Parlons peu, parlons bien, voici l’objet du scandale :
Pour mémoire, Olivier Falorni est l’adversaire de Ségolène Royal à La Rochelle, un socialiste dissident. Or, François Hollande et le gouvernement soutiennent Ségolène Royal. A cinq jours du deuxième tour des législatives, cela semble une erreur stratégique : alors que les médias étaient focalisés sur les démêlées de l’UMP avec le FN, elle ramène l’attention sur elle et fait apparaître un camp socialiste divisé. Le même type de faute qu’un Laurent Fabius, qui avait semé la discorde dans le parti en promouvant le non à la Constitution européenne.
La faute de Valérie Trierweiler
Outre une erreur stratégique pour le camp socialiste, il semble que Valérie Trieweiler ait commis une faute plus grave : celle de ne pas rester à sa place. Le site du Monde, qui a consacré pas moins de 16 articles à cette affaire, titre entre autres : « Martine Aubry : « Il faut que Valérie Trierweiler soit plus discrète » », « Royal et Trierweiler, les femmes du président » et « Le conflit entre Valérie Trierweiler et Ségolène Royal trouble la présidence Hollande ».
Pourquoi Valérie Trierweiler a-t-elle écrit ce message – sachant qu’elle a twitté trois fois depuis un mois, il était forcément réfléchi ? Jalousie ? Elle-même affirmait à une journaliste de RTL que « parler de jalousie [était] idiot
». Amitié pour Olivier Falorni, qui a été un fidèle soutien de Hollande ? Volonté d’affirmer son indépendance, puisqu’elle voudrait continuer d’exercer son métier de journaliste malgré son (absence de) statut de Première Dame ?
Outre ces spéculations, ce qui ressort est l’emballement médiatique qu’il y a eu autour de ce tweet. « Quand on lit le Nel Obs : Valérie T. Quand on regarde les infos TV, sur toutes les chaînes : Valérie T. On écoute la radio: Valérie T. On regarde les titres des journaux : Valérie T. » se plaignait hier un internaute sur le site du Nouvel Observateur.
Un couple est-il une entité indissociable ?
Problème subsidiaire : est-ce que, si une femme était présidente, on considèrerait qu’elle doit « gérer son compagnon », que ce dernier doit rester rangé derrière son avis, perdrait-elle l’autorité si ce n’était pas le cas ? Que va-t-il se passer le jour où une femme sera présidente, et où il y aura un « Premier Sieur » (je sens qu’on va en baver pour trouver un nom) à l’Elysée ? Pourquoi accorde-t-on autant d’importance aux propos d’une personne qui n’a aucune fonction publique ?
Je vois ici une similarité avec l’affaire « Brakni/Bachelot » : en 2010, Eric Cantona avait appelé à retirer son argent des banques. Roselyne Bachelot avait alors rappelé que son épouse, Rachida Brakni, avait tourné dans un spot publicitaire pour LCL. Un commentaire que cette dernière avait très mal pris, rappelant à Roselyne Bachelot qu’elle n’était pas inféodée à son mari au point qu’on lui prête toutes ses idées. Valérie Trierweiler pourrait se plaindre de la même chose.
Certes, la différence est que la « Première Compagne » met ici le président dans l’embarras. Mais serait-ce le cas, si nous ne considérions pas naturellement qu’elle doit partager tous ses avis ? Au delà, il y a peut-être une vision du couple à modifier : aujourd’hui que l’on considère les femmes comme des personnes indépendantes, il va être de plus en plus difficile de considérer les couples comme des entités indissociables.
Une drôle de hiérarchie de l’information
La plus grande erreur de Valérie Trierweiler a été de braquer les projecteurs sur elle. Mais les médias ne choisissent-ils pas leur hiérarchie de l’information, et ne sont-ils pas responsables de cet emballement alors que la majorité des français semble y être indifférente ?
Le site du Monde a publié hier un édito intitulé « Conseil à la première dame : oublier Twitter ». « Elle ne rend pas service aux femmes en réglant ses comptes dans l’arène publique. » peut-on y lire. « Les femmes » seront enchantées, j’imagine, que des propos tenus par l’une d’entre elles les affecte toutes. Et Le Monde de continuer : « d’autres débats, plus urgents et plus graves, s’imposent. » On leur saura donc gré de les relayer, plutôt que de gloser autour de la liberté de parole de la Première Dame.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Bon, alors en fait :
- Hollande, après les législatives, a donné tout son soutien à Royal : elle bat de 3 point Falorni sur La Rochelle. Le but était de montrer que le PS était soudé derrière une seule et même personne.
- Mais voilà, Falorni, il connait bien cette ville puisqu'il y est depuis longtemps. Il fait également parti des soutiens indéfectibles d'Hollande, au moment où personne ne croyait en lui.
- Trierweiler connait donc assez bien le gars qui a toujours soutenu son ami, et entretient avec Falorni de bonnes relations.
-Royal et Falorni ont TOUJOURS été en guerre. Hollande soutenant Royal, Trierweiler a estimé intéressant de soutenir celui qui a toujours soutenu son homme, plutôt que l'ex-femme de son compagnon.
Publiquement sur Tweeter.
L'erreur, c'est d'avoir soutenu Falorni contre l'avis d'Hollande, donc du président, sur un site communautaire. Du coup, ce tweet passe plus pour une démonstration de jalousie intense vis-à-vis de l'ex femme d'Hollande, plutôt que pour un soutien. Celui qui a basé toute sa campagne sur "Sarkozy, c'est pourri. Moi, c'est mieux" se voit contraint de vivre ce qu'il dénigrait de Sarkozy : le mélange vie privée-vie publique.
Bonjour Potins, Au revoir Intégrité.
En plus, l'intervention de Trierweiler a fait basculé les sondages sur La Rochelle : Falorni est porté gagnant au 2nd tour, contre Royal.
De la part d'une femme qui exige de garder son poste de journaliste et qui assure qu'être femme de président n'empêchera pas son objectivité...C'est très très moyen. C'est très bien d'avoir un avis, d'être indépendante d'esprit étouétou, mais qd Mr est Président, on veille à ne pas détruire sa crédibilité un minimum...
Voilà voilà ^^