Aujourd’hui, c’est une Rockie de 31 ans qui nous raconte pourquoi elle a longtemps fait passer les besoins et envies de ses partenaires avant les siens. Et comment elle a décidé d’arrêter.
Le sexe a toujours tenu une place très importante dans ma vie. J’ai découvert le plaisir de la masturbation vers 4-5 ans, et je l’ai beaucoup pratiquée pendant mon adolescence. J’ai l’impression d’avoir toujours su me donner du plaisir, même avant de comprendre réellement ce que je faisais.
Pourtant, j’ai commencé plus tard que la moyenne à avoir des rapports sexuels : entre mes dix-huit et dix-neuf ans, avec le premier venu, sans amour, sans réelle envie ni réel plaisir, pour que « ce soit fait ». J’attendais ce moment depuis plusieurs années, persuadée que j’allais en retirer un plaisir incroyable, et j’étais surtout incroyablement déçue. J’ai eu très mal et je n’ai ressenti aucun plaisir. Et il n’y avait pas non plus de sentiments ni de tendresse pour le garçon en question, lequel devait se dépêcher de finir car sa mère allait rentrer.
Des aventures ont suivi, toutes décevantes elles aussi, mais je voulais me persuader que c’était bien, que je m’amusais et étais très à l’aise avec ma sexualité, ce qui était totalement faux.
À dix-neuf ans, j’ai entamé ma première relation sérieuse, avec un garçon plus expérimenté et, heureusement pour moi, plutôt patient et pédagogue sur ce sujet. Il prend le temps de me laisser appréhender des pratiques comme la fellation, et nous explorons ensemble des territoires de plus en plus transgressifs.
Je découvre petit à petit le plaisir, celui que l’on me donne et celui que j’éprouve à en donner, mais mon partenaire est beaucoup plus en demande que moi. J’ai l’impression de tout donner, tout le temps, pour le satisfaire et répondre à ses besoins, et cela m’épuise.
J’ai complètement oublié mes envies et mon propre plaisir
Après notre rupture, je vais rester célibataire de mes vingt-et-un ans à mes vingt-six ans, et connaître un nombre considérables d’expériences. Des « plan-culs » qui durent plusieurs mois, des coups d’un soir, des salauds, des gentils, des qui trompent leur copine, des très beaux et des très moches, des sur qui je fantasme depuis plusieurs mois, des que je ramène uniquement pour ne pas rentrer seule, des qui vont me faire des compliments incroyables et des qui vont m’insulter. Une fille, pendant un temps. Des plans à trois, à deux reprises, expériences étranges et euphorisantes.
Je me targue de tout vivre, tout expérimenter, d’être le modèle parfait de la femme moderne, indépendante et libérée. Et tout au long de ces expériences, je ne pense qu’à une chose : pourvu que l’autre me trouve bien. Pourvu qu’il pense que je suis un bon coup, peut-être le meilleur de sa vie. Pourvu que je sois inoubliable et pourvu qu’il veuille me revoir. Mais mon propre plaisir et mes envies à moi, je crois que je les ai complètement oubliés.
À vingt-six-ans, je tombe enceinte d’un de ces fameux plan-culs, un gentil garçon que je vois depuis plusieurs mois. Étrangement, c’est peut-être un des seuls, durant ces années, avec qui j’ai su réellement m’écouter et écouter mon corps, avec qui j’ai su être attentive à mon propre plaisir.
Je n’en peux plus de vouloir jouer les femmes ultra-libérées
Je décide d’avorter rapidement, mais tandis que je subis nausées et fatigue, toute seule dans mon appartement, je me prends la vérité en pleine face : je ne suis pas une héroïne. Je n’en peux plus de vouloir jouer les femmes ultra-libérées et de coucher sans amour. Je veux une vie « normale », un couple « normal ».
Ironie du sort ou réel déclic, je me mets en couple avec un pote célibataire la semaine qui suit mon avortement. J’ai alors vingt-six ans et j’ai l’impression d’avoir vécu et expérimenté suffisamment de choses pour me considérer comme parfaitement à l’aise avec mon corps et ma sexualité.
Or, il s’avère que mon nouveau copain et moi ne sommes pas du tout sur la même longueur d’onde : nos relations sont plates, nous n’aimons pas les mêmes choses et prenons, au final, peu de plaisir. Il y a de bons moments de jouissance tout de même, parfois, mais le sexe avec lui reste un sujet bizarre, tabou, qui génère un malaise et dont nous n’arrivons pas à parler. Mais je tiens tellement à ce que cette histoire marche que je me persuade que nous avons une sexualité tout à fait satisfaisante.
J’ai l’impression de découvrir enfin ce qu’est le plaisir
À l’aube de mes vingt-huit ans, cette relation prend fin, ce couple soi-disant normal, qui devait faire de moi une femme normale. Je reprends assez vite les plans culs et histoires sans lendemain, mais cette fois, je me le jure : ce sera pour mon propre plaisir, et uniquement quand j’en aurai envie, avec des hommes qui me plairont, et non plus pour combattre une trop forte sensation de solitude.
De fait, durant l’année qui suit, je connais plusieurs amants absolument incroyables. Certains me brisent le cœur, mais je ne regrette absolument aucune de ces relations, aussi courtes et éphémères puissent-elles être. J’ai l’impression de découvrir enfin ce qu’est le plaisir, mon plaisir à moi. J’ai l’impression de me respecter, enfin, et de vivre ma vie sexuelle comme moi, je l’entends, et non plus pour me rassurer.
Je viens d’avoir vingt-neuf ans et je commence à me demander si j’ai réellement besoin d’un homme dans ma vie, quand un collègue me propose d’aller boire un verre, un soir.
Je me rends rapidement compte qu’il se passe quelque chose de spécial avec lui, quelque chose de rare et de beau, mais un problème demeure : nous n’arrivons pas à faire l’amour. Il ne bande pas, ou pas vraiment assez, je suis effondrée et il est mortifié. La situation va durer un mois, un mois où je vais me poser trente-six questions.
J’ai trouvé un partenaire avec qui je peux être complètement moi-même
Comment moi, la spécialiste de l’amour à la sauvette et du sexe impromptu puis-je seulement envisager une relation avec un homme avec qui je ne couche pas ?! Pourtant, je reste et je sens que j’ai raison. Car au bout d’un mois, nous parvenons à faire l’amour, de plus en plus souvent, de façon de plus en plus intense.
Je découvre ce que peut être le sexe en pleine confiance, décomplexé, en étant pleinement soi-même. Et, miracle, nous aimons les mêmes choses !
Aujourd’hui, je vais avoir 31 ans, cela fait un an et demi que je suis en couple avec ce garçon. Et notre vie sexuelle, qui avait si mal commencé, s’avère de plus en plus intense et explosive.
Notre couple est loin d’être parfait, mais je considère que j’ai enfin trouvé un partenaire avec qui je pouvais être complètement moi-même, dans le vie comme au lit. Et je constate enfin à quel point cela fait la différence.
Je ne sais pas si cette relation durera toute la vie, mais je me le jure : en matière de sexe, je ne me mentirai plus jamais. Je ne me satisferai plus jamais par défaut d’un partenaire avec qui l’alchimie n’est pas réellement au rendez-vous. Le vrai plaisir existe et il serait dommage d’y renoncer.
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