Mise à jour du 26 juillet 2021
Depuis une semaine, les réactions pleuvent suite à l’amende reçue par les joueuses de l’équipe de beach handball norvégienne pour avoir osé jouer dans une tenue plus confortable que celle imposée par la fédération européenne.
150€ par tête, soit 1.500€ en tout, c’est donc la somme dont devra s’acquitter l’équipe pour avoir joué un match contre la Bulgarie en cyclistes et non avec les minuscules slips habituels.
En France, Valérie Nicolas, la sélectionneuse de l’équipe de France féminine de Beach Handball, a confirmé l’« inconfort » des athlètes obligées de jouer dans cette tenue sexualisante : « Elles ont l’impression d’être nues en public et scrutées par tout le monde. »
Un autre soutien nous a fait chaud au cœur : celui de la chanteuse P!nk qui, toujours prompte à l’ouvrir pour dénoncer le sexisme, n’a pas manqué cette occasion, allant même jusqu’à proposer de payer l’amende à la place des joueuses :
« Je suis TRÈS fière de l’équipe norvégienne de beach handball qui proteste contre les règles très sexistes de leur “tenue”. La fédération européenne de handball DEVRAIT EN AVOIR UNE POUR SEXISME. Bien joué, mesdames. Je serai heureuse de payer vos amendes. Continuez comme ça. »
En attendant un vrai changement du règlement pour les équipes féminines de beach handball, c’est le genre de geste que l’on saura toujours apprécier…
Article publié le 19 juillet 2021 —
Que ce soit à l’armée ou dans des équipes sportives, les uniformes féminins n’en finissent pas d’être sexistes. Et dans cette catégorie, les sports de plage sont réputés pour leur double standard entre les genres : les hommes sont en shorts larges, quand les femmes jouent en brassière et culotte de bain — taille basse et échancrée, car le tissu ne gêne visiblement que les femmes dans leur pratique sportive.
Des hommes en shorts longs et des femmes en bas de bikini
C’est à cela que ressemblent les tenues de beach handball, pratiqué à haut niveau en Norvège. Médaillée d’argent aux championnats du monde de 2018 et médaillée d’or aux championnats d’Europe de 2017, l’équipe norvégienne féminine se débrouille avec brio sur les terrains de sable.
Mais aux championnats d’Europe, qui se sont terminés la semaine dernière, c’est pour une autre raison que les Norvégiennes ont fait parler d’elles : les joueuses ont décidé de refuser les tenues imposées par la Fédération Internationale de Handball.
D’après un article de Foxnews, le règlement impose en effet aux femmes de porter « un bikini dont le haut serait une brassière de sport moulante, avec des ouvertures profondes pour les bras, et dont le bas ne doit pas faire plus de dix centimètres sur les côtés ».
Mises côte à côte, les équipes féminines et masculines en tenues de sport ressemblent donc à ceci :
For anyone curious, this is a group shot of both beach handball teams from Norway. pic.twitter.com/sJdnlsojzB
— Ina Aletheia (@inaaletheia) July 18, 2021
Des différences de couverture extrêmement marquées, et ancrées dans la manière dont le male gaze objectifie les corps féminins, qui ne peuvent pas être perçus sans être sexualisés — y compris en pleine compétition sportive internationale.
Le refus de tenues sexistes et peu pratiques
Les joueuses de l’équipe nationale, soutenues par l’Association de Handball Norvégienne ont donc décidé de se présenter à la compétition officielle vêtues différemment, remplaçant les culottes courtes par des cyclistes plus couvrants montrés ci-dessous :
The Norwegian beach volleyball girls wanted to play in these shorts instead of in bikini bottoms which they found too revealing but were threatened by the EC tournament organizer with fines if they wore anything covering more than 10cm of their butts pic.twitter.com/LHSxXz91CM
— Tradia (@amalieskram) July 15, 2021
Le thread Twitter, qui fait erreur en faisant référence à l’équipe Norvégienne de Beach Volley au lieu de l’équipe de Beach Handball, cite les raisons pour lesquelles ces tenues officielles gênent : inconfortables, particulièrement en période de règles, elles obligent les joueuses à se sentir inutilement sexualisées.
Interrogée par Foxnews sur ce point, la manageuse de l’équipe de France de Beach Handball Valérie Nicolas soutenait la Norvège, expliquant qu’en France, l’équipe avait perdu des joueuses à cause de cette tenue.
« Les joueuses me disent qu’elles ne se sentent pas à l’aise, qu’elles se sentent nues et observées. »
Des joueuses forcées de revêtir des bikinis malgré tout
Bien qu’elles aient prévu de jouer les championnats d’Europe en cyclistes, les Norvégiennes ont finalement été forcées de jouer dans les bas de bikinis qu’elles refusaient.
En effet, le port de tenues non réglementaires étant puni d’une amende, l’équipe avait initialement prévu de s’acquitter des 50 euros par personne et par match de pénalités.
Mais lors d’une interview toujours relayée par Foxnews, la joueuse norvégienne Katinka Haltvik a expliqué que l’équipe avait été menacée d’autres sanctions :
« Juste avant le match, on nous a dit que nous serions disqualifiées si nous jouions comme ça. Nous avons donc dû porter les bas de bikini. »
Cette menace a été réfutée par la Fédération Européenne de Handball, qui a depuis affirmé que la « disqualification n’avait jamais été une option ».
Un évènement révélateur de la manière dont il est toujours difficile pour les sportives, en 2021, d’être libre de la manière dont elles se vêtissent : trop couvertes ou pas assez, il semblerait que le seul critère qui compte ne soit pas la praticité, mais plutôt celui du regard du spectateur… masculin.
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