L’Arctique, c’est une zone presque entièrement constituée de glace située autour du Pôle Nord dont les fluctuations régulent une bonne partie de notre climat. Elle est particulièrement vulnérable au réchauffement climatique puisqu’il y est deux fois plus rapide qu’ailleurs : en trente ans, la banquise a perdu 30% de sa surface et on estime que l’équivalent de deux fois le territoire française disparaît tous les ans. De nombreuses espèces, dont les ours polaires, sont menacées de disparition par la fonte des glaces et près de 400 000 personnes vivant dans cette zone sont confrontées à l’impossibilité de maintenir leur mode de vie traditionnel et doivent envisager de s’établir dans une autre région avec la faible protection découlant du statut de réfugiés écologiques.
L’Arctique contient 10% des réserves d’eau douce mondiales. La surface occupée par la banquise varie selon les mois, atteignant son étendue maximale aux alentours de mars et minimale aux alentours de septembre. La fonte des neiges estivale est de plus en plus importante et les experts pensent que d’ici 2030, le Pôle Nord sera entièrement libéré de la glace, ce qui ouvre d’importantes perspectives économiques pour les États comme pour les entreprises.
Un enjeu étatique
Alors que l’Antarctique est depuis longtemps l’objet des convoitises des États, l’intérêt étatique pour l’Arctique est récent. Comme au temps de la découverte par l’Occident de l’Amérique, les États riverains à la région se livrent à une véritable course à la souveraineté en utilisant à la fois des moyens technologiques (les Russes sont parvenus à planter un drapeau à 4200 mètres de profondeurs, un exploit) et juridiques (en essayant de faire admettre par une Commission internationale que les plateaux continentaux sur lesquels se trouvent leurs pays, même s’ils sont profondément immergés, font partie de leur territoire). L’enjeu est important, puisque l’État est la puissance suprême sur son territoire : il décide des lois qui s’y appliquent et des personnes et entreprises qui s’y trouvent.
Le Pôle Sud a pu bénéficier de la volonté internationale d’en faire une zone sans souveraineté, interdisant de plus la militarisation de la zone et les exploitations minérales (à l’exception des exploitations scientifiques), ce qui n’est pas le cas de l’Arctique. Un forum intergouvernemental a été mis en place en 1996 pour tenter d’administrer la région et rassemble le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Russie, les États-Unis et la Suède.
La Chine, qui a profité de la crise économique pour se rapprocher de l’Islande et du Danemark, a également signifié son intérêt pour la région. L’Union Européenne quant à elle a établi une stratégie avec pour mots d’ordre « la connaissance, la responsabilité et l’engagement ». Elle a investi 20 millions d’euros en 10 ans pour la recherche scientifique dans la région et 1,4 milliards d’euros depuis 2007 pour le développement durable.
Un enjeu énergétique
L’Arctique est particulièrement riche en énergies fossiles
. On estime que 13% des réserves mondiales non découvertes de pétrole s’y trouvent, ce qui équivaut à 3 ans de consommation mondiale et à 90 milliards de barils. La région abrite également 33% des réserves de gaz naturel mondiales et 22% des hydrocarbures qui se trouvent sur la planète, et les terres rares (des métaux particulièrement stratégiques) semblent y foisonner.
Le Canada et la Russie ont d’ores et déjà émis des licences d’exploitation pour des entreprises pétrolière, mais l’extraction de ces minéraux n’est pourtant pas aisée. Les plateformes, fort éloignées des côtes, posent des problèmes de sécurité : l’évacuation en cas de problème sera difficile et les icebergs, de plus en plus nombreux à cause du réchauffement climatique, peuvent venir heurter les infrastructures. Le personnel employé doit être expérimenté, équipé pour pouvoir travailler dans des conditions climatiques difficiles et formé à l’utilisation de la coûteuse technologie de pointe nécessaire à l’exploitation de mines profondément immergées. Pour que l’extraction soit rentable, les barils devront donc être vendus à un minimum de 80 dollars (contre une vingtaine de dollars pour les puits du Moyen Orient).
Un enjeu stratégique
Il est fort probable que plusieurs des sous-marins nucléaires russes et américains soient présents dans les eaux de l’Arctique, et la Norvège a affirmé qu’elle faisait de la région sa priorité militaire. Le Canada dépense des milliards de dollars tous les ans pour permettre à ses avions, ses navires et son armée de parcourir sa portion de territoire en Arctique. La zone est stratégique puisque les plus grandes villes d’Amérique du Nord et d’Europe peuvent être rapidement atteintes depuis le Pôle Nord.
Un enjeu économique
Outre les ressources naturelles dont nous avons déjà parlé, l’Arctique dispose de plusieurs attraits économiques.
La navigation est facilitée par la fonte des glaces. Puisque le volume de la banquise se réduit et que le nombre de jours libres de glace augmente, les navires ont de moins en moins besoin de l’assistance des brise-glace et sont de plus en plus nombreux à préférer ce raccourci aux voies maritimes les plus courantes. Cependant, malgré la réduction des distances, la navigation dans cette zone reste difficile et exige un équipage compétent et des navires coûteux.
À cause du réchauffement climatique, les poissons se réfugient dans les eaux fraîches de l’Arctique, faisant de la région une formidable opportunité pour les pêcheurs qui profitent de l’absence de quota et de zones de pêche pour mettre en place une pêche intensive contraire aux principes du développement durable.
Une telle activité maritime augmente les risques de marée noire, or la récupération du pétrole en Arctique serait particulièrement difficile et le pétrole dégagé se dégradera moins rapidement. Les conséquences écologiques des activités économiques peuvent donc se révéler catastrophiques.
L’Arctique est riche en pétrole et gaz et les appétits économiques s’orientent justement vers cette région si importante pour la régulation des températures mondiales, mais si vulnérable au changement climatique dû à l’utilisation intensive et inconsidérée d’énergies fossiles. Comment expliquer un tel paradoxe ? Comment encadrer efficacement les actions des États pour protéger cette zone alors même qu’ils sont, avec les entreprises multinationales, les responsables directs de la ruée vers la banquise ?
Si vous souhaitez en savoir plus ou agir pour la protection de l’Arctique, vous pouvez vous rendre sur Save The Arctic.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Un vrai concours de b*** en Arctique,c'est ridicule et honteux.