Dans Entre, un podcast produit par Louie Média, Charlotte Pudlowski échange avec Justine, une jeune pré-ado de 11 ans.
Justine rentre au collège, et raconte son quotidien : amitiés, amours, harcèlement, profs, relation avec ses parents… La jeune fille porte un regard incroyablement mature sur le monde qui l’entoure.
Au fil des épisodes, elle déroule des aspects de son quotidien plus ou moins légers. À force de suivre son histoire, Marie et Mathilde se sont prises d’affection pour elle. Mais l’épisode 21 du podcast, intitulé « La Disparition », les a profondément remuées.
Alors que ni l’une, ni l’autre ne trouvait les mots à adresser à la jeune fille, elles ont décidé d’écrire cette lettre à quatre mains, d’y mettre toutes leurs tripes et leur amour, pour d’une certaine manière rendre à Justine ce qu’elle leur a donné, et la soutenir dans les moments les plus compliqués.
Elles adressent aussi un immense remerciement à Charlotte Pudlowski, pour permettre à Justine de s’exprimer si librement, et au public de s’identifier d’une manière aussi forte. Bravo pour ce podcast.
Justine, nous n’avons pas les mots
Chère Justine,
Justine, nous n’avons pas les mots pour nous adresser à toi aujourd’hui. Écouter le dernier épisode de Entre nous a complètement chamboulées. Ce serait plus honnête de te dire que chacun des épisodes nous transporte et nous transforme. Que nous attendons avec impatience la suite de tes aventures, que voir la vie à travers ton regard nous fait du bien et questionne le nôtre.
Mais cette fois-ci, nos tripes se sont retournées.
« [Ma mère] reçoit un appel où y a écrit le nom de mon papa dessus. […] Et c’est pas la même voix que mon papa. C’était un médecin de l’hôpital qui disait qu’il avait eu un accident et qu’il était dans le coma. »
En moins de quatre minutes, nos poils se sont dressés, nos regards troublés, et l’espace d’un instant nous n’avons plus eu pour envie que de te prendre dans nos bras, comme une petite sœur dont nous partagerions la peine.
Dans ton histoire résonnent les nôtres
Tu sais Justine, nous avons une histoire terriblement similaire. Quand Marie avait 10 ans, son papa alcoolique a aussi eu un accident et il est tombé dans le coma. Au bout de 10 jours, son papa s’est réveillé… mais il n’a plus jamais été le même. Ses troubles psychologiques ont pris le dessus et se sont ajoutés à de lourds handicaps physiques qui l’ont laissé aigri, seul et profondément malheureux.
Forcément, te voir traverser une telle épreuve nous touche.
D’autant plus, Justine, nous admirons ta maturité. Mais ça, tout le monde doit te le dire. Nous admirons ta fraîcheur
, ton regard de jeune adolescente sur un monde que tu découvres. Grâce à toi, nous le redécouvrons.
Et pourtant aujourd’hui, cette fraîcheur avait quitté ta voix. C’est certainement de la bravoure qui l’a remplacée.
« C’est certainement de la bravoure qui l’a remplacée. »
Nous t’avons trouvée immensément courageuse de prendre la parole sur quelque chose de si douloureux. Nous avons senti combien cela semblait difficile pour toi. Nous avons senti combien tu te battais pour le faire. Merde — pardonne-nous la vulgarité —, tu l’as fait, tu es allée jusqu’au bout !
Nous avons peur aussi, tu sais
Plusieurs fois, dans de précédents épisodes, tu as parlé de ce que signifiait « devenir adulte ». En prenant la parole, tu as franchi un pas énorme. C’est fou parce que nous sommes fières de toi comme si nous te connaissions depuis longtemps.
Tu nous a touchées au plus profond de nous-mêmes, parce que tu as su accueillir une émotion aussi brute là où nous nous blindons et nous sur-protégeons en permanence. Tu n’as pas eu peur, ou alors tu as dépassé la peur de la partager et de l’exprimer, quand nous tentons désespérément de passer pour des « femmes fortes ».
Nous avons toutes grandi avec la peur de perdre celles et ceux qui comptent pour nous. C’est l’angoisse la plus profonde et humaine, celle qui nous lie par delà les cultures et les frontières.
C’est une peur intime que nous gardons enfouie, presque jusqu’à l’oublier. C’est une peur que nous assumons très peu, puisque nous n’osons que rarement dire « je t’aime » à ceux et celles que nous aimons. Comme s’il s’agissait d’un aveu de faiblesse.
L’intime est plus que jamais universel, alors quand tu nous livres ton intimité, Justine, tu nous bouleverses. Par ta force, par ton intelligence, par ta clairvoyance, par ta brillance. En toi, nous voyons la petite sœur idéale, la future femme inspirante qui construira un monde plus juste.
Nous sommes là, avec toi
Mais tu sais, l’amour aussi est universel. Et c’est ce que nous avons envie de t’envoyer aujourd’hui. Beaucoup d’amour, un amour aussi brut que les événements tragiques qui traversent nos vies et nos histoires.
Un amour aussi sincère que les larmes qui ont coulé lorsque nous t’avons écoutée, que l’empathie qui nous a remplies au point que nous avons décidé d’écrire cette lettre.
Il y a tant de violences imprévisibles contre lesquelles nous ne pouvons pas lutter. Mais face à ces violences, c’est la solidarité et cet amour universel qui nous sauveront. Nous en sommes persuadées.
Merci pour tout ce que tu nous as donné, Justine, pour tout ce que tu nous as appris. C’est à notre tour aujourd’hui de prendre la parole, pour te dire cette simple phrase, mais qui compte tant.
Ça va aller Justine, nous sommes là, avec toi.
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Les Commentaires
Merci pour elle, c'est important qu'elle soit soutenue, sachant qu'elle nous ouvre clairement son coeur en racontant tout ça, qu'elle sache qu'elle n'est pas seule <3