« Moins de 3% des Françaises de 18-64 ans ont créé ou repris une entreprise en 2011, contre 4,5% en Allemagne et plus de 10% aux États-Unis ». Partant de ce constat, Najat Vallaud-Belkacem entend faire progresser la part de femmes entrepreneures à 40% d’ici 2017 (contre 30% à l’heure actuelle).
Lors du salon Planète PME qui avait lieu mardi 18 juin à Paris, la Ministre des Droits des femmes a annoncé sa volonté de promouvoir l’entrepreneuriat féminin. Car si les femmes ont bien évidemment accès comme les hommes au dispositif d’aide à la création d’entreprise, elles ne représentent que 30% de cette population.
« Les filles ne seraient pas faites pour prendre des risques »
C’est un stéréotype communément répandu : les filles auraient une aversion au risque plus prononcée que les garçons. Or la création d’entreprise suppose une prise de risque, étant donné que la réussite du projet n’est jamais acquise d’avance.
Pour lutter contre cette idée reçue, la Ministre prévoit des actions de sensibilisation auprès du public féminin dès le collège, mais également dans les lycées et l’enseignement supérieur. Elle précise :
« Dès la classe de 6ème, l’entrepreneuriat féminin fera partie du programme au titre du nouveau parcours individuel, d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel, prévu par la loi refondation de l’école […] Une semaine de sensibilisation à l’entrepreneuriat féminin dans les collèges, lycées et établissement de l’enseignement supérieur sera organisée chaque année, sur le modèle de celle qui a été expérimentée au mois du mai dans cinq académies. »
Pour déconstruire les stéréotypes, mieux vaut effectivement s’y prendre tôt, dès le collège pour tout ce qui touche aux questions d’orientation.
Faciliter l’accès à l’information et au financement
La Ministre a annoncé plusieurs mesures allant dans ce sens :
- La création d’un site de référence, afin de regrouper l’information disponible, jugée « dispersée et trop peu lisible ».
- Organisation et coordination par le gouvernement d’un « premier accueil » et renforcement de la « professionnalisation des réseaux d’accompagnement », qui inclut notamment la déclinaison de plans d’action régionaux.
En ce qui concerne plus particulièrement les questions relatives au financement des projets, Najat Vallaud Belkacem a présenté deux points :
- Renforcement de la visibilité et des moyens du fond de garantie à l’initiative des femmes (FGIF)
- Création d’un « fond expérimental partenarial » entre la Caisse des Dépôts, les conseils régionaux, les organismes consulaires et les banques privées dans trois régions afin de compléter les financements actuels. Les participations pourront aller jusqu’à 35 000€ par projet.
L’aide spécifique aux femmes chefs d’entreprise
Enfin, la Ministre a exprimé le souhait de voir développer « des aides spécifiques aux femmes chefs d’entreprise », citant notamment « la prise en charge financière des modes de garde ».
Effectivement, lorsque l’on décide de créer son entreprise ou lorsque l’on est chef d’entreprise, avoir des enfants en bas âge peut rapidement venir compliquer l’organisation personnelle. La prise en charge financière des modes de garde est une mesure qui pourrait bien en effet lever un obstacle pour de nombreuses femmes.
En revanche, il serait dommage de limiter le bénéfice de cette mesure uniquement aux femmes. D’une part parce qu’il s’agirait purement de discrimination, ce qui risquerait d’entraîner l’annulation de la mesure. Mais également parce que réserver le bénéfice de cette mesure aux femmes contribuerait à renforcer l’idée que les enfants sont le problème des femmes.
Or il s’agit bien là d’un autre stéréotype. Si dans les faits les enfants sont souvent « le problème des femmes », dans l’absolu, ils sont le « problème » des parents. Espérons donc que la mise en oeuvre des mesures annoncées ne va pas renforcer l’idée que l’équilibre vie de famille/ambition professionnelle est uniquement un problème de femmes.
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Les Commentaires
Et puis le combat contre les inégalités c'est joli mais en temps que fille, ce qui me freinerait le plus à créer ma boîte avant le problème de la garde de mes enfants, c'est surtout que (pour faire gros) la France n'est pas vraiment un pays qui incite à l'entrepreneuriat, je trouve.
Je ne crache pas sur les acquis sociaux qu'on a, hein, mais j'ai l'impression qu'il y a une très grosse défiance du "patronat" (presque façon XIX pour certains...)