Une interdiction quasi totale du droit à l’avortement. C’est ce que le Sénat de l’État de l’Oklahoma a voté ce mardi 5 avril avec 70 voix pour et 14 contre.
Avec la loi 612, l’IVG ne sera alors autorisée que dans le cas d’une urgence médicale pour sauver la vie d’une femme enceinte. Pratiquer un avortement en dehors de ces circonstances constituera un crime passible de 10 ans de prison et une amende de 100 000 dollars. C’est donc bien les médecins qui sont les premiers visés par cette mesure extrêmement sévère.
Une manifestation féministe s’est tenue devant le Capitole à Oklahoma City pour dénoncer cette nouvelle atteinte aux droits des femmes à disposer de leur corps.
Cela vous rappelle quelque chose, n’est-ce pas ? Il n’y a pas si longtemps, c’est le Texas, État voisin de l’Oklahoma, qui a adopté une loi tout à fait similaire en septembre 2021, interdisant les avortements après six semaines de grossesse.
« Si la loi S.B. 612 devient effective, elle aura un effet dévastateur à la fois auprès des habitantes de l’Oklahoma et des Texanes qui continuent d’être prises en charge en Oklahoma », s’inquiète une coalition d’organisations pro-choix qui constatent déjà que près de la moitié des patientes en Oklahoma viennent du Texas.
La garantie des droits sexuels et reproductifs en sursis aux États-Unis ?
D’ailleurs, les conservateurs de l’État de l’Oklahoma n’en sont pas à leur coup d’essai en la matière : en 2016, la gouverneure républicaine Mary Fallin avait finalement mis son veto à une loi interdisant l’IVG. En sera-t-il de même avec le gouverneur actuel, l’anti-IVG notoire Kevin Stitt ?
Un tweet posté en septembre dernier nous met déjà sur la voie… :
« Je promets à tous les habitants d’Oklahoma que je signerai chaque texte législatif pro-vie- qui atterrira sur mon bureau. C’est un honneur d’être le gouverneur le plus pro-vie dans ce pays et je me mobiliserai toujours pour protéger les vies des enfants à naître. »
Ce n’est donc plus qu’une question de temps avant que la loi 612 soit effectivement signée. Et alors que l’on assiste à une montée en puissance des restrictions drastiques de l’accès à l’IVG un peu partout aux États-Unis, comme dans l’Idaho ou dans l’Arizona en mars, il faut aussi craindre le pire : une remise en question pure et simple de Roe vs Wade, l’arrêt de la Cour suprême de 1973 qui garantit le droit à l’avortement.
La Cour suprême est actuellement en train d’examiner la constitutionnalité d’une loi du Mississippi adoptée en 2018, qui interdit l’IVG après quinze semaines de grossesse. Une menace réelle plane donc aux États-Unis.
Il faut agir sans tarder estime le professeur de droit David S. Cohen dans une tribune du New York Times :
« Les législateurs qui soutiennent les droits sexuels et reproductifs et la justice doivent prendre des mesures pour assurer que l’accès à l’avortement ne dépend pas de son code postal ou de son statut financier, et que ceux qui pratiquent l’avortement soient protégés. Sans ces actions concertées de leur part, la réalité post-Roe sera beaucoup plus grave que ça ne pourrait l’être. »
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Crédit photo : Koco 5 News (Capture Youtube)
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