« Nous serons l’un des premiers pays européens à instaurer un congé payé pour les victimes de violences domestiques. [La lutte contre les violences conjugales] est une priorité du gouvernement, et du parti écologiste. » C’est par ces mots que le ministre de l’Enfance, de l’Égalité, du Handicap, de l’Intégration et de la Jeunesse, Roderic O’Gorman, a annoncé la bonne nouvelle : à compter de cet automne, l’Irlande va se doter d’un congé rémunéré pour les salarié•e•s victimes de violences conjugales.
Les détails relatifs à la mise en pratique du dispositif (taux de rémunération, consignes pour les employeurs) seront partagés ultérieurement et sont en cours de finalisation par l’association caritative Women’s Aid.
Dégager du temps pour accéder à un soutien adapté
Comme le précise le média irlandais RTÉ ce nouveau congé pour violence domestique a été introduit dans le cadre de la loi sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (« Work Life Balance Act »), adoptée au début de l’année.
Le ministre de l’égalité, Roderic O’Gorman, s’est félicité de cette nouvelle mesure, dont l’objectif est de donner « à une victime de violence domestique la possibilité d’accéder à un soutien sans que cela n’ait d’incidence sur son emploi et ses revenus » en libérant du temps à celle-ci.
Tout•e employé•e pourra demander à bénéficier d’un congé pour violence domestique. Il faudra préciser le type de congé à son employeur, mais il ne sera pas nécessaire de fournir des preuves, a ajouté le ministre, qui souhaite ainsi rendre la démarche la plus simple possible. Si l’employeur venait à refuser le congé, l’employé peut s’adresser directement à la Commission des relations du travail.
« Reconnaissant qu’il s’agit d’une initiative nouvelle et innovante, nous allons la réexaminer après deux ans, afin d’en évaluer l’adoption et l’efficacité », conclut le ministre à nos confrères irlandais. Il n’est pas exclu que la durée du congé soit alors revue à la hausse.
Une mesure bientôt étendue à la France ?
À l’heure actuelle, très peu de pays disposent d’un congé prévu par la loi en cas de violences conjugales, à l’exception de quelques pays anglophones. Au Canada, les salariés ont le droit par exemple à un maximum de 10 jours de congé (dont 5 rémunérés) par année civile s’ils sont victimes (ou parent d’un enfant victime) de violences familiales. Les Philippines, en 2004, puis la Nouvelle-Zélande, en 2018, se sont également dotées d’un congé rémunéré spécifique de 10 jours pour les victimes de violences conjugales.
En France, la CGT, portée par Sophie Binet, réclame un dispositif similaire depuis 2019. En vain.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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Les Commentaires
La première raison systématiquement avancée par les personnalités politiques pour instaurer des jours de carence et/ou les augmenter, c'est "réduire l'absentéisme" et "responsabiliser" les salariés, pas tellement faire des économies directement. Alors évidemment, il y a toujours un commentaire sur les économies qui est glissé quelque part pour que ça fasse plus "rationnel", mais le but principal c'est bel et bien d'empêcher les salariés de s'absenter du travail et leur faire intégrer que s'absenter c'est mal.
Par exemple, dans cet article et celui-ci on voit une proposition de la Cour de Comptes de carrément interdire aux entreprises de rémunérer le premier jour de carence de leurs employés. Dans certains secteurs et entreprises, les entreprises prennent en charge les jours de carence que la Sécu ne rémunère pas. Donc ici, un organe public veut supprimer cette rémunération qui ne relève pourtant pas du tout de l'Etat mais est un choix du secteur d'activité et de l'entreprise, avec comme prétexte qu'il faut "responsabiliser" les salariés. Alors bien sûr, l'idée officielle parle de faire des économies mais on ne fait pas économiser des sous à la Sécu en supprimant quelque chose qui à la base n'était pas financé par la Sécu. Qu'est-ce que ça peut leur faire si certaines entreprises veulent rémunérer leurs salariés absents? Pourquoi rendre ça impossible si c'est autre chose qu'un choix politique visant à culpabiliser les salariés et à juger que chaque jour de non-productivité est un problème qui doit se résoudre en faisant pression sur les travailleurs? En plus, les arrêts de travail de moins de 8 jours représentent seulement 4% des dépenses totales des arrêts de travail (voir ici). Ce n'est clairement pas enlever des jours de rémunération qui va redresser radicalement les comptes de la Sécu!
Dans ces articles, on voit aussi que la Cour des Comptes recommande de sanctionner les médecins qui prescriraient "trop" d'arrêts de travail, à la fois financièrement et administrativement.
Bref, c'est clairement politique plus qu'économique, parce que si tu constates que les gens sont "trop souvent" absents et "prétextent" une maladie pour justifier cette absence, est-ce que le choix le plus logique c'est vraiment d'essayer de punir à la fois les gens qui disent "je suis malade" et les médecins qui disent "c'est vrai, il est malade" plutôt que se demander ce qu'on pourrait faire pour réduire ce problème de santé publique ou pour motiver positivement les salariés à retourner au travail?
Et effectivement, ce n'est pas forcément logique car les salariés sont alors tentés de venir malades ou alors de s'arrêter plus longtemps pour "rentabiliser" l'arrêt ou ne pas prendre de risque (car si tu t'arrêtes seulement 3 jours (non payé car délai de carence), reprends 2 jours et te rends compte que non ça va pas, tu dois t'arrêter à nouveau, le délai de carence reprend de zéro... c'est plus sûr de s'arrêter direct une semaine ou 10 jours, au moins le 4e jour d'absence est payé). Mais c'est un peu le principe des idéologies politiques, ce n'est pas toujours extrêmement logique et quand tu peux présenter des résultats immédiats (regardez l'absentéisme baisse puisque les gens viennent au boulot avec la grippe pour pas perdre des jours de rémunération, et en plus la Sécu n'a pas à rémunérer leur absence, c'est tout bénéf!), même s'ils auront des conséquences négatives à long terme (mince maintenant, on a 6 salariés avec la grippe et en plus la grand-mère de l'un d'eux est en soins palliatifs à cause de ça et coûte donc très cher à la Sécu), tu as tendance à vouloir généraliser la mesure qui permet ces résultats, notamment parce que les conséquences négatives à long terme sont bien plus complexes à mesurer que les résultats immédiats.