Le saviez-vous ? Certaines joueuses de l’équipe de France féminine de rugby ont découvert et adopté cette discipline bien tard. C’est le cas notamment de Koumiba Djossouvi et d’Hélène Ezanno, qui sont tombées dans l’Ovalie respectivement à 24 et 23 ans.
Âgées aujourd’hui de 32 et 30 ans, elles cumulent déjà 14 et 31 sélections sous le maillot bleu. Elles figurent parmi les doyennes de l’équipe, dont les benjamines ont tout juste 20 ans.
Une découverte tardive
Koumiba Djossouvi a eu l’occasion de s’initier au rugby dans le cadre de sa formation :
« Je jouais au basket, et je suivais une formation STAPS. J’ai eu l’occasion de faire une initiation au rugby dans le cadre d’un stage.
Ensuite, je suis allée faire une session avec le club de Montpellier. Ça m’a plu, et j’ai intégré l’équipe en 2007, en tant que pilier. Cette année-là, nous avons été championnes de France, le 1er titre de Montpellier ! »
Après une première saison dans l’équipe de réserve, Koumiba est sélectionnée pour son premier match au sein de l’équipe de France en 2011.
Hélène Ezanno aussi a commencé le rugby grâce à ses études.
« J’avais 23 ans, j’étais en école d’ingénieur à Beauvais, qui organise l’un des plus grands tournois de rugby à but humanitaire. J’ai participé à l’organisation du tournoi sans vraiment connaître ce sport, sans l’avoir pratiqué.
J’ai eu envie d’essayer, et j’ai participé à une séance découverte avec l’équipe de l’école.
Par la suite, je suis allée en Bretagne pour effectuer mon stage de fin d’études, et je me suis inscrite au club de Rennes. »
Hélène était déjà sportive par ailleurs :
« J’ai pratiqué le foot, le basket, le handball, la natation, et surtout le kayak pendant huit ans. Je suis une compétitrice dans l’âme ! »
Le rugby, une passion et un investissement
Il n’y a pas de club professionnel en rugby à 15 en France. Toutes les filles sont soit étudiantes, soit ont déjà entamé une carrière professionnelle, et jonglent avec les entraînements et la préparation physique.
Hélène a commencé à s’investir sérieusement vers la fin de ses études :
« Je finissais mon diplôme d’ingénieure, puis j’ai enchaîné sur une thèse. Je jouais à Rennes, et nous avions des entraînements quasiment tous les soirs : deux entraînements sur terrain, deux entraînements de musculation, et quelques séances axées sur la préparation physique par-ci par-là…
Oui, c’est assez prenant ! Et il faut ajouter les déplacements en matchs, quasiment tous les week ends, car nous étions dans le top 10 (désormais dans le top 8).
C’est une organisation à avoir, c’est un choix de vie, c’est sûr. Mais quand on le décide et qu’on l’assume, ça se passe très bien. »
Hélène ne regrette pas l’absence de professionnalisation. Elle apprécie au contraire de pouvoir assurer ses arrières en menant de front carrières professionnelle et sportive :
« Le rugby féminin est purement amateur. Je ne le regrette pas du tout : notre vie n’est pas exclusivement consacrée au rugby. Quand on est dans le rugby, on a envie de ne faire que ça, mais c’est important d’assurer une carrière professionnelle à côté.
C’est sympa mais ça ne dure qu’un temps, donc c’est important d’assurer nos arrières, de couper, de souffler, de voir autre chose.
La professionnalisation du rugby peut être intéressante pour gagner en performance et rivaliser avec des nations qui sont au-dessus, mais pour assurer une carrière par derrière, pouvoir concilier les deux est important. »
Quand elle n’est pas sur les terrains de son club Lillois, Hélène travaille dans un laboratoire au CNRS, et effectue des recherches sur le diabète.
Rugby, femmes et préjugés
L’équipe de France a pu effectuer sa préparation au Centre National du Rugby de Marcoussis, dans les mêmes conditions que l’équipe masculine, ce que le président de la Fédération Française de Rugby, Pierre Camou, a souligné lors de la conférence de presse donnée lundi en présence de Najat Vallaud-Belkcem et d’une vingtaine de journalistes.
Le rugby féminin est encore très jeune, et si les joueuses bénéficient de la même préparation que leurs homologues masculins, elles ne jouissent pas d’une exposition médiatique équivalente.
Ainsi que le soulignait une madmoiZelle passionnée de rugby, il y a eu très peu de communication autour de la Coupe du Monde.
Pour Koumiba Djossouvi, certains préjugés ont la vie dure :
« On a un statut un peu différent que les hommes, du fait d’être femmes dans un sport dit « viril » à la base ; ça interroge. Il y a un engouement, un espèce de fascination, mais on continue d’être parfois considérées différemment.
Il y a encore des misogynes, des gens qui considèrent qu’on ne devrait pas jouer au rugby.
Et il y a quand même une pression à « rester femme », à montrer sa féminité. On est obligées d’en faire un petit peu plus pour vraiment montrer qu’on est des femmes, pour contrebalancer l’aspect « très viril » de l’image de ce sport. »
Pour Koumiba, une meilleure médiatisation du rugby féminin aiderait à favoriser le développement de ce sport et combattre les idées reçues, surtout si l’attention médiatique se porte sur les performances des joueuses.
En mars dernier, cette superbe équipe (oui, adieu l’objectivité, je suis complètement fan d’elle) a remporté le Tournoi des Six Nations sans perdre un match : les Bleues ont réalisé le Grand Chelem !
Je vous mets au défi de regarder cette vidéo sans avoir la chair de poule :
Leur ressenti sur la compétition qui débute vendredi
Quand on leur demande quels adversaires elles redoutent le plus, Hélène et Koumiba s’accordent à dire que toutes les équipes sont dangereuses dans une telle compétition :
« La Coupe du Monde est une compétition à part, il faut se méfier de tout le monde. Les Australiennes sont l’une des plus grosses équipes de notre poule, mais les néozélandaises sont les plus titrées. Les Anglaises sont des concurrentes sérieuses même si on les a déjà battues », analyse Koumiba.
« Il nous faudra être très attentives à toutes les équipes, y compris les équipes montantes comme le Canada et les États-Unis, elles peuvent vraiment mettre à mal les plus grosses équipes ».
Les Bleues sont entrées en phase de préparation intensive depuis mi-juin, avec un premier stage effectué à Tignes, suivi de deux matchs amicaux contre l’Espagne et l’Afrique du Sud début juillet, qu’elles ont remporté respectivement 36-3 et 46-8.
Hélène tempère ces résultats, tout en restant confiante :
« Les scores peuvent paraître élevées, mais ces matchs servent à faire le point et identifier les points à régler avant la compétition.
Nous avons un très bon sentiment à la veille du début du tournoi : nous sommes un groupe qui aime vivre ensemble, on s’entend toutes bien, surtout depuis le Grand Chelem remporté en mars dernier, ça resserre les liens ! »
À quelques heures du coup d’envoi de la Coupe du Monde de Rugby, les joueuses de l’équipe de France ont reçu Najat Vallaud-Belkacem sur le Centre National de Marcoussis, où se dérouleront les matchs.
Les joueuses ont offert un maillot dédicacée à la Ministre, avant de prendre ce chouette selfie toutes ensemble :
Le premier match de l’équipe de France aura lieu vendredi 1er août à 20h45, au Centre National de Rugby à Marcoussis.
Et il semblerait que le CNR de Marcoussis soit effectivement accessible en transports en commun depuis Paris : des navettes gratuites effectueront la liaison entre la gare RER de Massy-Palaiseau et le stade, plus d’une heure avant le match et jusqu’à 45 minutes après la fin de chaque rencontre.
Découvrez toutes les joueuses de l’équipe féminine de rugby en cliquant sur leur nom :
AGRICOLE Sandrine (Rennes) ANDRE Manon (Saint Orens) ARRICASTRE Lise (Lons) CHOBET Christelle
(Lons) DENADAÏ Marine (Montpellier) DIALLO Coumba (Bobigny) DJOSSOUVI Koumiba (Montpellier) EZANNO Hélène (Lille) GRAND Laetitia (Lons) GRASSINEAU Camille (Bordeaux) GUIGLION Elodie (USA Perpignan) IZAR Shannon (Lille) KOITA Assa (Bobigny) LADAGNOUS Caroline (Lons) LEDUFF Christelle (USA Perpignan) LIEVRE Marion (Bobigny) MAYANS Marjorie (Saint-Orens) MIGNOT Gaëlle (Montpellier) N’DIAYE Safi (Montpellier) PORTARIES Elodie (Montpellier) POUBLAN Elodie (Montpellier) RABIER Sandra (Ovalie Caennaise) RIVOALEN Yanna (Lille) SALLES Laetitia (La Valette) TREMOULIERE Jessy (Romagnat) TRONCY Jennifer (Montpellier)
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Et bien entendu, ALLEZ LES BLEEEUUUEEEES !!!!!!!!!!!
– Merci à Koumiba Djossouvi et Hélène Ezanno d’avoir répondu à nos questions !
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Les Commentaires
Et bravo aux bleues, ça commence fort ! aillettes:
Ça serait top d'avoir des articles sur les compet de sport féminin régulièrement.