Un intérieur design, presque cosy, un guichet traiteur pour la vente à emporter, des espaces aménagés pour la consommation sur place : c’est somme toute une épicerie de luxe tout à fait banale qui vient d’ouvrir à Berlin. À l’exception près que ses produits sont destinés aux animaux de compagnie.
Au fond pourquoi pas. Je suis moi-même une fervente défenseure de la cause animale, et toute initiative en faveur du bien-être des animaux trouve grâce à mes yeux. Mais celle-ci m’apparaît profondément paradoxale, à plusieurs niveaux.
Le bien-être de certains animaux avant tout ?
David Spanier, 31 ans, fondateur de « Pets Deli », détaille fièrement les produits disponibles à la vente : boeuf, kangourou, dinde, légumes et féculents ainsi que de l’huile de saumon.
Désolée de gâcher la fête, mais si l’on veut placer le bien-être animal avant tout, je trouve extrêmement paradoxal de créer une telle hiérarchie entre les espèces. Il faudrait offrir aux chiens une alimentation raffinée digne des repas humains, mais ranger la dinde et le kangourou au rang des vulgaires comestibles ?
Le bien-être de certains animaux justifie-t-il le sacrifice d’autres animaux ? Est-ce vraiment nécessaire ?
Un de ces animaux est comestible par l’autre. OK.
Un coût écologique disproportionné
Alors certes, on sert des viandes raffinées aux canins clients du « Pets Deli », mais on est tatillon sur la qualité :
« Les viandes sont d’une qualité telle qu’elles peuvent être consommées sans danger par des humains », se félicite M. Spanier selon Le Monde.
Loin de moi l’idée de verser dans le misérabilisme en brandissant l’argument de-la-famine-dans-le-monde. Ne tombons pas dans l’émotion mais restons dans le rationnel. Connaissant le coût écologique d’une pièce de boeuf, je m’interroge : est-il véritablement nécessaire d’inclure les animaux domestiques au rang des consommateurs de viande propre à la consommation humaine ?
Est-ce qu’on irait pas dans le mur, écologiquement et économiquement parlant ? Je ne dis pas qu’il faut commencer à s’affamer par solidarité avec les milliards de gens souffrant de la fin dans le monde, mais on pourrait éviter d’aggraver les choses, non ?
On peut très bien prendre soin de son animal de compagnie sans aller dans l’excès de luxe. Entre les immondes croquettes premier prix et l’huile de saumon, il y a une marge de manoeuvre importante.
Du coup, j’ai bien du mal à cerner le créneau marketing sur lequel cette épicerie de luxe entend se placer. Puisqu’il ne s’agit ni d’éthique, ni d’anti-spécisme, ni d’écologie, ni de charité… Il reste le luxe éhonté, et le ridicule. Mon coeur balance.
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