorte de remise en liberté pour bonne conduite. Sauf que tu reviens en une autre personne parce que si tu réapparaissais en disant « coucou », genre trois ans après que ta famille ait jeté une pelletée de terreau sur ta boîte en noble sapin, ça ferait pas propre.
Je ne sais pas bien en qui j’aimerais être réincarné, bien que la question m’ait souvent été posée dans des chaînes de mails. Je fais d’ors et déjà une croix sur un des enfants Brangelina, il paraît que la liste d’attente est plus longue que pour le Superball et en plus la famille s’engueule tout le temps en ce moment. J’oublie également tout ce qui est clinique de stars à Los Angeles, j’ai pas envie de tomber sur une mère shtarbée comme Sharon Stone qui m’injecterait du botox dans le gros Jules tout ça parce que je schlingue un peu des ièp en été.
Si vous avez des idées de réincarnations sympa, n’hésitez pas à proposer. Et en attendant, ladies and Finkelkraut, puisque ça n’a pas encore l’air de sentir l’écurie pour ma peau, je vais profiter de la vie et je te souhaite de faire de même, tant qu’il est encore temps.
Amen.
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Les Commentaires
Les femmes sont toutes les mêmes. Je veux le même paradis, avec McDo pour pas un gramme et fringues à gogo. Ca ferait du bien à ma garde robe *_*