La plage, les coups de soleil, les palmiers, les twitpics et les destinations de rêve, ça va bien cinq minutes : aujourd’hui, je souhaiterai penser à ceux qui ne sont malheureusement pas assez loin de chez eux puisque, n’est-ce pas, tout le monde n’a pas la chance de pouvoir partir en vacances puisque la crise et l’addiction aux sushis sont passées par là et ont liquidé ton compte courant.
J’aimerais donc, pour te consoler, toi la pestiférée qui a dépensé ton smic en Kriek, mettre le doigt sur l‘un des avantages non négligeables au fait de ne pas partir en vacances : la désertification de ton quotidien. Car oui, pendant que tes amis plus économes s’entassent sur des plages, le corps enduit de graisse-à-traire à boire des bières chaudes et éventées, tu peux profiter de l’espace temporairement disponible dans certains endroits d’habitude bondés.
Pour qu’à l’image de l’enfant, toi aussi tu t’émerveilles et t’amuses d’un rien.
Mais calme-toi mon petit, tu as juste de la peinture plein les mains et laisse-moi te dire que si tu t'en tartines le t-shirt blanc tu vas finir dans la cave*.
Les magasins
Imagine, ne pas attendre en caisse. Imagine, ne pas virer agoraphobe alors que tu fais tes courses un samedi après-midi. Imagine, la plénitude de ne pas avoir à zigzaguer pour accéder au rayon rillettes.
Pendant deux mois, ton hypermarché préféré le plus près de chez toi est tout à toi, rien qu’à toi. Il t’appartient tellement que tu pourrais y organiser un concours de GRS avec les hôtes et hôtesses de caisse, à la bien.
Idem dans les magasins qui t’abritent pendant tes sessions shopping : alors que tu es habituée à ressortir les mains vides et le coeur gros, la sueur dégoulinant le long de tes joues rosies par l’angoisse tant la meute est cruelle quand elle se trouve en milieu consumériste, tu découvres entre mi-juillet le 31 août le plaisir de pouvoir évoluer dans un magasin débarrassé de bon nombre de ses clients.
La CAF, la sécurité sociale, La Poste et tout le bouzin
Tous ces endroits où nous devons attendre des heures – pour enfin retirer un dossier, aller quémander un remboursement qui ne vient pas ou venir chercher une lettre en recommandé sur laquelle on fantasme déjà alors qu’en fait, c’est notre chéquier dont on ne se sert jamais – deviennent quand l’été est venu aussi clairsemés que la chevelure de Fab.
Plus besoin d’attendre des heures. Finis les vieux messieurs et les vieilles dames qui te resquillent sous prétexte qu’ils ne tiennent pas sur leurs jambes, qu’ils ont des varices et qu’ils ont fait la guerre. Finis les pieds qui gonflent dans la file, l’attente qui n’en finit plus, les pieds qui gonflent dans la file, l’ennui qui pointe et les pieds qui gonflent aussi, un peu. En été, à toi les attentes de moins d’une heure trente-sept. À toi le bonheur de sortir de l’établissement avant même de sentir poindre un quelconque agacement.
Sauf quand tu réalises que ta CAF est fermée pour une petite pause estivale bien méritée, mais là n’est pas le propos.
Les transports en commun
As-tu déjà ne serait-ce qu’envisagé cinq secondes de pouvoir t’asseoir dans le métro alors que tu ne montes pas à la station de départ ? Probablement pas.
Pourtant, pendant deux mois, il est possible de trouver facilement une place assise, voire même de s’offrir le luxe d’étendre ses jambes de 3m20 (bon, pour ma part, c’est plus facile : ayant des jambes d’à peine 50cm, je peux les caser facile dans un sachet de thé) tant il y a de l’espace grâce à l’absence des étudiants, des lycéens, des collégiens et des employés de bureau partis se dorer la fesse sur les plages du Grau du Roi.
Encore une qui sait pas apprécier la solitude et la tranquillité.
Note : cette désertification ne concerne malheureusement pas les villes qui accueillent des touristes en masse, lesquels aiment à s’entasser dans le métro et le RER sans tenir les barres, bousculant tout le monde en criant « youhouuu sin los brassos/ouizaöte zi arms/au noeuds di armeuh » à chaque à coup, pensant probablement pouvoir jouir d’une attraction à sensations fortes pour le tarif exceptionnel de 1,70$.
La rue
L’hiver, les trottoirs sont bondés et ne sont pas optimisés pour permettre à deux individus équipés d’un parapluie ouvert de se croiser. En ce sens, sortir par temps de pluie, c’est mettre toutes les chances de ton côté pour te faire crever un oeil. Ceci dit, je ne me permettrais pas de juger car j’imagine aisément que vouloir se faire empaler le globe est au final un fantasme comme un autre.
En été, en revanche, il y a tellement de place sur les trottoirs que tu pourrais te mettre à danser avec assurance. Dans un monde idyllique, il se pourrait même que des individus qui viennent de rentrer de vacances te rejoignent, déjà au fait de ta chorégraphie alors que tu ne les as jamais croisés de ta vie.
https://www.youtube.com/watch?v=4mkXiFdI9UE
J’espère avoir achevé de te persuader que les vacances, vraiment, c’est surfait. Si tu es convaincue par mon argumentaire, pense bien à faire passer le message à ton entourage de renoncer à partir prendre du repos sur les plages de France et d’ailleurs. Histoire que j’aie de la place sur la plage l’année prochaine.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
T'habites pas à paris toi, et ça se voit.