Lors de ma dernière année d’études à l’université, j’ai dû effectuer un stage de quatre mois, comme pour toutes les filières professionnelles.
J’ai eu la chance de pouvoir partir à l’étranger grâce au programme ERASMUS+ qui envoie des étudiant•es en stage dans toute l’Europe. Ce programme m’a donc permis de bénéficier d’une bourse (cofinancée par la région Limousin).
Pour valider ma participation au programme, je devais passer un test de langue pour évaluer mon niveau d’anglais. En effet, il faut savoir qu’en Suède, la population parle le suédois évidemment, mais aussi anglais : les jeunes Suédois•es l’apprennent vraiment très tôt à l’école. Pour le petit exemple, les films à la télé ou au cinéma sont en VO sous-titrés suédois. Ayant un bon niveau d’anglais, c’était dans la poche !
Préparatifs… et départ
Après quelques échanges avec ma banque pour évaluer le coup de transaction par carte bancaire dans ce pays — qui se trouve en Europe mais qui n’utilise pas l’euro —, j’étais prête à affronter la vie à l’étranger !
Direction l’aéroport avec ma valise — n’excédant pas 23 kg — et mon sac « cabine » — n’excédant pas 12kg — que j’ai religieusement pesés avant de quitter la maison, mon billet à la main (billet que j’ai acheté le plus tôt possible, rapport aux prix).
C’était la première fois que je prenais l’avion et que je partais à l’étranger seule, et j’avais tout prévu pour passer un bon voyage : films, séries et snacks !
J’ai attendu mon avion entourée de ma famille, me préparant au voyage : c’était la première fois que je partais seule à l’étranger (le voyage de trois jours en Allemagne en cinquième ne compte pas vraiment à mes yeux) et la première fois que je prenais l’avion sur une si longue distance (excepté un Paris-Toulouse à douze ans, pour lequel on ne voit pas vraiment le temps passer). J’avais tout prévu : films, séries et snacks d’avion !
Quand j’ai dû embarquer, la séparation avec ma famille a été dure. Je voulais partir mais sans les quitter, et eux de même. J’ai pleuré en allant à la salle d’embarquement, puis me suis fait violence pour ne pas y penser et me focaliser sur cette chance incroyable que j’avais de pouvoir partir à l’étranger.
À peine assise dans l’avion, mon premier instinct a été de passer mon clavier en « QWERTY ». Je me suis vue le faire, et je me suis rendu compte que c’était comme si j’avais toujours attendu ce moment. J’étais fin prête à parler et écrire en anglais !
L’avion a décollé et j’ai senti la montée. Spoiler alert : il y a eu des larmes…
Deux heures sans trop de turbulences, et un peu de car et de train plus tard, j’étais arrivée dans la belle et touristique ville d’Halmstad. Je me suis installée dans la résidence étudiante où j’allais vivre pendant ces quatre mois. C’était enfin concret, j’y étais et aucun retour en arrière n’était possible !
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Une immersion en Suède passionnante
On m’a fait visiter le quartier et montré le trajet jusqu’à l’université où j’allais travailler. J’ai tout aimé : cette ville est très jolie, j’ai adoré l’ambiance qu’elle dégageait avec les vélos partout, et j’étais surtout transportée de joie à l’idée de pouvoir devoir parler anglais tous les jours.
J’étais tellement excitée que je ne me suis pas posé la question de savoir si mon niveau serait assez bon pour parler de mon travail ou socialiser avec les autres.
Les jours ont passé et ne se sont pas ressemblés. J’ai fait plein d’activités différentes, et grâce à mon stage à l’université notamment, j’ai rencontré des personnes de plus de quatorze pays différents ! J’ai pu échanger avec elles sur leurs cultures et leurs modes de vie.
J’ai rencontré des personnes de plus de quatorze pays différents ! Je ne me suis pas ennuyée un seul week-end.
Je me suis aussi très vite intégrée aux autres étudiant•es étranger•es — alors en master ou en doctorat — avec qui j’ai travaillé. Ils/Elles étaient très soudé•es et pourtant très ouvert•es aux nouvelles personnes. Toute l’équipe était géniale, ensemble nous avons fait bien plus que travailler !
Nous sommes beaucoup sortis : dans des bars, en boîte de nuit, des barbecues, des jeux, des dîners… Je ne me suis pas ennuyée un seul week-end, j’étais complètement épanouie !
Plus important encore, je me suis fait des ami•es. Ensemble on a ri, on a joué, on s’est tellement amusés ! J’aime penser que je les ai marqués de la façon dont eux m’ont marquée.
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Indépendance et liberté
Concernant mon budget, je pouvais compter sur la bourse Erasmus et sur mes maigres économies mises de côté grâce à mes jobs d’été.
Je ne suis pas très dépensière d’habitude, et je n’avais pas forcément de raisons de l’être là-bas, mais je me suis tout de même fait plaisir : une petite robe par-ci, un restau par-là… Ça m’a d’ailleurs permis de découvrir la cuisine thaïlandaise et la (vraie) cuisine chinoise grâce à des ami•es originaires de ces pays.
Je suis même allée au cinéma ; passionnée comme je suis, je ne pouvais pas rater la sortie d’un film comme Avengers 2: Age of Ultron par exemple ! J’ai d’ailleurs noté que le coût de la vie en Suède était légèrement plus élevé qu’en France mais pas forcément pour tout : il faut compter 11€ pour une place de cinéma (dans un « petit » cinéma de ville).
Les Suédois•es sont des gens très discrets.
Au passage, le stéréotype selon lequel les Suédois•es sont des gens discrets qui ne s’assoient pas juste à côté de toi s’ils peuvent faire autrement est vrai.
J’étais très étonnée, mais au cinéma, toutes les personnes présentes avaient fait en sorte de ne pas se gêner de quelque façon que ce soit : elles n’étaient pas assises juste devant ou à côté des autres. Et je vous laisse deviner qui avait décidé des coller des inconnu•es juste pour être assise pile en face de l’écran…
Vivant toute seule, j’allais faire mes courses comme une grande sur mon vélo — comme tout le monde là-bas — au Netto du coin, puis je cuisinais mes petits plats moi-même. J’avais la gestion totale de mon budget courses/sorties et je m’en suis bien tirée : pas de dettes à déclarer à mon retour en France, une petite victoire ! L’indépendance m’allait bien, j’étais heureuse.
Il faut dire que la vie là-bas est plutôt similaire à celle que l’on connaît en France — ou dans les autres pays d’Europe, je suppose. J’y ai retrouvé de grandes enseignes comme H&M, McDonald’s… mais aussi des kebabs, des pizzerias et des restaurants asiatiques, ce qui m’a permis de me sentir comme chez moi dans ce pays étranger.
J’avais l’impression que rien ne pouvait m’arriver !
Je me suis baladée seule en vélo, chose que je ne fais jamais d’habitude et qui m’a fait me sentir libre. J’avais l’impression que rien ne pouvait m’arriver !
Et puis j’ai parlé anglais tous les jours pendant quatre mois et j’étais vraiment moi-même, comme si l’anglais, que j’avais si longtemps refusé d’apprendre, était peut-être la langue faite pour moi finalement. Tout était parfait !
Contrairement à la France où on pense que c’est aux touristes de faire un effort, les Suédois•es font tout•es un effort pour se faire comprendre, et tout le monde parle anglais.
D’ailleurs les Suédois•es sont très compréhensif•ves et ouvert•es aux autres. Contrairement à la France où on a tendance à entendre le français « moyen » dire des choses comme « C’est aux touristes de faire un effort. S’ils/elles viennent en France, qu’ils/elles parlent français ! », en Suède, les commerçant•es, serveur•ses et barmen•women font tou•tes un effort pour se faire comprendre, tout le monde parle anglais !
Bien sûr, ils/elles l’apprennent à l’école, mais plus que ça, j’ai vraiment senti qu’ils/elles le faisaient de bon cœur, parce que ça leur faisait plaisir.
Au travail, j’avais beaucoup de liberté : je n’avais pas vraiment d’horaires fixes, je gérais mon planning comme je le voulais. Le seul impératif était une réunion que l’on faisait tous les mardis pour suivre l’avancée de chacun•e.
J’ai aussi beaucoup travaillé, j’ai eu la meilleure note de stage !
Nous travaillions principalement chacun•e de notre côté, mais aussi en collaboration les un•es avec les autres ou en petits groupes : l’anglais « technique » était de rigueur !
Je me suis bien amusée à faire mon projet de stage (une animation sur la simulation d’éclairage), un peu à réaliser le rapport par contre… J’ai passé du bon temps à l’université mais j’ai aussi beaucoup travaillé ! Je n’en ressors d’ailleurs qu’avec de bien beaux souvenirs : j’ai eu la meilleure note de stage. Et c’est la majore de promotion qui vous dit ça !
Le retour difficile d’Érasmus
Tandis que le retour approchait, j’étais tiraillée entre joie et tristesse. J’étais contente à l’idée de revoir ma famille mais je ressentais un terrible déchirement à l’idée de partir, de quitter ce pays, cette ville, ma nouvelle maison !
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J’étais tiraillée entre joie et tristesse. Et quand j’ai quitté le pays, rien n’allait plus.
Je n’étais pas prête de revenir et je le savais. La dernière semaine a été particulièrement dure, j’avais le cœur lourd, disant petit à petit au revoir aux gens avec les larmes aux yeux. Et puis il y a eu une dernière fête en mon honneur : j’en ai profité et je me suis amusée – une de mes meilleures soirées passées là-bas.
Le jour J, des ami•es m’ont accompagnée à la gare routière : il était très tôt mais ils/elles ont tenu à venir. Tout le monde pleurait, je suis partie le mouchoir à la main, en prenant conscience qu’une page de ma vie se tournait. Je voyais cette expérience incroyable se terminer sous mes yeux, c’était dur.
Arrivée à l’aéroport, j’ai fait un dernier Skype avec ma famille, cette fois pour dire : « Je rentre bientôt ». Une fois dans l’avion, je quitté physiquement le pays et là, rien n’allait plus : larmes, mal-être et je refusais de parler. Je ne voulais surtout pas parler français car cela voulait dire que tout était VRAIMENT fini.
Mais à l’arrivée, ma famille était là, et j’ai été obligée d’abandonner l’anglais, dernier signe de ma vie en Suède.
Je le referais cent fois si je le pouvais.
Cependant, à mon grand bonheur secret, au début je ne retrouvais mes mots qu’en anglais. Ça m’a rassurée : il me restait un peu de cette vie, de cette expérience finie. Ce stage, cette aventure a vraiment été une ouverture pour moi, j’ai pris des risques et je le referais cent fois si je le pouvais !
Au fil du temps, les mots sont revenus en français et, avec eux, la réalité de la vie en France. Cela fait maintenant presque un an déjà que je suis revenue : je reparle entièrement français mais l’anglais est toujours là, à attendre de refaire surface et de s’épanouir lors de mon prochain voyage !
Prochain périple qui se fera bientôt, j’espère.
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(une franco-suédoise qui habite à Lund)