Il n’y a pas si longtemps, la Fédération Française d’Équitation annonçait fièrement que « le cheval c’était trop génial ». Et pourtant, on dirait qu’elle peut remballer ses slogans gentillets car l’heure est grave : l’équitation est en péril.
L’équitation est le troisième sport français en terme d’adhérents. C’est aussi celui qui compte proportionnellement le plus de femmes. Pourtant, le gouvernement pourrait bien freiner de beaucoup l’expansion de cette activité. Voici pourquoi.
L’équitation c’est « prout-prout » ?
L‘équitation est un sport qui nécessite pas mal de matériels et plein de dépenses en plus. Beaucoup se plaignent et pensent qu’il faut faire partie d’une élite sociale pour pouvoir faire trois tours de piste au galop.
L’équitation est souvent reléguée au rang de sport pour les riches. Certains pensent qu’il règne une ambiance « cul coincé et moues boudeuses » dans les écuries. C’est vrai, tu as toujours l’image de la princesse Sissi perchée sur son beau destrier, ou de Jocelyne-Angélique De-la-Profiterole qui implore pour qu’on lui cire les bottes. Ce sont des clichés. Il y a beaucoup plus de gens qui pataugent dans le crottin et qui se caillent les miches au milieu d’une carrière. Crois-moi.
Non.
En même temps, il est tout à fait normal que l’équitation coûte plus cher que le foot ou le tennis : un animal entre en jeu. Ce n’est pas comme une paire de rollers que tu oublies au garage pendant trois ans. Un cheval nécessite de l’entretien. Il faut du personnel pour faire tourner un centre équestre. Alors forcément, les prestations ne sont pas forcément données. Logique.
Les directeurs de centre équestre et organisateurs d’activités ont tout de suite compris qu’il fallait rapidement réussir à se démocratiser. L’État y a grandement contribué en faisant bénéficier ce sport d’une TVA à taux réduits. Du coup, le nombre de licences n’a pratiquement jamais cessé d’évoluer, jusqu’à passer la barre des 700.000 en 2011 (chiffres de la FFE).
Trahison, disgrâce
Pourtant aujourd’hui, le monde du cheval fait gravement la tronche, et il y a de quoi. Le gouvernement, qui avait annoncé en 2012 une hausse de la TVA à environ 10% sur les activités équestres (ce qui n’était déjà pas si mal), a décidé qu’elle s’appliquerait finalement à 20%. Vraiment, j’ai envie de dire « aïe ».
Jusqu’alors, l’équitation était considérée comme une activité agricole, elle bénéficiait donc d’une TVA à 7%. En triplant le coût de celle-ci, les centres équestres sont en train de prendre un sacré coup dans le ventre. Louis Sagot, délégué général du Groupement Hippique National (GHN) affirme dans Le Figaro que les professionnels se sentent trahis par le gouvernement.
Les conséquences d’une telle mesure
Il n’y a pas douze solutions : soit les centre équestres augmentent assez fortement les tarifs de leurs activités (et perdent donc pas mal de clients), soit ils ne touchent pas à leurs tarifs – mais perdent alors une somme d’argent considérable.
Ça signifie aussi que bon nombre de ces structures pourraient potentiellement fermer, envoyant leurs milliers de salariés au chômage, sans oublier que pas mal d’équidés vont se retrouver à la rue. Sans faire la pessimiste, en général ils ne finissent pas tous dans un champ de fleurs sur lequel brille le soleil. C’est souvent parfois plus radical.
Histoire de s’attaquer au problème, le GHN a créé La campagne des Insurgés, afin de pouvoir contribuer à l’expansion de toutes les activités équestres. Pour résumer tout ça, ils ont mis en ligne une vidéo sous forme d’infographie claire avec des chiffres.
Faire du cheval à partir de janvier 2014 ça se passe comment ?
Projetons-nous dans le futur :
Salut je m’appelle Amélie et ça fait quinze ans que je monte à cheval. La loi sur la TVA est entrée en vigueur le 1er janvier 2014. Depuis mon centre équestre a fermé et le plus proche se trouve à plus d’une heure de chez moi. C’est mort, j’ai pas le temps.
Bon point pour moi : j’ai mon propre cheval. J’ai pas besoin de prendre de cours pour monter. Pourtant, comme il n’y a plus de structure pour mettre mon cheval et que le prix de la pension a augmenté de 30%, je suis obligée de le faire vivre chez moi. Pas facile dans un trente mètres carré. J’avoue qu’on est un peu serré. Et puis un équidé ça boit quand même 20 à 40 litres d’eau par jour, du coup Cristaline me propose d’avoir des actions chez eux. La nuit je dors plus, ça sent le poney. Toutes mes fringues noires sont pleines de poils. On se prend la tête sur le programme télé et je fais une overdose de carottes.
Stop. (Gif extrait de ce Tumblr)
Les choses sont donc claires :
soit tu acceptes de payer plus cher, soit tu vas te rhabiller – ou te mettre à la danse de salon.
Pas content, pas content !
Inutile de te dire que les gens qui pratiquent de loin ou de près l’équitation n’ont pas pris la nouvelle de la meilleure des façons. De nombreuses manifestations se montent un peu partout en France pour tenter de faire passer la nouvelle TVA à la trappe, ou du moins, pour trouver une fiscalité adaptée au monde du cheval.
Pages, groupes et évènements Facebook se créent à la pelle.
À cheval et dans la rue, les cavaliers manifestent pour que leur sport reste dans la course et ne se casse pas la gueule.
Plus original, un homme a carrément décidé de faire plus de 300 kilomètres à cheval pour venir témoigner de son mécontentement jusqu’à Paris. Ce gérant d’un centre équestre dans les Vosges a prévu d’arriver à destination mi-novembre. Pour suivre son parcours il a créé une page Facebook : Croisade à cheval contre la hausse de la TVA. Au départ seulement 30 à Épinal, ils étaient plus de 120 chevaux à Metz !
De nombreuses pétition comme celle-ci sont en train de naître un peu partout sur la toile.
Toutes les activités telles que le baby-poney (cours pour les enfants à partir de 18 mois) ou l’équithérapie (qui peut aider en plus des soins médicaux classiques) sont vouées à s’éteindre. C’est dommage quand on connait toutes les bonnes ondes et les sensations que procurent le fait de monter à cheval. Cette nouvelle taxe touchera également les élevages canins, félins, etc. Côté gouvernement, ça rejoue le sketch de Danny Boon.
Déjà que dans les films les chevaux c’est (parfois) l’arnaque, si c’est le cas dans la vraie vie aussi je préfère aller habiter sur Mars.
Que l’équitation soit ton sport ou non, tu penses que c’est justifié cette augmentation de la TVA de presque 200% sur les activités équestre ?
Pour aller plus loin :
- L’équitation en péril, sauvegardons une fiscalité adaptée
- La campagne des insurgés
- Site de la Fédération Française d’Equitation
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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