Nous ne sommes que des êtres humains et, parfois, on fait des erreurs car nul n’est infaillible. Dans les coups durs, on peut les regretter, se dire que vraiment, on a tout foutu en l’air…
On culpabilise, on s’en veut, on voudrait parfois même pouvoir se dédoubler pour se foutre un énorme coup de poing dans la mâchoire en criant « BIEN FAIT ».
De manière générale, je nous trouve un peu sévère avec nous-même. La violence n’a jamais résolu aucun problème (la preuve : les plus grands gagnants à Des Chiffres et Des Lettres ont l’air d’être des gens plutôt tranquilles).
Et quand on y réfléchit bien, les erreurs peuvent même s’avérer être de bonnes choses. Imagine, si on vivait dans un monde parallèle où, disons, tu n’avais jamais abîmé la voiture de tes parents.
Peut-être n’aurais-tu pas dû travailler dans le supermarché le plus proche pour rembourser les dégâts. Et dans ce cas, tu n’aurais pas non plus rencontré celui/celle qui fait battre ton coeur, qui est venu-e te parler pour la première fois le jour où il/elle ne trouvait pas les cotons-tiges biseautés.
Pour te prouver que les erreurs ont parfois du bon, laisse-moi te présenter celles que je ne regrette pas d’avoir commises.
Faire des études nulles
Je n’ai pas retenu grand-chose de mes études. En fait, je crois bien que le seul truc dont je suis capable de me souvenir, c’est qu’elles n’étaient vraiment pas faites pour moi.
En même temps, fallait que je m’y attende : je les avais choisies en cinq minutes, quand j’ai compris que je ne voulais pas faire de prépa (j’avais pas super envie de me casser la fesse à réviser et faire des dissertations : les gens en hypokhâgne et en khâgne ont mon admiration éternelle) (ah et aussi, j’avais envoyé mon dossier dans une prépa bien vue et j’ai même pas été sur liste d’attente ; autant être honnête jusqu’au bout).
Je les ai choisies très rapidement parce qu’il fallait que je donne une réponse à mes profs, à l’administration, à mes parents et à moi-même. Du coup j’ai pris la matière que je détestais le moins et j’ai choisi la filière qui allait avec à la fac.
Sauf qu’il n’y avait pas beaucoup de débouchés et que cette filière était surtout prévue pour les futurs profs — et moi, j’ai toujours su que je serai incapable d’enseigner. J’ai donc passé quatre ans et demi à m’ennuyer, à apprendre des trucs qui ne m’intéressaient pas parce que j’avais même pas pris le temps de lire la fiche de description du cursus, et à dire à mes camarades de classe « han mais han j’sais pas comment tu fais, tu sais que c’est vachement dur d’être prof ? ».
Ma face pendant les cours magistraux (les lunettes et quelques degrés de bonnassité en moins)
Mais sur les bancs nuls des amphithéâtres en sous-sol, j’ai rencontré certaines de mes meilleures amies, qui m’ont fait rencontrer d’autres amis. Je sais bien que j’aurais pu rencontrer des gens en faisant d’autres études, mais c’est eux que j’ai, alors c’est eux que je veux.
- Bénéfices : des copains.
- Pertes : je me suis tout de même ennuyée pendant quatre ans.
Passer au rasoir
Quand j’ai émis le souhait, à 12 ans, de ne plus avoir de pilosité sur les jambes et sous les bras (ne me jugez pas : chacun son rapport à ses propres poils), ma mère m’a emmenée chez l’esthéticienne pour que je me fasse épiler. Je savais que ça n’allait pas être une partie de plaisir, mais son argument était imparable : « si tu te fais épiler et ne te rases pas, au bout de quelques années, tu n’auras presque plus de poils ». Souffrir pour ne plus jamais avoir à m’épiler plus tard, l’idée était alléchante.
Pendant les six ans qui ont suivi, je me suis donc rendue chaque mois chez l’esthéticienne. C’était bien, j’avais de moins en moins mal tant mes poils semblaient repousser chaque fois un peu plus fins. Je me voyais déjà, quelques années plus tard, espacer suffisamment mes visites à l’institut pour en oublier jusqu’au nom. C’était un doux rêve soyeux.
Et puis j’ai commencé ma vie sexuelle, et j’ai souhaité être imberbe rapidement sans avoir à attendre que les poils soient suffisamment longs pour être arrachés à la cire. Alors je me suis rasée, coupant ainsi à la racine les quelques années d’effort à aller suer de la raie des fesses sur le siège de l’esthéticienne en grimaçant de gêne quand elle me faisait le maillot, tout en réprimant quelques « TOUCHE PAS À MA CHAAAATTE ».
- Bénéfices : Un gain de temps et d’argent considérable.
- Pertes : Une tendance disgracieuse aux boutons incarnés. En période de repousse, je risque de me retrouver avec un individu le visage en sang, comme lacéré par des épines. Ambiance Saw.
- Bénéfices bis : Oui bah oui mais tant pis.
OH ÇA VA BIEN ALLER OUI.
Faire un peu trop confiance à la force de l’amûr
Parfois, je tombe amoureuse. C’est neuneu mais ça m’arrive. Faiblesse du coeur faiblesse du corps tout ça. J’aimerais bien être ce genre de personne qui ignore l’amour, pour éviter des trucs comme l’angoisse précédant le premier baiser, celle précédant le premier coït, la peur de ne pas savoir comment dire non aux mecs que je vois bien dans mon lit mais pas dans ma vie, ou encore l’angoisse de voir ma moitié en aimer un-e autre. Mais j’ai pas trop le choix.
Surtout, quand le ver est dans la pomme et que les sentiments sont là, que je me sens aimée et respectée, j’ai tendance à oublier que ce ne sera pas toujours comme ça. Qu’un jour, l’amour ne sera plus là et que les sentiments sentiront le pâté. Alors je fais des projets.
Un jour, j’ai réservé des vacances à 900 boules (à diviser par deux hein, tout de même) pour six mois plus tard, alors que j’étais avec la personne depuis trois mois. Trois mois, c’est peu. C’est l’acte le plus optimiste de ma vie, à peu près (avec la fois où j’ai pris deux menus Best Of un midi en pensant que j’avais de la place pour tout).
Sauf que la vie, c’est pas un Disney : trois mois c’est trop peu pour savoir si les sentiments seront encore là six mois plus tard. Et quelques semaines avant les vacances en question, la séparation m’a frappée à la gueule.
Bien sûr, ça fout les boules, parce qu’il y a toujours une partie qui n’est pas remboursée et parce qu’annuler les vacances qui te faisaient tellement rêver PENDANT la rupture, ça tord le bide comme une bonne gastro. J’ai commencé à m’en vouloir de m’être lâchée, d’avoir fait confiance aux sentiments de l’autre et aux miens, et puis je me suis dit :
« Eh mais nan. C’est ta façon d’aimer (ça sonne comme du Florent Pagny), de manière insouciante et intense, et tu sais que si une occasion pareille se présentait, tu le referais. »
Parce que oui, je suis comme ça : insouciante et enthousiaste quand il s’agit du couple dans lequel je me sens bien. C’est pas plus glorieux qu’une autre façon d’être mais c’est comme ça, c’est tout.
Non.
J’en suis pas spécialement fière, mais c’est moi, et quand je serai vieille, je ne regretterai pas d’avoir laissé passer des personnes qui auraient pu être importantes dans ma vie. Qui m’auraient fait évoluer et grandir. Des gens qui auront tous valu la peine que je prenne cette décision sur le coup. J’aurai vécu chaque début de relation très fort, je me serai engagée chaque fois que j’en avais envie, et j’aurai vécu de beaux trucs.
Connaissant maintenant mon penchant à prendre très vite confiance, j’attendrai au moins 6 mois et une semaine de relation avant de proposer à un de mes futurs mecs d’acheter une maison à la mer en s’endettant sur 35 ans. C’est plus raisonnable.
- Bénéfices : Une connaissance de ma façon de fonctionner encore plus affûtée. Je pourrais aisément concourir aux Z’amours face à moi-même.
- Pertes : J’y ai laissé 130€ de réservation. Le reste est remboursé, mais c’est vrai que 130€, ça pique comme un millier de cure-dents plantés dans ton humeur aqueuse. J’ai pensé à faire un KickStarter mais je me suis dit qu’il faut pas abuser.
Alors oui, les erreurs, ça pique, mais ça nous apprend quand même vachement de trucs sur nous-mêmes, non ?
Je me retire avec ces belles paroles : regardons toujours du côté brillant de la vie.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
- j'ai regretté d'avoir fait une filière techno au lycée plutôt que de redoubler ou changer de lycée. Certes je me suis fait chier en compta mais j'ai passé deux années top et j'ai rencontré ma meilleure amie, + des souvenirs à la pelle de mecs qu'on suivait dans les couloirs
- j'ai regretté de m'être entêtée pendant 2 ans 1/2 en fac d'histoire, dans 2 facs différentes. Mais j'ai appris pas mal de choses, j'ai connu des gens formidables (dont une pote avec qui j'ai partagé une garde à vue, ça soude !) et appris des choses, et surtout de savoir que non, je voulais pas être prof.
- j'ai regretté d'avoir fait ma licence pourrie à Troyes. Sur le papier c'était parfait, mais c'était de la pure pub mensongère. Mais avec une pote, on est soudée grâce à cette ville, j'ai passé des soirées géniales, j'ai des fous rires en y repensant et puis ça m'a permis de réaliser un rêve de gamine grâce à mon stage.
- j'ai longtemps regretté de ne pas l'avoir embrassé y a 4 ans alors que c'était évident. Mais avec le recul, on n'avait pas les moyens de vivre à distance et finalement, 4 ans plus tard, les sentiments sont toujours là quand on s'est retrouvé
J'ai regretté pleins de choses, et j'en regrette encore mais finalement c'est en se cassant la gueule qu'on apprend ...