Quand le discours ambiant conspue l’IVG, les lois n’ont pas plus de valeur que des paroles en l’air. C’est ce que montre la situation en Turquie, dévoilée par un reportage publié par RFI, le 29 octobre dernier. Dans ce pays à cheval entre l’Europe et l’Asie, le droit à l’avortement jusqu’à 10 semaines de grossesse est garanti par la loi depuis 1983. Pourtant, depuis les dix dernières années, il est devenu presque impossible pour les femmes de se faire avorter gratuitement. Les chiffres donnés dans ce reportage sont affolants. En 2020, 54% des hôpitaux publics refusaient d’interrompre les grossesses non désirées. Même à Istanbul, une ville de 16 millions d’habitants, un seul hôpital public acceptait de pratiquer les IVG. En Turquie, les médecins qui refusent un avortement ne risquent aucune sanction. Mais c’est vraisemblablement la ligne du gouvernement qui les influence le plus.
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Erdogan et la limitation de l’IVG à 6 semaines de grossesse
Selon RFI, une « interdiction informelle » s’est peu à peu mise en place dans les hôpitaux publics peu après un discours de Recep Tayyip Erdoğan en mai 2012. Le président, à l’époque encore Premier ministre, avait annoncé que le gouvernement préparait une loi sur l’avortement. L’idée était alors d’avancer la durée légale de l’IVG à 6 semaines. Autant dire rien du tout, car bien souvent, à ce moment-là de la grossesse, les femmes ne savent même pas qu’elles sont enceintes. Le chef du gouvernement avait ensuite donné sa vision de l’avortement en déclarant : « certains nous disent : ‘une femme peut avorter si elle le veut, c’est son droit’. Non, c’est un meurtre ! ». Face aux mobilisations des femmes turques, le gouvernement s’était finalement ravisé. Mais trop tard, les mots d’Erdogan avaient semble-t-il déjà fait leur effet.
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Visuel de Une : Unsplash / ManyBecerra
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