C’est une décision qui choque de nombreux acteurs du monde de l’édition. L’ouvrage Bien Trop Petit de Manu Causse, publié en 2022, est depuis lundi 17 juillet « interdit aux mineurs », selon un arrêté signé par Gérald Darmanin.
Ce livre à destination des adolescents, revient sur l’histoire de Grégoire, lycéen solitaire qui, à travers l’écriture de deux personnages imaginaires, explore les questions de corps et de désir sexuel. Mais selon le ministère de l’Intérieur, ce livre comporte la « description complaisante de nombreuses scènes de sexe très explicites« , peut-on lire dans l’arrêté relayé par Actualitté.
Selon le ministère de l’Intérieur, des scènes à contenu « pornographique »
Pour justifier cette décision, le ministère a listé plusieurs pages qui, selon lui, relèverait d’un contenu pornographique. Il se base alors sur la loi du 16 juillet 1949 relative aux publications destinées à la jeunesse, estime qu’un ouvrage à destination de la jeunesse ne peut « comporter aucun contenu à caractère pornographique ».
Pourtant, comme l’a remarqué le journaliste Guillaume Champeau, fondateur de Numerama, « aucun des commentaires sur Babelio ne pointe un caractère pornographique choquant pour la cible, mais le ministère de l’Intérieur liste des pages trop explicites à ses yeux ».
Pour sa défense, l’éditeur Thierry Magnier a diffusé un communiqué où il promet de faire « le nécessaire pour que ce livre continue à exister, plus que jamais convaincus de l’importance de la littérature dans les combats qui restent à mener ».
À l’heure où la consommation d’images pornographiques violentes et sexistes explose chez les plus jeunes, à l’heure où l’éducation à la sexualité peine à exister, il nous semblait au contraire essentiel d’oser proposer à nos lecteurs et lectrices, grands ados et jeunes adultes, des œuvres littéraires traitant avec soin et conviction de ces sujets cruciaux.
Thierry Magnier, éditeur
L’ensemble de la profession, elle, dénonce, elle aussi, une censure, mais également une interprétation fallacieuse de la part de certains adultes. Puisqu’ici, une œuvre de fiction est interprétée comme véhiculant de la pornographie à destination des adolescents. Une dérive que pointe Actualitté dans un article qui revient sur la représentation de la sexualité dans la littérature jeunesse.
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Les Commentaires
Oui les ados devraient avoir accès à des contenus pornographiques si iels le désirent, maintenant faut voir ce qui y a d'accessible et si c'est pour les gaver de stéréotypes misogynes, de relations abusives, de fantasmes de viol (alors que putain on a déjà du mal à placer une séance sur le consentement dans le programme scolaire) merci mais non merci.