L’Allocation Adultes Handicapés, ou AAH, est une prestation sociale versée aux personnes handicapées en France pour compenser l’inaccessibilité du monde du travail.
D’un montant maximal de 902,70€, son calcul prend aujourd’hui en compte les revenus du ou de la partenaire de l’allocataire : si une personne handicapée vit avec une personne qui travaille, elle verra son AAH diminuer, voire disparaître.
Face à ce calcul qui place les allocataires dans une situation de dépendance économique vis-à-vis de leurs partenaires, une mobilisation en faveur d’une loi amenant à individualiser le calcul de l’AAH dure depuis plusieurs mois.
Cela commence à avoir un goût de déjà-vu : une fois encore, la déconjugalisation de l’Allocation Adulte Handicapé a été rejetée par l’Assemblée nationale ce jeudi 2 décembre.
Après un vote bloqué par le gouvernement en juin dernier, un rejet par les députés en octobre, c’est un nouvel affront pour les personnes mobilisées depuis des mois, exigeant la fin de cette injustice sociale.
Contre la majorité LREM, la déconjugalisation de l’AAH unit la gauche et la droite
C’est aussi tout un symbole en ce 3 décembre, journée mondiale des personnes handicapées. La mesure a été une nouvelle fois retoquée malgré un consensus de la gauche à la droite de l’hémicycle en faveur de l’individualisation de l’AAH.
Stéphane Peu, député PCF et rapporteur du texte n’a pas manqué de rappeler l’injustice de l’actuel calcul de l’AAH et ses conséquences :
« Les personnes handicapées sont dès lors soumises à un choix sinistre : renoncer à son indépendance financière ou renoncer à vivre en couple. C’est ce qu’ils appellent le prix de l’amour, un prix inacceptable.
Non, il n’est pas acceptable de maintenir en vigueur des règles de calcul contraires à la autonomie et à la dignité des personnes. »
Avec seulement 51 votants et votantes, le rejet a été voté dans une Assemblée nationale bien vide, comme n’a pas manqué de le souligner avec amertume Florence Thune, directrice du Sidaction — et mobilisée sur cet enjeu, puisque la question de l’AAH touche aussi les personnes qui vivent avec le VIH :
C’est donc la mise en place d’un abattement forfaitaire de 5 000 euros sur le revenu du conjoint qui a été choisi.
« La proposition de loi, vidée de sa mesure phare, peut retourner pour une troisième lecture devant le Sénat à majorité de droite », rappelle France Info. En octobre dernier les sénateurs et sénatrices avaient largement adopté le texte portant la déconjugalisation de l’AAH.
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Crédit photo : Nayeli Dalton via Unsplash
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