Précédemment dans #62jours : La bienveillance mal-placée, ou le fléau de la lâcheté empathique
C’est la question à un million de dollars, non ? Pourquoi je me lève ce matin, et tous les autres jours. Si j’arrive à y répondre, je n’aurais plus jamais besoin d’un réveil, pas vrai ? Ou du moins, du bouton « snooze » (ce démon).
Je ne parle pas, bien sûr, des raisons pour lesquelles il faut que je me lève le matin. J’ai passé 15 ans sur les bancs de l’école à devoir me lever tôt, pour attraper mon bus. Pour aller au collège, puis pour aller au lycée.
Le jour où on ne faisait plus l’appel au début du cours, il a fallu me trouver une raison d’y aller. J’ai commencé, intuitivement, à faire cet exercice pour tout ce que je faisais dans ma vie. Pourquoi j’y vais ? Pourquoi j’y suis ? Pourquoi j’y reste ?
Et puis, j’ai commencé à travailler. J’ai recommencé à me lever le matin, tous les matins. Parce que j’avais plein de raisons de le faire. Et puis, le temps passant, de moins en moins.
Un jour, je me suis rendu compte que je n’avais plus de raisons de me lever le matin : seulement un besoin. Besoin d’aller à ce travail. Mais plus d’envie. Plus d’intérêt. Plus de raison qui m’appartienne.
Je n’arrivais plus à me lever, le matin. Littéralement.
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L’envie et le besoin: la carotte et le bâton
Avant de faire un burn out et de devoir quitter mon ancien job, je n’avais pas compris la différence entre une envie et un besoin. Je pensais que le besoin était un socle, comme un roc capable de supporter toutes les pressions. L’envie n’était que la cerise sur le gâteau, la chantilly sur la génoise, en bref : un mouvement doux et sucré, qui m’entraîne vers le haut, vers l’avant.
Mais je me trompais. Le besoin, c’est bien une base, mais c’est un minimum. Ce sont les conditions de ma survie, et dans cette société, elles sont facilement remplies pour moi.
L’envie, c’est la véritable force, celle qui anime tout mon être. L’envie me fait abattre toutes les barrières, toutes les inhibitions. L’envie, c’est le super pouvoir que j’active quand je me heurte au plafond de verre, aux frontières de ma zone de confort, aux murs des refus et de l’indifférence.
L’envie me fait sauter toutes les haies posées sur mon chemin, contourner les obstacles, gravir des montagnes et atteindre des sommets
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L’envie me fait me lever le matin
L’envie a cette puissance : celle de m’arracher au confort de mon lit, au repos du sommeil, et ce, chaque matin. Si j’arrive à me lever 3 heures avant le début de ma journée de travail, c’est parce que j’ai cette envie. Envie de faire, lire, écrire, réfléchir, méditer, cuisiner, grandir, discuter…
Je cherche depuis des semaines un cap et une cadence à suivre. Je les cherchais à l’extérieur, autour de moi, vers l’horizon, dans mes influences et mes inspirations.
Mais la réponse était en moi. Je me la répète chaque soir, chaque matin : pourquoi je suis heureuse d’être où je suis, à faire ce que je fais ? Pourquoi je suis heureuse de recommencer demain, ce matin ? Parce que j’en ai envie.
Comment cultiver l’envie ?
Ce qui est nouveau, pour moi, c’est cette prise de conscience : l’envie, pas plus que la chance, ne sont des caprices du destin. Toutes deux se cultivent, s’entretiennent, se provoquent… Sans jamais prendre racine, devenir permanentes.
Alors, comment cultiver l’envie ? C’est la réponse à ma question à un million de dollars… Et je ne vais pas la breveter, parce que j’imagine qu’elle sera différente pour chacun•e d’entre nous. En ce qui me concerne, je m’essaie à l’exercice de cette façon :
Je cultive l’envie en me posant quotidiennement des questions, plutôt qu’en acceptant des réponses.
Pourquoi je suis là ? Est-ce que je suis à l’aise ? Est-ce que je suis heureuse ?
Si la réponse à l’une de ces questions est « non » ou « je ne sais pas », c’est qu’il faut que je change quelque chose. Si je ne sais pas pourquoi je suis là et que je ne suis pas à l’aise, ou pire, pas heureuse, c’est donc que je dois partir.
Je cultive l’envie en me fixant des objectifs
Ça n’a pas besoin d’être un immense projet qui va révolutionner le monde. C’est peut-être trivial, c’est peut-être très idéalise. Et alors ? Si ça me fait me lever le matin, où est le mal ?
C’en serait presque une question d’équilibre : on fixe un point devant soi pour rester stable, même lorsque notre position ne l’est pas. Il en va de même pour garder l’équilibre dans ma vie : je fixe un objectif. Ça m’aide à rester droite.
Je cultive l’envie en n’y renonçant jamais
J’ai pris une décision importante, l’été dernier, quand je me suis barrée au bout du monde, incertaine d’en revenir : ne plus jamais me trahir. Ne plus jamais me convaincre que c’est pas si mal, c’est mieux que rien, on sait ce qu’on perd mais on ne sait pas ce qu’on gagne, et autres maximes populaires bien connues.
Je me suis promis de ne plus jamais brandir mes besoins pour étouffer mes envies : elles sont plus importantes.
Qu’est-ce qu’il y a de plus important, dans ma vie, que la réponse à cette question : pourquoi je me lève ce matin, et tous les autres jours ?
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