Cela fait plusieurs années qu’elle est observée comme le futur de l’extrême droite italienne. Elle, c’est Giorgia Meloni, et si tous les regards se tournent vers elle en Europe, c’est parce qu’elle et son parti Fratelli d’Italia pourraient remporter les élections législatives provoquées par la démission de Mario Draghi en juillet dernier. Elles auront lieu ce dimanche 25 septembre pour élire 600 parlementaires, répartis entre le Sénat et la Chambre des députés.
Favorite dans les sondages, elle conduit la coalition de centre-droit, qui a agrégé la Ligue du Nord de Matteo Salvini et Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, et pourrait devenir présidente du conseil. Ensemble, ils pourraient cumuler ce dimanche presque la moitié des suffrages, entre 46 et 48%.
Qui est Giorgia Meloni ?
Ses débuts au sein du Mouvement social italien, parti post-fasciste, avaient été captés par la télévision française en 1996. On y voit Giorgia Meloni âgée de 19 ans, affirmer sans ciller (et en français) son admiration pour un certain Mussolini. En 2014, elle devient la présidente de Fratelli d’Italia, après avoir quitté le parti de Silvio Berlusconi.
À 45 ans, cette journaliste de profession pourrait donc devenir la toute première femme à diriger le pays.
Une politique nataliste au cœur du projet de Giorgia Meloni
Elle aura beau affirmer ne pas vouloir revenir sur le droit à l’avortement, Giorgia Meloni reste une farouche défenseuse de la maternité et de la famille traditionnelle (entendez par là, composée d’un homme et d’une femme qui élèvent des enfants), comme toute bonne cheffe d’un parti conservateur.
Dans un pays où presque les trois-quarts des médecins se cachent derrière leur clause de conscience pour ne pas pratiquer d’avortement, c’est loin d’être anecdotique.
« Je n’ai jamais dit que je voulais toucher à la loi 194 [qui légalise l’avortement depuis 1978 et dont l’application laisse largement à désirer, ndlr], je n’ai jamais dit ça. Et je n’ai jamais dit que je voulais la changer, j’ai dit que je voulais l’appliquer : je veux y ajouter des droits, que les femmes qui se retrouvent dans la position d’avorter parce qu’elles n’ont pas d’alternatives, peut-être pour des raisons économiques, puissent avoir cette possibilité », a-t-elle insisté auprès de la Rai 3.
Dans Le Monde, plusieurs Italiennes engagées s’inquiètent des projets de Giorgia Meloni pour les femmes, à l’instar de Maria Claudia Vigliani, membre de l’association Turin, ville pour les femmes :
« Dans le programme de Meloni, la femme ne cherche pas la maternité par choix personnel mais pour la nation ou la patrie, pour la démographie. »
Plus encore qu’une opposition à l’avortement, Giorgia Meloni incarne cette droite dure et nationaliste qui veut renforcer la natalité et qui craint le déclin de la population face à une arrivée de personnes venues de l’étranger. Il faut que les femmes fassent des enfants et il en va de la survie du pays, clame en résumé Fratelli d’Italia : « La population italienne est en déclin. Je ne dis pas que les étrangers ne devraient pas avoir d’enfants mais nous devons créer les conditions pour que les Italiens se reproduisent », déclarait Carlo Ciccioli, un des leaders du parti.
De quoi rappeler les grandes heures de la politique nataliste qui était au cœur du projet fasciste mussolinien…
Pour la politologue espagnole spécialiste de l’extrême droite Laura Mendez, ses références perpétuelles à une Europe des patriotes ne sont rien d’autre que la vieille aspiration d’une Europe fasciste.
Le fémonationalisme de Giorgia Meloni
Utiliser les droits des femmes pour défendre un projet de société anti-migrants : c’est cette même stratégie qui est employée, lorsque Giorgia Meloni partage en août dernier sur ses réseaux sociaux la vidéo d’une femme agressée sexuellement dans une rue par un demandeur d’asile. Il ne s’agit pas là pour elle de vouloir lutter contre les violences sexistes et sexuelles, mais de les instrumentaliser à des fins politiques et servir une idéologie xénophobe. C’est ce qu’on appelle le fémonationalisme.
Rien d’étonnant donc à voir Giorgia Meloni affirmer son opposition pêle-mêle « au lobby LGBT », « à l’idéologie du genre », « à la culture de la mort », « à la violence de l’islamisme », « à l’immigration de masse », et « à la grande finance internationale », lorsqu’elle se rend en Espagne en juin dernier pour soutenir les conservateurs espagnols du parti Vox.
Quel impact cette arrivée à la tête d’un pays européen pourrait-elle avoir au niveau international ? Réponse à l’issue du scrutin qui doit se tenir ce dimanche 25 septembre…
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Crédit photo : Vox España, CC0, via Wikimedia Commons
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Les Commentaires
C'est un biais je pense, pourquoi on se pose cette question surtout ?
Faut-il encore rappeler que la moitié des gens qui votent pour MLP par exemple sont des femmes. On a toujours tendance à penser que les partis conservateurs ou d'extrême droite vont plus attirer les électeurs que les électrices... sauf que ce n'est plus le cas. Donc il est normal que des femmes soient parfois à la tête de ces partis.
Vous vous posez la question quand une femme est à la tête d'un parti de gauche ? Probablement pas. Donc le biais est bien réel. Adhérer aux idées de droite ou d'extrême droite n'est pas vraiment le monopole des hommes et ça se retrouve dans les urnes. Sans le vote des femmes de toute façon impossible de gagner une élection, donc à chaque fois qu'un parti de droite/ED arrive au pouvoir c'est forcement avec l'approbation des électrices.