L’abolition du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) aux États-Unis doit avoir un goût amer en Irlande du Nord, où les luttes politiques et le manque de moyens financiers alloués rendent difficile l’accès à l’avortement. Pour preuve, en 2021, 161 femmes ont traversé la mer d’Irlande pour aller avorter en Angleterre ou au Pays de Galles, selon les chiffres du gouvernement britannique.
Une réalité toujours d’actualité pour les Irlandaises du Nord, malgré la décriminalisation de l’IVG depuis près de trois ans (42 ans après le reste du Royaume-Uni quand même !).
L’avortement est autorisé jusqu’à 10 semaines en Irlande du Nord
Mais l’accès à l’avortement se fait difficile pour plusieurs raisons en Irlande du Nord. Déjà, après 10 semaines de grossesse, plus aucune option pour avorter n’est possible : le pays ne possédant aucun service d’IVG chirurgicale.
Et pourtant, d’après Naomi Connor, co-organisatrice de la campagne Alliance for Choice, interrogé par l’AFP : « les avortements tardifs sont les plus complexes, donc ce sont les femmes qui devraient le moins bouger qui doivent se déplacer ». Elle pointe aussi le cas des femmes victimes de violences conjugales qui n’osent pas voyager pour avorter, « trop anxieuses que quelqu’un s’en rende compte ».
Toujours d’après l’AFP, les organisations de défense des droits humains déplorent aussi le manque d’information et de sensibilisation des femmes aux options qui leur sont proposées lorsqu’elles tombent enceintes.
Il faut dire qu’en Irlande du Nord, où un fort conservatisme religieux règne, l’avortement reste tabou, particulièrement dans les zones rurales. Ce droit d’accès à l’IVG avait notamment été adopté dans un climat tendu, via un référendum en 2018. Le temps passe mais les esprits ne s’y font pas.
Imposer des services de prises en charge de l’IVG ?
Et la pression n’est pas retombée au sein de l’Assemblée nord-irlandaise à Belfast. En effet, si la santé est une de leur prérogative actuelle, les unionistes (qui sont attachés à l’identité britannique) bloquent toutes les discussions, comme le rapporte RFI. Ces derniers protestent contre le statut post-Brexit spécial de la province, établi dans le cadre du projet de décentralisation du Royaume-Uni.
Face à ces querelles politiques et sans consensus de la part de l’Assemblée, le ministère nord-irlandais de la Santé se dit impuissant et incapable de mettre en place des services adéquats prenant en charge les IVG.
Reste à espérer que les choses bougent. Toujours selon RFI, les députés de la Chambre des communes à Londres ont accordé au ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, Brandon Lewis, les pouvoirs d’outrepasser les décisions de l’autorité locale. Et d’enfin, peut-être, lancer les services de santé nécessaires.
À lire aussi : 81% des Français sont favorables à l’inscription de l’IVG dans la constitution, même les électeurs d’extrême droite
Image en Une : Les murs de Belfast – © Rossographer – William Murphy X Madmoizelle
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Certes aujourd'hui c'est légal jusqu'à 10 semaines, mais c'est pas pour autant que les mentalités changent.
Faudrait pas confondre légalité et moralité.