Il y a ce très beau titre, d’abord, qui m’a tout de suite attiré. Et puis cette couverture, étonnante (ou pas, pour celles qui connaissent l’histoire). Et j’ai bien fait de plonger dans ce livre beau et incroyable. Incroyable d’humanité. Petite rencontre…
7 août 1974. Le jour se lève, et les New-yorkais vont au travail, comme chaque jour, tête baissés et les mains dans les poches. Et puis, un par un, ils vont lever la tête. Pour voir ce qui dépasse l’entendement. Là-haut, tout en haut du World Trade Center, un fil, entre les deux tours, et un homme, sur le fil. Un homme qui avance, un homme qui semble danser, sauter, s’allonger. Jouant avec le fil, avec le vent, avec la vie. Tous ces New-yorkais retenant leur souffle, attendant quelque chose. Mais quoi ? Qu’il tombe ? Qu’il disparaisse comme si tout ça n’était qu’un tour de magie ?
Mais ce livre, ce n’est pas simplement l’exploit doux-dingue de Philippe Petit. C’est aussi l’histoire d’un moine irlandais, envoyé à New York, dans un coin malfamé, parce qu’on ne sait pas trop ou l’envoyer. Pas vraiment un moine en fait, plutôt un ange. L’ange des désespérés, des laissés-pour-compte. Et son frangin, venu le rejoindre et qui partage son appartement miteux. Il y a aussi ce petit club de femmes, qui se réunissent dans leurs foyers respectifs. Elles sont toutes différentes, mais une souffrance impossible à dépasser les unit : leurs fils sont morts au Vietnam. Ce sont aussi deux prostituées du Bronx, la mère et la fille. Qui arpentent le bitume, l’une cachée sous une ombrelle rose, l’autre en bikini fluo. Il y en a d’autres. Encore….
C’est l’âme de New York, de tous ses quartiers, que l’on respire en lisant ce merveilleux roman. Plus encore, ce sont des destins qui se croisent, des histoires fortes. Colum McCann sait, avec un talent fou, raconter l’humain. Ses souffrances et ses joies, ses souvenirs et ses rêves. Son histoire et son présent. Il tisse les liens les plus forts, mère-fille, mère-fils, frères, amoureux, amis, les racontent avec vérité, pudeur et amour. C’est une mère qui regarde sa fille prendre le même -mauvais- chemin qu’elle, et qui y est sans doute pour beaucoup. C’est une autre mère qui vient chaque nuit calmer sa douleur dans la fraicheur de son frigo parce que son fils n’est plus là, qu’il ne sera plus jamais là. C’est un grand frère qui voudrait que son petit frangin soit un peu plus égoïste. C’est une fille qui sait qu’elle ne devrait pas ressentir ce qu’elle ressent pour l’homme en face d’elle. Cet ado qui ne peut s’empêcher de parler, encore un peu, à la femme à l’autre bout du fil, qu’il n’a jamais vu, ne connait pas. C’est les promesses que l’on se fait, et les choix que la vie nous impose.
La poésie de la réalité a inspiré à l’auteur une fiction forte et sublime. Qui m’a marqué pour longtemps…
> Référence : Et que le vaste monde poursuive sa course folle
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