2013. Une nouvelle ère est arrivée. Une génération moderne de figurines en vinyle garanties sans crottin vient de voir le jour. Et autant te dire qu’il faut que tu t’accroches à ton slip et que tu fasses travailler ton imagination.
Donc Mon Petit Poney passe de ça (version des années 2000) :
À ça :
Aujourd’hui je ne suis pas contente. Pas du tout. Laisse-moi t’expliquer pourquoi.
On vulgarise un produit original
Le principe, quand tu joues avec une figurine Mon Petit Poney, pour moi c’est pas bien compliqué : tu vas balader dans toute ta chambre, de tes petits doigts dodus, un é-qui-dé. Sous-entendu : la petite chose en plastique aura quatre jambes, une belle crinière et le hennissement en mode « off ».
Les figurines ont déjà bien évolué au fil des années. Elle ont été créées dans les années 80 par la société Hasbro. À l’époque, on présente un peu ça comme une tête à coiffer de poney. Puis les figurines deviennent de plus en plus colorées et ont chacune des personnalités différentes. Elles se différencient par leur couleur et une marque sur la croupe.
Différentes générations de poneys sont fabriquées : les G1 dans les années 80, les G2 dans les années 90 (les vrais de vrais dans mon petit coeur), puis, dans les années 2000, les figurines reprennent un aspect plus vintage ; enfin, en 2009, les Petits Poneys deviennent une fausse branche des Petshop (caca).
Je ne suis pas contre la modernité. Oui, les jouets doivent évoluer avec le temps. Le Furby (amour de ma vie de primaire, « Travis », je t’envoie une grattouille sur le ventre dans ton grenier) a fait un retour creepy mais super classe. Mais là, de mon côté, c’est un peu l’incompréhension et le désespoir.
Un poney est censé être un poney. C’est le principe même et la définition du produit dans son essence. Mais voilà que Hasbro nous pond une version Bratz de destrier sur deux pattes. Ces nouveaux modèles ressemblent à des gamines sous acides qui auraient barboté trop longtemps dans un grand pot de Manic Panic.
En gros, le constructeur a décidé de laisser tomber son idée de départ et c’est dommage — surtout qu’on avait déjà Barbie aventure équestre
, pas besoin d’en rajouter.
On rend le produit totalement what the fuck
Quand j’ai vu la nouvelle ce matin, ma première réaction a été d’écarquiller les yeux tout en ouvrant la bouche d’environ trois centimètres, et de réactualiser la page. Puis de recommencer.
Mon Petit Poney a été assassiné.
Certes, Rossinante dans le livre de Cervantes n’était pas vert d’eau avec une crinière malléable et ne vivait pas dans une cuisine : le projet était donc déjà un peu capillotracté. Ok, Gourmandine, Coquine et Soleiya c’était un peu des Barbies détournées.
Mais bon, ce qui était cool c’était que justement les poneys n’avaient en aucun point une forme humaine. Les petites filles ne s’identifiaient pas forcément à la petite figurine en plastique. Personnellement, les miens me servaient plus d’animal de compagnie et de monture pour mes peluches que de projection en vue de mon existence future.
Mais là, voilà. Ça recommence. Les personnages de My Little Pony ont décidé de devenir des humains en mini-jupes — en même temps, l’évolution, Darwin, le trou dans la couche d’ozone, le wifi, tout ça, tout ça…
Neytiri vient de se rendre compte qu’elle était elle aussi un poney.
On donne un bon point au marketing genré
Cette initiative montre qu’on en a pas fini avec le marketing genré. Les Petits Poneys 2013 montrent que les parents et les enfants ne sont pas vraiment au bout de leurs peines devant les catalogues des magasins de jouets…
En plus, même si j’ai eu beaucoup de mal à accepter et aimer les versions post-90’s, j’avoue que des choses pas mal ont été faites. Je pense au dessin animé vraiment pas concon et complètement barré qui passe sur Cartoon Network : dans My Little Pony : Les amis c’est magique les garçons font les même choses que les filles et les dragons se permettent d’être mignons. Mais là Hasbro vient un peu de se démonter la tronche… tout seul.
Crotte quand même.
Equestria Girls (« les cavalières » — j’en suis, merci de me prévenir si ma peau devient orange) n’ont pas grand-chose à voir avec l’équitation, finalement. C’est juste une poupée sexy en minijupe et Buffalo montantes avec des oreilles et un thigh gap. Zut alors.
C’est pas comme s’il n’y en avait pas déjà un bon paquet sur le marché… En plus, Hasbro, non content de ne pas innover du tout, invente très mal. Car je suis loin d’être la seule à me demander qui a pu avoir une idée aussi nulle.
À en croire le directeur maketing d’Hasbro, les poneys avaient vraiment besoin de ça. Il confie au New York Times :
« We are responding to the desire by our fans to experience the brand in more ways (…) They imagined themselves as which pony they would be or which pony they identified with the most. »
« Nous répondons au désir de nos fans qui veulent expérimenter la marque de multiples façons. Ils s’imaginaient eux-même comme le poney qu’ils aimeraient être ou celui auquel ils s’identifiaient le plus. »
Il ajoute qu’il pense que c’est une nouvelle direction plus audacieuse. Mon cul.
C’est loin d’être une première !
Les Petits Poneys qui se transforment en adolescentes pour concurrencer les poupées loups-garous en plastoc, c’est carrément nul. Mais le véritable problème c’est que c’est pas vraiment la première fois que ça arrive.
Je pense à Polly Pocket et son salon de coiffure miniature, ou à la nouvelle génération de Trollz. En 2012, une gamme de LEGO pour les filles avait été lancée. Le jeu de construction proposait à la vente une bande de copines aux visages plus travaillés qui évoluaient dans un salon de thé, une cuisine, etc. C’était bien sûr tout rose et bien gnan-gnan. Pourtant, à la base, LEGO était un jeu destiné aux enfants en général et non aux petites filles ou aux petits garçons.
Il n’y a pas si longtemps, une polémique est née autour du personnage de Merida, issue du film d’animation Rebelle. Dans sa version Princesse Disney officielle, la jolie rousse, plutôt loin de l’éternel calibrage, était désormais dotée d’une mise en plis et d’un décolleté de « vraie fâme ». À cela s’ajoutait un déguisement incluant le combo diadème + chaussures en or. Bref, cette « féminisation » avait totalement dénaturé le personnage.
Personnellement, j’ai cultivé mon faux jardin avec un tracteur digne d’un monster truck des blés version Playmobil, j’ai regardé Shaman King à la télé, et j’ai organisé un crime au sein de mes innombrables peluches. Pourtant je suis une fille quand même. Eh ouais.
Equestria Girls devrait sortir en même temps qu’un DVD qui expliquerait sous forme d’un film la transformation de Twilight Sparkle et de ses copines en gamines peroxydées. En voici la splendide bande-annonce :
https://youtu.be/p-n7fT3ka10
Pour moi, Mon Petit Poney sera éternellement un animal kitsch et cool à sortir en cas d’ennui les mercredi aprés-midi, ou à retrouver dans un Happy Meal.
Toutes mes condoléances.
https://youtu.be/JatE0k5xuPk
Cette transformation pour le moins radicale, tu trouves ça cool et inventif, ou tu vomis déjà ?
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Les Commentaires
En temps que collectionneuse de G1, je suis assez puriste et les G4 et G5 étaient moches à mon sens mais là... c'est horriiiiiible !
Les poneys c'est censé être comme les bisounours, c'est mignons, tendre, peace & love et faire des cacas papillons quoi !
J'espère que leur spin-off fera un flop.
Bref, je retourne gambader avec des vrais poneys !