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La vie selon Stellou

L’entretien d’entrée en master : conseils pratiques

L’oral d’admission en master constitue l’ultime et angoissante étape de sélection. Heureusement, Marie.Charlotte était là pour conseiller Mircea Austen… et vous !

Ce magistère (formation en 3 ans, de la licence 3 au master 2), j’en rêve depuis longtemps. Il y a quelques jours, c’était le jour J et j’ai passé deux entretiens : un premier le matin, pour entrer en première année (licence 3) et un second l’après-midi pour entrer en deuxième année (master 1). De quoi faire une petite comparaison avant/après les bons conseils de Marie.Charlotte !

Le premier entretien

J’étais stressée car l’épreuve est réputée très difficile : je suis entrée dans la salle pour mon premier entretien avec un grand sourire… mais j’ai oublié de me présenter. Mon jury ? Deux hommes âgés qui n’avaient visiblement aucune envie d’être là.

J’ai commencé alors ma présentation : je manquais de clarté et j’ai raconté un peu ma vie, parfois même en me dévalorisant, comme lorsque j’ai reconnu le manque de continuité dans mon parcours académique. Quand j’ai commencé à expliquer pourquoi ce magistère m’intéressait, un glaçant « Ah bah enfin, on y arrive ! » m’a accueillie.

J’ai expliqué confusément mon projet professionnel : faire de la gestion de projet culturel international, orienté Web et transmédia. Les deux hommes ont haussé le sourcil, semblant à peu près aussi intéressés par les carrières du numérique que par mon grain de beauté sur le mollet droit.

J’ai tenté de ne pas me laisser faire, mais c’est trop tard, le rouleau compresseur est lancé : les questions de culture G se sont enchaînées, alternant les sujets européens et ceux plus internationaux. Mes réponses étaient confuses et transpiraient l’improvisation, comme si je ne maîtrisais aucun sujet, ce qui n’est pas forcément vrai !

Quand j’ai abordé mes expériences professionnelles, tenter de faire comprendre à ces deux soixantenaires que madmoizelle.com n’est pas un stage dans une feuille de chou sur le maquillage, mais bel et bien un vrai travail de fond développant des compétences journalistiques, était un véritable calvaire… J’ai tenté alors de leur faire comprendre pourquoi c’est bien leur formation qui me motivait, mais aucun de mes arguments n’a fait mouche.

Quand je suis sortie de mon entretien, j’ai tout de suite su que je l’avais raté.

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J’ai passé alors le temps avant mon entretien de l’après-midi à me demander comment sauver les meubles et éviter la catastrophe une nouvelle fois.

C’est à Marie.Charlotte que j’ai demandé conseil puisque notre rédactrice actu/politique a elle-même déjà participé à des jurys de sélection, et mené des entretiens d’embauche.

Le second entretien et les conseils de Marie.Charlotte

Avertissement du coach : ces conseils sont destinés à orienter la préparation de tout entretien de sélection, que ce soit pour une entrée en école, en master, un entretien d’embauche ou de stage.

Il ne s’agit en aucun cas d’une formule magique, ni d’une martingale qui marcherait à tous les coups. Ce sont des techniques qui permettent de mettre son profil et son expérience en valeur, et d’aborder sereinement cet exercice. Rien de plus !

La meilleure garantie de réussite à un entretien de sélection réside dans votre travail, et vos qualités. Quand on est à quelques jours (ou à quelques heures, dans le cas de Mircéa Austen) d’un entretien de sélection devant un jury, il est trop tard pour essayer de se remplir le crâne avec la moitié de Wikipédia.

Les connaissances s’acquièrent sur une préparation à long terme. Inutile de se torturer, on ne rattrape pas un an de travail régulier en quelques jours. Ça ne sert à rien de stresser sur le manque de préparation !

Ce n’est pas non plus une raison pour paniquer : douter, c’est normal, c’est même plutôt sain. Mais devant un jury de sélection, il faut trouver le bon équilibre entre confiance et humilité.

En revanche, on peut travailler sur la forme, même à quelques heures d’un oral, en ayant en tête les quelques clés que nous allons développer : bien définir son objectif, son projet, savoir présenter son parcours en cohérence avec cet objectif, et organiser ses compétences en cohérence avec son projet.

Voici quelques techniques pour aborder sereinement mais efficacement un entretien de sélection (ici, en master) !

Définir son objectif

  • Les conseils de Marie.Charlotte :

Pourquoi je suis là ? Quel est mon projet, mon plan ? Qu’est-ce que je veux ? La réponse ne peut pas être « je suis là parce que je veux entrer dans ce master, parce que je veux ce master ». Le master n’est pas une finalité, mais un moyen d’atteindre mon objectif.

Je prends le temps de bien définir mon projet professionnel avant mon entretien, car c’est autour de cet élément que ma présentation orale va être structurée. Tout ce que j’ai fait par le passé, tout ce que je compte faire, tout converge vers mon objectif, mon projet. Même si ce n’est absolument pas le cas, bien sûr, nous sommes nombreux•ses à avoir tâtonné avant de trouver notre voie ! Et on n’est pas forcément décidé-e-s au moment où l’on passe un entretien de sélection — surtout que rien n’empêche de tenter l’entrée dans des masters différents, en poursuivant des objectifs différents !

Mon objectif sera au centre de mon entretien : il structure ma présentation orale, ma manière de détailler mon parcours et mes compétences, et il me sert aussi à répondre aux questions du jury.

  • Ce que Mircéa Austen a fait

Avant mon entretien, j’ai écrit le plan de ma présentation au brouillon avec, en haut en rouge, mon objectif : « gestion de projet culturel international ». Je l’ai énoncé clairement dès le début de mon entretien : « je suis ici aujourd’hui car je voudrais travailler dans… ». Ma phrase était courte et je ne l’ai pas étouffée sous un discours alambiqué.

Organiser la présentation de son parcours

  • Les conseils de Marie.Charlotte 

Une fois que l’objectif a été clairement défini, il suffit de « raconter » son parcours comme si chaque étape entraînant la suivante, jusqu’au dénouement logique : l’atteinte de l’objectif.

Je vais faire le même travail que l’organisation de mes compétences sur mon CV, dont je parlais dans les six erreurs et leçons de ma recherche d’emploi :

« Au lieu d’aller étaler dans une rubrique « hobbies » des « activités » auxquelles personne ne s’intéresse, j’aurais dû lister les compétences que j’ai acquises grâce à ces expériences.

Alors au lieu d’écrire que j’ai fait du théâtre, que j’ai été bénévole pour des associations, que j’aime les sports de montagne, j’aurais dû développer les compétences correspondantes : esprit d’initiative, leadership, gestion de projet, esprit d’équipe, management d’une équipe, aisance à la prise de parole en public, etc. »

Dans le cadre d’un entretien de sélection, je peux appliquer la même recette : au lieu de démontrer que j’ai toutes les compétences requises pour le job (comme sur le CV), je démontre que j’ai toutes les compétences requises (ou en voie d’acquisition) pour atteindre mon objectif.

Je présente mon parcours de façon à ce qu’il soit cohérent avec mon objectif, et je souligne les compétences que j’ai acquises ou développées à chaque étape.

Pour schématiser l’exercice, on peut imaginer un squelette. Le crâne, c’est mon objectif : c’est le centre nerveux, qui commande à tout l’ensemble. Mon parcours, c’est le squelette : c’est la structure. Tout est relié à l’objectif, de façon plus ou moins directe.

Mes expériences et mes compétences, ce sont les muscles et les nerfs, qui permettent de tenir l’ensemble et de le mettre en mouvement : j’avance dans mon projet parce que ma structure est solide et que je développe constamment mes compétences, à travers mes expériences.

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Crédit photo : Jean Pierre Lavoie

Le master ? C’est la chair, c’est du bonus, du remplissage. Tant mieux si je l’ai, tant pis si je ne l’ai pas : je ferai sans.

Il ne s’agit pas d’apparaître arrogant•e ou nonchalant•e devant le jury, mais d’être serein•e : je ne suis pas en train de jouer mon avenir, je suis juste en train d’essayer d’emprunter la route la plus directe vers mon objectif. Si je dois faire un détour, ce ne sera ni un drame, ni vraiment un obstacle, tout au plus une expérience enrichissante.

Voilà qui permet d’aborder l’entretien sans pression ! Est-ce que c’est plus facile à dire qu’à faire ? Certainement. Mais il faut bien admettre qu’on ne joue ni sa vie ni son avenir à un entretien de sélection, c’est un fait. Et on ne réussit pas davantage en l’abordant sous pression. Alors autant dédramatiser l’exercice, cela ne te donnera que plus d’assurance et de confiance face à un jury hostile.

  • Ce que Mircéa Austen a fait

J’ai décomposé mon projet professionnel selon les compétences requises. Dans mon cas, ça m’a donné trois colonnes sur mon brouillon : la gestion, l’aspect culturel et l’aspect international.

Pour chacune de ces thématiques, j’ai fait une liste de trois à quatre compétences pour lesquelles j’utilise des mots-clefs clairs comme « je sais gérer un budget », « je sais respecter une deadline ». Pour chacune de ces compétences, j’ai donné un exemple tiré de mes stages, le plus précisément possible : j’ai chiffré les budgets, j’ai donné les délais des deadlines… Je n’ai pas hésité à en rajouter sur le côté technique : « connaître les règles du droit à l’image » « utiliser un éditeur HTML », etc.

Enfin, je fais une sélection de quelques compétences que j’ai seulement commencé à développer et pour lesquelles j’ai besoin de leur master pour parfaire la formation, sans être dans la position de celle qui réclame.

Rester maître du jeu face à un jury hostile

  • Les conseils de Marie.Charlotte

La grande injustice des entretiens de sélection, c’est qu’on ne sait jamais sur qui on tombe. Il faut savoir que les jurys sont rarement composés de professionnels du recrutement, il faut donc partir du principe qu’ils ne savent pas mener des entretiens : c’est un métier. Et on recrute rarement un•e candidat•e sur la base d’un entretien de dix à vingt minutes, questions-réponses comprises.

Selon le nombre de candidat•e•s en lice, les jurys enchaînent les entretiens pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours. Si tu as le choix de l’horaire, évite la fin de journée ou la fin de session.

Même dans des conditions idéales (composition du jury équilibrée, bon horaire), les membres du jury seront plus ou moins impliqués dans l’exercice.

Rien ne sert de chercher du soutien ou toute forme de feedback positif : parfois le jury réagit, parfois pas, parfois négativement. Il vaut mieux ne rien attendre. S’il y a du feedback positif, c’est du bonus ! On peut en profiter pour rebondir spontanément sur une question ouverte par exemple, c’est moins risqué que face à un jury qu’on ressent comme étant hostile.

Si le jury pose des questions ouvertes un peu vague, il faut en profiter, c’est toi qui a la parole ! À toi d’emmener le jury sur un terrain de discussion qui te convient !

Si le jury te semble hostile, il va falloir prendre sur toi, malheureusement. Par exemple quand tu ressens qu’il dévalorise un aspect de ton parcours, ce qui arrive souvent face à certains types de jurys, frappés de vieuxconisme : quand ils ne comprennent rien aux métiers du Web par exemple…

Dans un tel cas de figure, je conseille de faire preuve de souplesse : attaquer le jury en frontal pour essayer de démontrer qu’il a tort est une stratégie très risquée. Si je dois mettre en avant une expérience dans le Web face à un jury clairement sceptique, je vais essayer de « traduire » mes expériences en compétences « classiques ». Par exemple :

  • Se familiariser avec une nouvelle interface : démontre ma capacité d’adaptation, l’acquisition de compétences techniques.
  • Rigueur et autonomie sont acquises par la pratique du télétravail, les contraintes de publication immédiate et de gestion du feedback immédiat (les commentaires qui pointent les erreurs, par exemple !)

Autre exemple, parler de « community management » face à un jury Web-hostile ne marque pas de points. Il vaut mieux dire qu’on a appris à gérer une communauté (ce qui signifie strictement la même chose, n’est-ce pas !), résoudre des conflits, gérer la communication d’une marque en contact direct avec ses clients : voilà des compétences concrètes, qui parleront même à une personne qui pense qu’Internet n’est qu’un terrain de jeux.

  • Ce que Mircéa Austen a fait

J’ai mâché le travail des recruteurs en mettant en avant mes compétences et mes expériences de façon claire et précise. Comme mon second jury est plus jeune, j’en ai profité pour développer mon projet axé multimédia sans délaisser la troisième membre plus âgée : quand elle fronçait les sourcils, j’explicitais les termes.

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« Les grandes personnes aiment les chiffres »

Je suis toujours mon plan ultra-rigoureux : j’ai énoncé clairement ma compétence dans des termes-clefs et relativement conventionnels avant de les illustrer avec un exemple tiré de mes stages. Je n’ai pas hésité à raconter comment je me suis tirée d’une difficulté.

J’ai mis en avant mes stages sans raconter ma vie, et pour cela j’ai utilisé des chiffres : tant d’employés dans mon entreprise d’accueil, tant de vues sur madmoiZelle.com par mois, et par soucis de pédagogie, j’ai fais des comparaisons avec d’autres sites Web plus généralistes.

La prochaine fois, je préparerai mon ordinateur pour pouvoir directement leur montrer la page d’accueil du site.

Dernière ligne droite : les questions

C’est un moment redouté, et pourtant, on peut s’en sortir sans avoir à se faire greffer Google dans le cervelet.

  • Les conseils de Marie.Charlotte

Distinguons différents types de questions.

Les questions purement factuelles : quelle est la capitale des États fédérés de Micronésie ? Quels sont les pays membres de l’OPEP ? (J’ai vraiment eu cette question, merci.)

Réponse : je ne peux rien pour toi. Si ces questions portent sur des connaissances socles que tu es censée avoir, tu as deux solutions : le bluff ou l’aveu d’ignorance.

Si tu fais un master « reine du pétrole », tu es censée connaître la liste des pays exportateurs de pétrole. Tu ne les connais pas (petite polissonne) ? Deux options s’offrent à toi.

L’aveu d’ignorance : « là de tête, je suis incapable de vous les citer ». Ce n’est pas un crime, personne n’est omniscient. Mais attention, il ne faut pas se contente d’un « je ne sais pas », il faut tenter de prendre la main, en relançant la discussion, par tous les moyens ! Sinon, c’est le jury qui enchaînera, probablement avec une autre question de connaissances, et tu ne pourras pas poser le joker ignorance une deuxième fois (ça commencerait à faire beaucoup).

Je suis incapable de les citer… « Mais on peut s’interroger sur le pouvoir d’influence de cette oligarchie sur le cours du pétrole, et par ricochet, sur la santé économique mondiale ». Re-bon-dir, c’est la clé.

Sinon, il y a le coup de bluff, mais vraiment, à tes risques et périls. « Alors bien sûr, on peut citer les principaux pays exportateurs de pétrole », et en citer 2-3 avec le ton de celle qui a vraiment mieux à faire de son temps que d’énumérer des pays, tout en préparant son enchaînement.

Le coup de bluff n’a aucune chance de passer si tu n’enchaînes pas habilement pour emmener le jury vers un sujet que tu maîtrises !

Dans mon cas, je ne savais pas citer les pays exportateurs de pétrole, mais je sais dire qu’ils sont majoritairement situés au Moyen Orient. Donc que cette organisation qui se présente comme une alliance économique a aussi un agenda politique — POLITIQUE ! Magnifique, on quitte l’économie (à laquelle je ne connais rien) pour parler politique (sujet sur lequel je suis déjà plus à l’aise).

Pour éviter de subir l’entretien, la clé est de réussir à enchaîner. Le jury qui veut te poser des questions ignorera tes tentatives de changement de sujet et te demandera bien ce qu’il veut. Mais si ton jury est un peu plus passif, il pourra suivre ton mouvement, et rebondir sur tes réponses plutôt que de sortir des questions sur d’autres sujets.

Si tu laisses un blanc, si tu réponds à la question de façon purement factuelle, tu laisses au jury le soin d’enchaîner, et donc de partir où bon lui semble. C’est à toi de tendre les perches pour qu’il rebondisse sur tes réponses dans un sens qui t’intéresse.

Je ne dis pas que c’est facile, bien entendu : le jury est sauvage, indomptable, il peut agir de façon imprévisible.

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À vous de vous attirer les bonnes grâces de vos jurys plus ou moins sympathiques !

Autre type de question pouvant survenir lors d’un entretien de sélection : celles basées sur une structure « que pensez-vous », du type « quelle est votre analyse », « quel est votre sentiment ». On ne te demande pas (vraiment) ton avis, on cherche à savoir comment tu formules/exprimes cet avis.

Plusieurs schémas de réponse sont possibles.

Tu penses « Hmm, je n’ai pas d’avis » : réponds par l’avis de quelqu’un d’autre, légitime sur ce sujet. Tu peux citer un philosophe, un politique, une personnalité pertinente, un article que tu aurais lu, l’auteur d’un ouvrage.

« Tu parles que j’ai un avis sur la question, j’ai bossé sur ce sujet » : c’est le moment de répondre en raccrochant ton travail/ton parcours (et surtout ton OBJECTIF !), en illustrant ton propos d’exemples tirés de ton expérience propre.

« Je ne sais que faire de cette question » : on a un problème. Essaie d’identifier dans la question un « mot clé », qui pourrait servir de prétexte, auquel je peux raccrocher une réponse qui m’arrange. Typiquement, ça m’arrange toujours de répondre en racontant mon expérience/mon parcours sur un point précis. J’applique la formule suivante :

Question (mot clé) = Réponse (Objectif) -> compétence (moyen)

Il s’agit exactement du même exercice que dans la présentation de son objectif et de son parcours, sauf qu’ici, on se focalise sur un aspect du parcours, pour mettre en avant les informations pertinentes par rapport au mot clé de la question.

Par exemple, lorsqu’un jury m’a demandé mon avis sur les variations du cours du pétrole (mon avis. Les cours du pétrole. Quel avis ? De quoi me parlez-vous ? Hein ?), j’ai utilisé deux techniques :

  1. J’ai emmené le sujet vers l’écologie et les énergies alternatives au pétrole (l’art de la transition)
  2. Quand la question est revenue (oui, ils y tenaient), j’ai raccroché mon ambition de travailler dans une organisation internationale, en parlant des actions de lobbying de l’OPEP.

Un dernier conseil sur la partie entretien d’un oral de sélection : parfois (souvent), le jury est moins intéressé par la réponse que par la manière de répondre. Je ne conseille pas de bluffer, mais quand on te sort une question si impossible qu’elle te semble être une question troll, c’est peut-être une question troll. Peut-être que le jury veut tester ta réaction, voir comment tu t’en sors face à une question à laquelle tu ne sais pas répondre.

Autant se poser la question en amont : comment réagis-tu quand tu n’as pas la réponse à une question ?

  • Ce que Mircéa Austen a fait

Concernant les questions de culture générale, le niveau de ces entretiens est trop élevé pour que je puisse préparer totalement mes sujets, qui couvrent l’actualité… du monde entier. Je suis donc partie du principe que le but du jeu n’est pas tant d’avoir la réponse parfaite… que d’avoir une réponse tout court !

On m’a par exemple posé une question sur Marine Le Pen et les élections européennes : sous le coup du stress j’ai oublié tout ce que je suis censée savoir. Heureusement, j’ai récemment écrit un article à ce sujet sur madmoiZelle, ce que je n’ai pas manqué de souligner et j’ai axé ma réflexion sur son contenu : Marine Le Pen et le genre « féminin ». Entre-temps, beaucoup plus d’informations me sont revenues et je m’en suis sortie sans soucis.

À l’inverse, lors de mon premier entretien j’ai tenté un coup de bluff sur la carrière de Catherine Ashton, Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, que je fais mine de connaître lorsqu’on me demande son bilan. Malheureusement, mon bluff s’est effondré lorsqu’on m’a demandé des détails plus précis : de quoi faire mauvaise impression !

Échaudée, lors de mon second entretien, quand on m’a posé la question du PIB à laquelle je ne sais pas répondre, j’ai avoué clairement mon ignorance plutôt que de tenter une estimation ridicule. Pas l’idéal, mais préférable à un mensonge pris en flagrant délit !

Parler de soi, « se vendre », cet exercice inconfortable

Bien parler de soi, ce n’est pas facile quand on a appris la modestie et l’humilité tout au long de sa scolarité, voire de sa vie. J’ai beau être fière de mon parcours et de mes capacités, je suis bien incapable de les vendre efficacement, comme on l’a vu lors de mon entretien d’embauche raté.

  • Les conseils de Marie.Charlotte

On le disait au début de ce papier, l’entretien de sélection relève presque du recrutement : ce n’est pas une épreuve éliminatoire dans l’esprit, car l’élimination se fait en amont, par la sélection des dossiers.

Le mieux à faire est donc d‘avoir bien en tête ce pourquoi on est là (son objectif) et ce pourquoi on va réussir (grâce à nos compétences), avec ou sans ce master.

Entre mes doutes permanents et la crainte de paraître arrogante si je force le trait, je n’ai jamais vraiment trouvé le juste milieu. Mais j’ai choisi mon camp : je préfère prendre le risque d’être jugée prétentieuse plutôt que de manquer de confiance en moi, en mes compétences, en ma légitimité.

Quand je parle de mes qualités, c’est souvent en parlant des obstacles que j’ai rencontrés dans mon parcours, mes qualités m’ayant permis de résoudre certains problèmes, de dépasser certains obstacles.

Je parle volontiers des leçons que j’ai apprises, parce qu’elles témoignent de ma capacité d’écoute, d’observation, d’apprentissage, et surtout de mon humilité.

Et surtout, je baisse la garde. Mon plus gros échec en entretien de sélection, je le dois à une attitude bien trop défensive. Je me suis présentée face au jury comme un boxeur entre sur le ring, décidée à rendre coup pour coup et ne pas se laisser envoyer au tapis.

Je voyais l’exercice comme une confrontation, un challenge, or c’était un entretien, une rencontre, un échange. Même si le jury était loin d’être complaisant, il n’était pas hostile, juste froid et distant. Comme un jury de concours…

Et bien sûr, si c’était à refaire, je serais beaucoup, beaucoup plus détendue. Je croyais jouer mon avenir, mais l’enjeu n’était que ma future ville et mon quartier de résidence, vraiment.

Quand on est déterminé•e, quand on a des objectifs, des envies, des projets, les masters et les stages ne sont que des moyens, pas des finalités.

Et si ça ne passe pas ce jour-là, on passera par un autre chemin !

  • Ce que Mircéa Austen a fait

Lors de ce second entretien, j’ai organisé mon discours en permanence autour de mes compétences pour prouver que je ne venais pas supplier pour une admission, mais bien qu’il leur serait tout à fait logique de m’accepter.

J’ai veillé cependant à ne pas paraître prétentieuse et j’ai nuancé mon discours, par exemple en expliquant les difficultés que j’ai rencontrées lors de mon stage en Inde et comment je les ai résolues. Quitte à en rajouter un peu…

J’ai pris le temps de parler de leur magistère, des cours proposés, pour leur faire comprendre que je n’étais pas venue en touriste. Je n’ai pas hésité pas à comparer leur programme avec d’autres formations pour bien montrer qu’ils ne représentent pas une solution par défaut.

Je n’ai pas hésité à regarder mon jury dans les yeux, je me suis présentée poliment et j’ai souri. Le jury était détendu, il m’a rendu mon sourire et nous rigolions plusieurs fois ensemble. Cette bonne ambiance n’était en rien un indice concernant mon résultat futur, mais simplement le signe que l’entretien se passait aussi bien que possible.

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En sortant de la salle, à défaut d’avoir la sensation d’une parfaite réussite, j’étais satisfaite : j’ai maîtrisé la situation et cela me sera utile tôt ou tard lors de mes futurs entretiens !

Merci Marie.Charlotte et bonne chance à vous !

Et vous, les « grandes soeurs » rompues à l’exercice, quels sont vos conseils et astuces pour aider les madmoiZelles qui préparent des entretiens de sélection ? Venez en discuter sur le forum !

Pour aller plus loin :


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Les Commentaires

9
Avatar de AlexaneR
3 juin 2020 à 21h06
AlexaneR
Hello tout le monde !

Je suis à la recherche de conseils qui pourraient m'aider pour un entretien pour un potentiel futur Master.
Je dois passer un oral de sélection dans 15 jours, à un master LEA en affaires internationales à Toulouse.

Mais, gros hic, on ne se moque pas svp : J'ai bien une licence LEA, mais j'ai peu voyagé et je parle mal anglais. Je le comprends bien, je l'écris bien, mais j'ai eu très peu d'opportunités de vraiment le pratique à l'oral. Et l'entretien pour le master se fera évidemment en anglais...

Est-ce que vous auriez des conseils, ou des genre de tuto sur internet qui permettent de s'entraîner à passer des entretiens pour des Master en anglais ? (Et, également, à déculpabiliser et arrêter de se sentir nulle parce qu'on parle mal anglais alors qu'on est étudiant en langues haha).

Merci toutes !
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